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clusion. Si le traité que renferme le manuscrit de Saint-Victor est en effet postérieur à la seconde condamnation d'Abélard, il s'ensuit qu'il n'a pu être cité dans la Theologia christiana, et que par conséquent il n'est pas la célèbre dialectique à laquelle la Theologia christiana fait allusion. Ou si l'on persiste à reconnaître la dialectique dans le manuscrit de Saint-Victor, il faut alors renoncer à soutenir que notre traité ait été composé dans les dernières années de la vie d'Abélard. Quelle que soit donc la véritable date de la composition de cet écrit, nous allons le considérer et l'étudier en lui-même, et le réunissant au fragment de Saint-Germain sur les genres et les espèces, ainsi qu'aux diverses gloses du même manuscrit, rechercher ce que ces anciens monuments, publiés pour la première fois et rassemblés dans ce volume, peuvent nous fournir de lumières nouvelles sur Abélard, sur sa philosophie et sur celle de son siècle.

ouvrages d'Abélard

diquent nas manuscrits.

1. Une des premières questions que la curiosité Des adresse à tout ouvrage d'un auteur célèbre, qui jusqu'alors invoit le jour pour la première fois, est celle-ci : connus, qu'in Ce monument jusqu'alors inconnu ne nous en révélerait-il pas d'autres encore du même auteur? Puisque Abelard avait fait tant d'ouvrages de philosophie, la découverte de l'un d'eux pourrait conduire à celle de quelques autres; ainsi c'est l'Introductio ad Theologiam et la Theologia

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christiana qui nous ont appris qu'Abélard avait composé un traité de dialectique, traité que nous croyons avoir retrouvé dans celui que nous publions. Celui-ci, à son tour, ne pourrait-il nous mettre sur la trace de quelque autre écrit, aujourd'hui perdu ou peut-être encore enseveli dans la poussière d'une bibliothèque, comme le nôtre l'était il y a si peu de temps? A cet égard, le manuscrit de Saint-Victor nous fournit plus d'un document précieux. D'abord, comme nous l'avons déjà dit, il nous apprend, par plus d'un passage, que la Dialectique commençait par un livre qui, dans l'économie générale de ce grand traité, occupait la place de l'Introduction de Porphyre dans l'Organum, et vraisemblablement roulait sur les mêmes matières. Ce livre, appelé le livre des Parties, liber Partium, manque dans notre manuscrit, et probablement il est à jamais perdu pour nous; car le manuscrit de Saint-Victor parait unique en Europe. C'est dans ce liber Partium que devaient se trouver les questions les plus curieuses et les plus importantes de la dialectique, et, à en juger par le reste de l'ouvrage dont il formait le commencement, il devait être aussi étendu et aussi développé que la glose sur l'Introduction de Porphyre est brève et aride. A défaut du livre lui-même, du moins en avons-nous quelques fragments dans les allusions nombreuses qu'Abélard fait à son propre ouvrage. Ces allusions recueil

lies feraient suffisamment connaître ce premier livre de la Dialectique (1); mais ce n'est pas là le seul document que contienne le manuscrit de Saint-Victor. Il nous révèle encore l'existence d'un autre ouvrage d'Abélard que rien jusqu'ici ne pouvait nous faire soupçonner. Il paraît qu'outre ses gloses sur Porphyre, sur Aristote et sur Boëce et notre grand traité de dialectique, Abélard avait aussi composé un autre traité de dialectique beaucoup plus élémentaire que le nôtre, à l'usage des commençants. Voici, en effet, ce que nous trouvons, fol. 137 r° (2): « Quæ autem in« vicem contrariæ propositiones vel contradic«toriæ, quæ etiam subalternæ vel subcontrariæ « dicantur aut quas ad invicem inferentias vel << differentias qualesque conversiones habeant, «< in his introductionibus diligenter patefecimus « quas ad tenerorum dialecticorum eruditionem « conscripsimus. » Et ailleurs, fol. 147 ro (3): Quam etiam diffinitionem (syllogismi) Boethius «< in secundo Categoricorum suorum commemo« rat ac diligenter singulas expediendo differen« tias pertractat, sicut in illa altercatione de loco et argumentatione monstravimus quam ad simplicem dialecticorum institutionem conscripsi

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(1) Elles sont dans l'édition in-4°, aux pages 204, 205, 227, 337, 400, 447, etc.

(2) De l'édition in-4°, page 254. — (3) Ibid., p. 332.

«‹ mus. » Ailleurs encore, fol. 151 vo (1): « Nou << est autem prætermittenda ad cognitionem loci « differentiæ doctrina introductionum nostrarum <«< quas ad primam tenerorum institutionem con

scripsimus, in quibus........ » Il semble bien que cette introduction élémentaire à la dialectique portait le nom d'Introduction, Introductiones; car ce nom, que nous avons déjà rencontré deux fois, revient constamment. (Fol. 167, v°.) (2) «Non est autem prætereundum illas determina<<< tiones cassas et inutiles esse quæ a quibusdam « minus eruditis maximis propositionibus appo<< nuntur superflue, quasi integris vestimentis

panniculi quidam assuantur; quas quidem in << his introductionibus quas ad parvulorum insti<< tutionem conscripsimus nos posuisse memini« mus. »Il résulte de cette dernière citation que ces Introductiones avaient été composées par Abélard à une époque déjà éloignée de lui et probableblement dans sa jeunesse : on pourrait même supposer que leur vrai titre n'était pas seulement Introductiones, mais Introductiones parvulorum; car on trouve cette formule, fol. 163 vo (3) : « Si<«< cut in introductionibus parvulorum ostendimus; » et encore, fol. 185 v° (4): Unde me in <«< introductionibus parvulorum confirmasse me

-

(1) De l'édition in-4°, pages 305, 306. p. 366. (3) Ibid., p. 381. (4) Ibid., p. 440.

(2) Ibid.,

<< mini talium consequentiarum conversiones. » Toutes ces citations ne peuvent donc laisser aucun doute sur l'existence d'un ouvrage élémentaire de dialectique composé par Abélard dans sa jeunesse, et qui avait pour titre : Introductiones parvulo

rum.

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Faut-il voir encore l'indication d'un ouvrage nouveau dans cette phrase où, à propos d'un sophisme de dialectique, Abélard dit, fol. 180 ro (1): « Hujus autem supra positæ argumentationis sophisticæ solutionem primus fantasiarum nos«trarum liber plene continet. » Le manuscrit donne bien fantasiarum; mais ce mot nous est fort suspect. Abélard a-t-il ри faire et publier un ouvrage sous ce titre : Mes réveries, Mes caprices? Mais nous ne sommes pas encore au temps où les écrivains traitent assez familièrement le public pour lui adresser leurs fantaisies. Ou bien fantasia désignerait-il d'avance les quolibeta du xive et du xv" siècle? On lit encore, fol. 147 recto (2), à l'occasion des diverses propositions du syllogisme et de leurs rapports : « Sed de his qui«<dem quæ utroque termino participant in se<< cundo Poicherii nostri satis dictum esse arbi« tror. » Le manuscrit donne bien poicherii comme il donnait fantasiarum. Mais Poicherii n'a pas sens; c'est évidemment une leçon cor

de

(1) De l'édition in-4o, p. 424. (2) Ibid., p. 308.

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