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voyant que leurs affauts étoient beaucoup moins vifs qu'à l'ordinaire mit fon armée en bataille, & la diftribua aux quatre portes de fon camp, dans le deffein de faire une fortie fur eux par quatre endroits en même-tems, auffi tôt qu'ils paroîtroient. Il ordonna à M. Valerius fon Lieutenant de fortir par la porte Prétorienne avec quatre cohortes extraordinaires aufquelles il en ajoûta deux de Romains. Il plaça les Haftats ou Piquiers de la premiere Légion à la porte † principale de la droite & fit un corps de réferye des Princes de la même Legion. Ces troupes étoient commandées par M. Servilius & L. Sulpicius Tribuns des Soldats, Il rangea la troifiéme Légion visà-vis de la porte principale de la gauche; avec cette difference que les Princes devoient attaquer les premiers, & que les Piquiers étoient au corps de réferve, S. Julius Céfar & L. Aurelius

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*Par cohortes extraordinaires on doit entendre celles qui étoient compofées de gens de pied tirés des ailes ou Légions des Alliés. Ala chez les Allies étoit la même chofe que legio chez les Ro

† Ces deux portes, l'une à la droite, l'autre à la gauche du camp, étoient ainfi appellées du nom des Princes, efpece de Soldats, qui y étoient ordinairement campés,

Cotta Tribuns des Soldats avoient la conduite de cette Légion. Le Lieute nant Q. Fulvius Flaccus fut pofté avec Paîle droite des Alliés à la porte Queftorienne. Emilius laiffa à la garde du camp deux cohortes de l'aîle gau

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che des Latins avec les Triariens des deux Légions. Ce Général alloit luimême d'une porte à l'autre, & employoit pour animer les Soldats à bien faire, toutes les raifons que les conjonctures prefentes lui fuggeroient leur reprefentant tantôt la fraude des ennemis, qui ayant demandé la paix, avoient abufé de la tréve qu'il leur avoit accordée, pour venir fondre fur fon camp, contre toutes les loix de la Guerre & le droit des gens ; tantôt la honte dont ils fe couvriroient eux-mêmes fi on publioit que des Liguriens qui devoient plûtôt paffer pour des voleurs & des pyrates, que pour de véritables ennemis, avoient impunément affiégé une armée Romaine dans fon camp. Si vous fortez de ce mauvais <<< pas par le fecours d'autrui, & non par votre propre valeur, oferez-vous ja-«< mais vous prefenter, je ne dis pas aux««<

*Ainfi nommée parce que le Quefteur campoit auprès avec le trefor.

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» Soldats qui ont vaincu Annibal, Philippe & Antiochus, les plus grands »Monarques, & les plus habiles Gé»néraux de notre fiécle, mais à ceux >> qui, pourfuivant ces mêmes Ligu

>>riens dans des bois & des défilés inac» ceffibles où ils erroient comme des >>troupeaux, les ont enfin atteints & »laiffés en piéces ? Quoi? Ce que n'ont »jamais ofé ni les Efpagnols, ni les » Gaulois, ni les Macédoniens, ni les Carthaginois; des Liguriens ont l'im»pudence de nous inveftir dans nos >> retranchemens, & conçoivent l'ef» perance téméraire de nous y for»cer, eux que nous pourfuivions au»paravant dans leurs bois & fur >> leurs montagnes, fans qu'ils ofassent >> nous attendre ? Tous de concert > répondoient à ces reproches que ce » n'étoit pas la faute des Soldats, fi on »les tenoit affiégés, puifque perfonne > ne leur avoit encore donné le fignat de repouffer l'ennemi. Qu'il n'avoit qu'à ordonner, & qu'ils lui feroient »connoître que les Romains & les Li»guriens étoient tels qu'ils avoient été >>par le paffé.

Les Liguriens avoient deux camps féparés au-delà des montagnes. Dans les premiers jours les Soldats de l'un

& de l'autre en fortoient au lever du Soleil, & venoient en ordre de bataille attaquer en même tems les Romain's dans le leur. Mais alors ils ne prenoient plus leurs armes qu'après s'être remplis de vin & de viandes. Au fortir de Teurs retranchemens, ils fe difperfoient & ne gardoient aucun rang, comme des gens qui étoient prefque affûrés que les Romains n'ofetoient fortir de leur camp pour les recevoir. Ils vénoient dans cet état, lorfque les Romains fecondés des cris de tous ceux qui étoient dans le camp, Soldats Valets & Vivandiers, fortirent par 'toutes leurs portes, & fe jetterent fur eux. Les Liguriens auffi effrayés à cette attaque imprévûë que s'ils étoient tombés dans quelque embuscade, demeurerent d'abord tout interdits; puis ayant foutenu quelque-tems la furie des ennemis, s'enfuirent avec précipitation, fe laiffant tuer dans la dérouté, fans fe mettre en défense. Emilius ofdonna à fes cavaliers de les pourfuivre, & de ne faire aucun quartier à ceux qui leur tomberoient fous la main; enforte que s'étant réfugiés en defordre dans Teur camp, ils le rendirent bientôt aux vainqueurs. Il en fut tué ce jour-là plus

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de quinze mille, & pris environ deux mille cinq cens. Trois jours après toute la Nation des Liguriens Ingaunes fe rendirent au Proconful, & lui donnerent des ôtages. On rechercha tous ceux qui avoient exercé des pyratteries tant Officiers que Rameurs & Nautonniers, & on les mit tous en prifon. Le Décemvir C. Matienus de fon côté prit fur les côtes de la Ligurie trente-deux Galeres de cette efpece. L.. Aurelius Cotta & C. Sulpicius Gallus furent chargés d'apporter ces nouvelles à Rome, & pour demander en même-tems. qu'il fut permis à L. Emilius de fortir d'une Province où il ne lui reftoit plus rien à faire, d'en retirer fes troupes, & de les congédier. Il obtint l'un & l'autre du Sénat, qui de plus, à fa confidération, ordonna trois jours de proceffions & de prieres à tous les Tem-ples de la Ville, & les Préteurs Petilius & Fabius eurent ordre, le premier de licentier les Légions de la Ville, & le fecond de délivrer les Latins des levées qu'on devoit faire parmi eux : & le Préteur de la Ville écrivit aux Confuls de la part du Sénat, qu'ils congédiaffent au plûtôt les Soldats qu'une neceffité preffante les avoit obligés d'enroller à la hâte,

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