Obrazy na stronie
PDF
ePub

position du cercle de la Rezat. Un autre journal, l'Espion de la Chambre des Députés, publia, sous la dictée du docteur Coremans, la Liste d'honneur, en lettres rouges, des députés qui votèrent, en 1831, la mise en accusation du ministre-poëte de Schenk, députés que Goerres nommoit les nouveaux saints de canonisation coremanienne. A ces journaux, ajoutez quantité de brochures dont la Franconie fut inondée et qui alarmèrent à juste titre le gouvernement bavarois. Il en résulta un procès et un exil racontés en détail dans un pamphlet intitulé : le Banni du pays du roi (Der Verbannte aus dem Königslande (1). Le docteur Coremans se réfugia en Suisse, où il ne fut guère plus heureux. Enfin, il revint dans sa patrie, qui l'accueillit en bonne mère.

L'auteur de Jésus, le premier démocrate, et des Fleurs de la prison, sans désavouer ses principes, les a, je crois, beaucoup modifiés; sorti de l'atmosphère brûlante de la politique, il se livre maintenant avec succès aux recherches pacifiques de l'histoire et de l'érudition, où il porte ses prédilections germaniques, sa verve et son originalité.

Un défaut commun à toutes les gazettes, c'est l'exagération et le mensonge. Du plus mince accident, elles feront sans hésiter une grande catastrophe, d'une querelle de cabaret une sédition en règle, comme si nos émeutes modernes, qu'on prétend élever au rang des révolutions, étoient autre chose qu'une bourrasque dans un égout je me trouvois, par exemple, à Nuremberg, le 4 et le 5 mai 1842; j'en parcourus les rues en tous sens et n'aperçus pas le moindre désordre. Loin de là, j'y aurois désiré plus de mouvement et de vie : la ville me paroissoit trop silencieuse et trop morne. Quelle fut ma surprise en lisant plus tard, dans les journaux belges, qu'il y avoit eu ce même jour à Nuremberg un soulèvement?... Des compagnons. de métier avoient chanté dans une taverne, des hymnes en l'honneur de la réforme; ils avoient entonné, entre les pots et les verres, le fameux cantique de Luther:

Notre dieu est un château fort,

(1) Leipzig, 1835.

Et cette démonstration religieuse, arrosée de bière bavaroise, avoit été signalée par nos Tacites quotidiens comme une insurrection de la Franconie contre ses oppresseurs!

BIBLIOTHÈQUE DE MUNICH

Il y a en Bavière des archives de la maison royale, des archives d'état et des archives du royaume. Celles-ci, placées sous la présidence de M. de Freyberg et de son adjoint, le docteur J.-N. Buchinger, qui a rang de secrétaire général du département de l'intérieur, sont divisés à peu près ainsi :

0

01 Archives du duché de Bavière, du haut Palatinat, de Neubourg et de Sülzbach;

2o Archives des évêchés, chapitres, abbayes et monastères sécularisés ;

3o Manuscrits historiques et généalogiques; collections de

sceaux.

J'étois alors préoccupé de Jacqueline de Bavière, dont les aventures ont l'intérêt du roman, mais je ne trouvai sur cette princesse rien qui valût la peine d'être publié. Des recherches ultérieures seront peut être couronnées de plus de succès, quoique l'on puisse savoir à l'instant ce que contiennent les archives sur un sujet donné, grâce à l'ordre qui y règne et à la lumineuse rédaction des répertoires et tables.

[ocr errors]

Ces archives reposent encore, avec la bibliothèque royale, aux ci-devant Jésuites, dans la rue Neuhaeuser. Mais bientôt elles seront transportées dans le gigantesque édifice élevé par M. Gaertner au milieu des magnificences de la rue Louis. L'illustre professeur a choisi cette fois le style des palais italiens du moyen-âge, style un peu massif, mais plein de dignité et très convenable à un dépôt scientifique. La façade a 520 pieds de long; ses deux étages, de 85 pieds de hauteur, s'élèvent au dessus du rez-de-chaussée, solidement voûté et destiné aux archives. Soixante et douze fenêtres, trois grands portails, fermés

en demi-cercle, un large double escalier, avec les statues colossales d'Aristote, d'Hippocrate, d'Homère et de Justinien, par Mayer et Sanguinetti; enfin un couronnement dychromatique ornent cette façade. Elle est entièrement en briques : la brique, habituée à tromper les yeux, y joue à merveille la pierre de taille et en a presque la solidité, grâce au ciment de chaux hydraulique dont elle est recouverte, et qui a été imaginé, si j'ai bonne mémoire, par M. le professeur Fuchs. Au dedans, la décoration intérieure est sereine et riante, le blanc et le bleu, couleurs royales, y dominent; les statues des bienfaiteurs de l'établissement, qui doit ses accroissemens principaux à l'électeur Charles-Théodore et au roi Maximilien-Joseph, y seront convenablement placées.

[ocr errors]

Parcourir les soixante-trois salles où s'étaleront les livres est un véritable voyage; mais pour l'abréger le plus possible, pour rendre le service prompt et facile en dépit de l'espace, M. Lichtenthaler, directeur de la Bibliothèque royale, bien que contrarié quelquefois par les nécessités de l'architecture, a imaginé les dispositions les plus ingénieuses: communications, galeries, couloirs, rayons, buffets, tables, tout a été calculé avec un soin infini, tout a sa raison, sa mesure. L'ignoble échelle a été bannie.

เร็ว

[ocr errors]
[ocr errors]
[ocr errors]

Je ne trouve à cela qu'une chose à redire, c'est que le bibliothécaire ne loge pas près de sa bibliothèque. On a sacrifié à la crainte des incendies, la commodité et la sûreté de la surveillance.

Le roi, sans lequel rien ne se fait, a dicté les détails essentiels de ce beau monument qui, lorsqu'il sera entièrement habitable, aura coûté un million deux cent mille florins. Les états trouvèrent la somme un peu forte, et se seroient contentés d'une seule aile; mais on leur fit comprendre que plus de 800,000 volumes imprimés, une masse incalculable de dissertations et de brochures, avec environ deux mille manuscrits, ne pouvoient s'empiler comme dans un magasin, et qu'un dépôt qui fait la gloire du pays, un dépôt qui s'accroît tous les jours, valoit bien une foible partie de cet argent que l'on jette sans compter à des mannequins habillés en soldats...ta

La bibliothèque est ouverte les lundis, mercredis et jeudis, de huit heures à une heure de relevée. On peut la parcourir depuis dix heures. Une grande salle d'étude offre la facilité d'y travailler, on y prête aussi des livres sous la caution d'un employé de l'état.

Un ordre parfait y règne, et l'unité administrative y contribue puissamment.

La Bibliothèque de la cour et de l'état (c'est sa désignation officielle) est administrée par un premier et un sous-bibliothécaire, assistés de quatre custodes, de deux secrétaires, de deux scriptores et d'un nombre indéterminé d'huissiers.

Le directeur, quand il sera installé dans son nouveau domicile, se propose de demander une compagnie de chasseurs auxquels on enseigneroit le métier de messager.

i 4

Quand on parle du directeur d'une grande bibliothèque nationale, la pensée se porte aussitôt sur Van Praet, et ceux qui l'ont connu sentent se ranimer leurs regrets les plus vifs. Van Praet, par sa droiture, son indépendance quelque peu républicaine, son désintéressement extrême, son activité modeste, son dévouement réel et sans éclat aux gens de lettres, son inaltér rable complaisance et la généreuse communication des richesses de son savoir, s'étoit acquis des droits à l'estime ainsi qu'à la reconnoissance de tous ceux qui éprouvèrent jamais le besoin de feuilleter un livre. Néanmoins tant de volumes avoient passé sur son esprit, qu'ils en avoient émoussé le trait et fané la fraî cheur. La mémoire, une mémoire toujours préparée, avait pris en lui la place de l'imagination. Sa tête étoit une table encyclo pédique de matières d'une exactitude étonnante, malheureusement sèche et nue. Van Praet étoit obligeant mais froid, plein de sens mais dénué de saillie. Or, c'est ce qui le distingue de l'aimable directeur de la bibliothèque royale de Munich, M. le conseiller de la cour, Lichtenthaler, conseiller supérieur des études. Chez celui-ci l'imagination est douce et souriante; sa finesse, qui se cache avec soin, se manifeste par une gaieté mesurée, et s'échappe en mots heureux, toujours inoffensifs, én plaisanteries bienveillantes qui donnent à son commerce un charme infini. Le savant se dissimule derrière l'homme

[ocr errors]

du monde, l'homme du monde garde du savant toute sa solidité. Le second bibliothécaire est M. Martin Schrettinger, chapelain de la cour, comme l'est M. le professeur Doellinger, et comme lui chanoine de Saint-Caïetan. Il s'occupe principalement des livres imprimés.

Les manuscrits de la Bibliothèque royale de Munich ont exercé l'érudition et la critique de beaucoup d'écrivains. Le baron d'Arétin, qui en fut le conservateur en chef, a publié, de 1803 à 1807, neuf volumes in-8 de documents pour l'histoire et la littérature, tirés de ces manuscrits; une partie des recherches de M. Docen sur la littérature du moyen-âge y est insérée.

De son côté, M. Ign. Hart, sous-bibliothécaire, a rédigé, de 1806 à 1812, en cinq volumes in-4, un catalogue des manuscrits grecs du même dépôt.

[ocr errors]

Le catalogue des manuscrits prend presque tous les moments de M. le custode J. A. Schmeller, membre de l'Académie, savant d'une simplicité, d'une bonté si attrayante qu'on l'aime tout de suite, et que, sans autre cérémonie, ont est tenté de se jeter à son cou. M. Schmeller, dont la complaisance n'a pas de bornes, s'immole aux importuns de la meilleure grâce du monde. Et pourtant qui mieux que lui sait employer les heures et les minutes? Avec Jacques Grimm il a publié un recueil de poésies latines, parmi lesquelles se trouve mon cher Waltharius. Quand j'eus l'honneur de le voir il se délassoit en transcrivant pour le journal de M. Moritz Haup, un texte latin de la légende de Grégoire, traitée en Allemand par Hartmann von Aue. Avec un scrupule tout germanique, il copioit sur un des manuscrits d'Augsbourg réunis maintenant à ceux de Munich, l'histoire de cet enfant, fruit de l'inceste, pêché par des moines au lieu de poisson, un jour maigre, et qui, après avoir épousé, sans le savoir, sa mère et sa tante, devint pape et saint. L'érudit, en copiant ces folies, gardoit son sérieux comme Sanchez sa pureté d'esprit, en raffinant sur les écarts du mariage.

4

M. Schmeller est, avec M. Massmann, une des lumières de la philologie moderne; mais M. Massmann tient peut-être mieux le mot, M. Schmeller la syntaxe, le génie de la langue. Son

« PoprzedniaDalej »