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dans leur armée. Quand on eut connaissance de ces choses à Rome, le consul Appius partit sur-le-champ avec une forte armée, et se rendit à Rhège. De là, il envoya inviter les Carthaginois et Hiéron à lever le siège de Messine; et cependant il examinait avec une extrême attention tous les moyens possibles de passer sans trop de danger le détroit qu'il savait être très-bien gardé. Les envoyés du consul ne reçurent point des Carthaginois une réponse amie, et ils s'entendirent blâmer en termes étudiés par Hiéron, qui, après leur avoir rappelé les services qu'il avait rendus au peuple romain, ajouta : « Je ne sais lequel est le plus à plaindre de mon sort ou du vôtre, Romains: car nous avons perdu, moi des amis sur la probité desquels j'avais cru à tort que je pouvais compter; et vous, la réputation de justice et de bonne-foi qui faisait votre gloire chez toutes les nations. Quant aux Mamertins, vous n'avez jamais été ni leurs alliés ni leurs amis. Vous avez fait anciennement des traités avec les Carthaginois, vous en avez fait un tout récemment avec moi.

XXXI. « Cette infraction en faveur d'un peuple envers lequel ne vous lie aucun engagement, pouvez-vous faire valoir quelque injure de notre part, où quelque service de celle des Mamertins, qui vous autorise à vous la permettre? Mais comme les Carthaginois ne seront pas embarrassés de trouver ce qu'il leur faudra dire pour leur défense, laissant de côté leur cause, je vais me borner à ce qui me touche seul. Les Mamertins, vos honnêtes compatriotes, ayant, comme vous ne l'ignorez pas, servi sous les étendards des Syracusains, furent congédiés et invités à repasser en Italie. Après avoir été reçus à Mes

quam amici et socii recepti sunt, facinus post hominum memoriam longe fœdissimum ediderunt; interemtis noctu hospitibus suis, eorumque bonis, uxoribus, liberis, et urbe ipsa in potestate retenta. Quod nisi vos ipsi etiam eodem, quo ceteri mortales omnes, sensu nefandum et intolerabile scelus esse judicavissetis, profecto in iis, qui Mamertinorum imitatione idem in Rheginos ausi sunt, illud ipsum tam severe non fuissetis vindicaturi.

XXXII. «< Qua igitur indignitate vos moti pœnas ab nefariis hominibus repetendas esse putavistis, eadem et ego moveor, ne Mamertinos impunitos pati possim : præsertim quum postea quoque latrociniis per universam Siciliam exercendis, primi sceleris memoriam novis subinde facinoribus propemodum obruerint. Nam, ut alia taceam, Camerina Gelaque urbes ab his excisa, ♦ quum in fide Syracusanorum essent, satis mihi graves causæ videntur, cur hominum importunissimorum nefariam audaciam justo pioque bello prosequamur. Quod si vero tuendos vobis esse propterea simulatis, quod eadem in Italia nati, quodammodo consanguinei vestri videantur: quanto justius fuit Rhegiensibus Italis parci, qui cives vestri fuerunt? Qua in urbe recuperanda quum ego vos auxiliis et commeatu juvarem, divinare debui futurum ut aliquando me non leviores ob causas Mes

sine comme des amis et des alliés par les malheureux et trop confians Messéniens, ils se portèrent au crime le plus affreux qui ait été commis de mémoire d'homme; ils égorgèrent leurs hôtes pendant la nuit, puis s'emparèrent de leurs biens, de leurs femmes, de leurs enfans, et de leur ville même, qu'ils ont toujours gardée depuis. Et si vous-mêmes vous n'aviez pas, comme tout le reste des mortels, jugé ce crime abominable et révoltant, certes, vous ne l'auriez pas puni avec tant de sévérité dans la personne de ceux qui, à l'imitation des Mamertins, avaient osé la même chose envers les Rhégiens.

XXXII. « Ainsi donc la même indignation qui vous a portés à châtier ces scélérats, me porte aussi à ne pas souffrir que les Mamertins demeurent impunis, surtout après qu'ils ont, en exerçant d'affreux brigandages dans toutes les parties de la Sicile, presque effacé par de nouveaux forfaits la mémoire de leur premier crime. Car, pour ne point parler de tout le reste, les villes de Camérine et de Géla détruites par eux, quoiqu'elles fussent sous la protection des Syracusains, me semblent un motif assez puissant de réprimer, par une guerre juste et légitime, la coupable audace des plus détestables de tous les hommes. Si vous alléguez pour raison de les défendre que, nés comme vous dans l'Italie, on doit les regarder en quelque sorte comme vos proches, n'était-il pas beaucoup plus juste de pardonner à ceux de Rhège, Italiens pareillement, et de plus vos concitoyens? Quand je vous fournissais des secours et des vivres pour vous mettre à même de recouvrer cette ville, devais-je m'attendre qu'un jour vous prendriez parti contre moi, quand j'assiégerais Messine pour des causes non moins graves? Mais qu'est-il besoin d'en dire davantage, Ro

sanam obsidentem prohiberetis? sed quid ego multis ago, Romani? nam profecto si penes vos aliqua adhuc fidei famæque cura, si quis honesti intellectus, si denique pudor superest, dubitare non debeo quin me tam justa tenentem arma vestris viribus adjuturi potius, quam impedituri sitis; sin vero hæc vobis levia videri cœperunt, eventus quidem armorum incertus est : sed hoc longe certissimum, omnes ubique mortales apertissime cognituros esse, non ulla juris aut æqui specie, non ob acceptas injurias, quod ne ipsi quidem audetis prætexere, nulla etiam Mamertinorum misericordia, sed sola ambitione et nobilis insulæ vestro imperio adjungendæ improba cupidine, Romanos ad bellum nobis inferendum incitari. >>

XXXIII. Quum renuntiata ista essent, Appius olim animadverso, excubantibus in trajectu validis classibus, sine manifesto periculo transfretari non posse, consilium init calliditatis et astutiæ plenum; placere sibi negat, « << Hieronem ab Romanis alienari : neque adversus ipsum decretum bellum esse; neque injussu populi suscipi posse.» Die igitur prædicta socios navales præsto esse jubet, ac navigia ad cursum instructa haberi, tanquam domum abnavigaturus. Sciebat autem multos ex syracusanis atque etiam punicis castris milites, per spe

mains? car, assurément, si vous tenez encore à ce que l'on croie à votre bonne-foi, si vous prenez encore quelque soin de votre réputation, si vous n'avez pas renoncé à toute justice, s'il vous reste enfin quelque pudeur, dois-je douter, qu'ayant entrepris une guerre si juste, vous ne m'aidiez de vos forces plutôt que de vous en servir pour m'entraver? Si ces considérations deviennent pour vous de peu d'importance, j'ignore assurément quelle sera l'issue de la guerre; mais ce que je puis affirmer de la manière la plus positive, c'est que le monde entier verra très-clairement que ce n'est ni la justice au moins apparente de la cause de ceux dont vous prenez le parti, ni le besoin de venger quelque injure, puisque vous-mêmes n'oseriez vous plaindre qu'on vous en ait fait aucune, ni même le moindre sentiment de compassion pour les Mamertins, qui vous ont portés à venir nous faire la guerre, mais votre seule ambition et le désir injuste d'ajouter à votre empire une île fa

meuse. >>>

XXXIII. Quand ces paroles eurent été rapportées à Appius, comme il sentait qu'il ne pouvait, sans s'exposer à un péril évident, tenter le passage, tant que de puissantes flottes stationneraient à l'entrée du détroit, il forma un projet plein de ruse et d'astuce. Il publia : «Que son intention n'était pas d'indisposer Hiéron contre les Romains, que la guerre n'était point déclarée contre lui, et qu'elle ne pouvait être entreprise sans l'ordre du peuple romain. » Ensuite il ordonna aux équipages de ses vaisseaux de se tenir prêts pour le départ à un certain jour qu'il leur marqua, comme s'il eût eu le dessein de s'en retourner à Rome. Or, il savait qu'il se trouvait dans le port de Rhège plusieurs soldats syracu

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