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plus de terrain que les vendeurs ne pensaient en céder; et cet espace suffit pour construire une forteresse, qui, à ce que l'on croit, fut appelée, de son emplacement, Byrsa. Depuis ce temps-là, comme on venait de beaucoup d'endroits s'établir auprès de la forteresse, pour commercer avec les étrangers, ce concours fit prendre à la colonie la forme d'une cité; et les Africains, qui avaient le désir de conserver parmi eux des hommes. paisibles et riches, se laissèrent persuader aisément par les députés venus d'Utique pour les exhorter « à fonder en ces lieux une ville à leur exemple (car Utique était aussi une colonie de Tyriens). » Ainsi, il fut convenu que les Africains concèderaient aux Phéniciens l'emplacement d'une ville, et que ceux-ci, en retour, paieraient aux Africains un tribut annuel.

II. L'entreprise terminée, Élise donna à la ville le nom de Carthade, mot qui, en langue phénicienne, signifie ville neuve; les Grecs l'appelèrent Carchédon, et les Romains, en apportant, comme il arrive en pareil cas, quelque changement à la prononciation, Carthage. Cette ville, favorisée de ses voisins, habitée par un peuple industrieux, et, ce qui est le plus important, gouvernée par une reine sage, s'accrut en fort peu de temps d'une manière prodigieuse. Tout cela se passa, à ce qu'il paraît, environ soixante-dix ans avant la fondation de Rome; car les historiens s'accordent peu sur les dates, comme il arrive en fait d'évènemens si reculés. Mais, si la vie d'Élise fut célèbre par la variété de ses aventures, sa mort ne fut pas moins mémorable. Iarbas, roi d'une petite nation de l'Afrique, aspira à sa main, menaçant de la guerre, s'il ne l'obtenait. Mais Élise, qui était extrêmement chaste, et qui avait tendrement

centibus et teneris exitiosum fore intelligebat. Igitur tempore ad deliberandum sumto, quasi tandem vicisset animum, et ad nuptias africanas adduxisset; in extrema tum urbis parte « rogum exstrui » jussit, «priusquam novum matrimonium ingrederetur, Sichæo suo inferias daturam » præferens. Tum hostiis multis immolatis, ad ultimum ipsa conscendit pyram, et gladio, quem secum attulerat, sibi mortem conscivit; caritate viri et civium propriæ incolumitatis curam superante. Retulerunt Carthaginienses quam potuere gratiam; et admiratione virtutum ejus, donec respublica salva fuit, pro dea venerati sunt. Ædes in loco, ubi vitam exuerat, structa ipsa Dido (sic sermone suo viraginem Pœni vocant) appellata.

III. Quum deinde nemo unus successione regni post Elisam dignus haberetur, mixta optimatium et populi potestate gubernari civitas cœpit. Regia tamen appellatio manebat, sed ii lacedæmoniis regibus similes erant ; nisi quod nulli certæ domui addictus honos, ut quisque nobilium divitiis et virtute ceteros anteibat, mandabatur. Hi foris bellorum administrationem habebant; unde prætores atque dictatores a Romanis, potestatem eorum cum sua republica comparantibus, appellari solent: domi principes consilii publici erant : cum co de ne

aimé son premier époux, ne pouvait supporter l'idée d'un nouveau mariage; et elle sentait que la guerre serait funeste à son état encore naissant et faible. S'étant donc fait accorder du temps pour délibérer, elle feignit de se rendre enfin et de consentir à épouser le prince africain. Elle se transporta à l'extrémité de la ville, et y fit élever un bûcher, sous prétexte qu'elle voulait, avant de contracter un nouveau mariage, apaiser les mânes de son cher Sichée. Alors, après avoir immolé plusieurs victimes, elle finit par monter elle-même sur le bûcher, et se donna la mort avec un poignard qu'elle avait apporté. Ainsi sa tendresse pour son mari, et son amour pour son peuple, l'emportèrent sur le soin de sa conservation. Les Carthaginois montrèrent à son égard toute la reconnaissance dont ils étaient capables, et, pleins d'admiration pour ses vertus, l'honorèrent comme une divinité, tant que subsista leur république. Un temple fut bâti à l'endroit où elle s'était ôté la vie, et elle reçut le nom de Didon (c'est ainsi que les Carthaginois appellent en leur langue une femme pleine de courage).

III. Comme personne n'était jugé digne d'occuper le trône après Élise, il s'établit dans la cité un gouvernement où les grands et le peuple partageaient le pouvoir. Le nom de roi fut pourtant conservé; mais ceux qui le portaient ressemblaient aux rois des Lacédémoniens, avec cette différence que, sans être attaché à aucune famille particulière, cet honneur était conféré à celui d'entre les nobles qui l'emportait sur les autres par ses richesses et ses vertus. Les rois commandaient les armées pendant la guerre; et c'est de là que les Romains, par comparaison avec ceux qui exerçaient le pouvoir dans leur république, ont pris l'habitude de les nommer pré

gotiis civitatis statuebant : de majoribus rebus referebatur ad populum; ejus judicium in dissensu regum atque senatorum valebat; eidem jus erat etiam adversus placita regibus et consilio sciscendi, si forte contra rempublicam esse (id autem licebat cuivis coarguere) viderentur. Quæ nimia populi potestas, quum assentatorum studiis, ut fieri amat, in immensum augeretur, sequentibus temporibus Carthaginiensium rebus vehementer nocuit in senatu porro seniores triginta quasi sanctius consilium erat; et horum in ordine universo plurima vis. Decoris publici disciplinæque custodiam censoria potestate præfectus morum exercebat.

IV. Successu temporum, majoribus jam populi carthaginiensis opibus, plures ad bellum imperatores deligi cœperunt. Ex quibus præcipuæ virtutis et felicitatis Mago, quum duos filios suis artibus instructos reliquisset, atque easdem illi quoque numerosiori jam soboli veluti per manus traderent, evenit, ut ejus familiæ nimia potentia novis remediis coercenda videretur; creatique centumviri, penes quos de ipsis quoque ducibus judicia forent formidabilis potestas, vel amplitudine juris, vel diuturnitate temporis, perpetui enim erant;

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teurs et dictateurs : ils présidaient le conseil public, avec lequel ils réglaient les affaires de l'intérieur. Quant à celles d'une haute importance, il en était référé au peuple, arbitre des différens entre les rois et les sénateurs. La multitude avait aussi le droit de casser les règlemens que les rois avaient faits avec le conseil, si par hasard ils lui paraissaient contraires aux intérêts de la république (et il était permis à tout particulier d'y former opposition). Cette trop grande puissance du peuple, que rendirent excessive les basses complaisances de ceux qui lui faisaient la cour, porta dans la suite des temps un notable préjudice aux affaires des Carthaginois. Les trente plus anciens membres du sénat formaient dans cette assemblée un conseil dont l'autorité semblait empreinte d'un caractère sacré, et ils exerçaient sur l'ordre entier une très-grande influence. Un préfet des mœurs, revêtu d'un pouvoir semblable à celui des censeurs, veillait à la conservation de l'honnêteté publique et de la discipline.

IV. Par la succession des temps, la puissance des Carthaginois s'étant considérablement accrue, ce peuple commença à nommer plusieurs généraux en même temps pour conduire les opérations de la guerre. Magon, l'un d'entre eux, s'étant particulièrement distingué par son courage et ses succès, laissa deux fils héritiers de sa fortune et de son génie. Ceux-ci transmirent l'un et l'autre, comme de main en main, à leur postérité qui se trouva bientôt nombreuse; et cette famille acquit une puissance tellement excessive, que l'on jugea urgent d'employer des remèdes extraordinaires pour la réprimer. Il fut créé des centumvirs à l'autorité desquels les généraux euxmêmes étaient soumis; pouvoir formidable, soit par

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