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celui-ci; nous n'avons trouvé aucun passage que l'on put nous savoir gré de citer, et nous préférons passer quelques petites pièces de vers qui terminent le volume. Voici la première strophe d'une ode sapphique, traduite du grec; les longues, les brèves sont marquées dans le texte original; La Boderie vouloit, à l'exemple de Jodelle, de Moysset et de Baïf, introduire la prosodie antique dans la versification françoise.

Romme, Dieu vous gard', fille et sœur du dieu Mars
Décorant d'or par la coronne ès soudars,

Vous qui mesme en terre habitez ia les tours
Des célestes tours.

Plus loin, nous rencontrons une odelette imitée de l'anthologie; elle ne manque ni de grâce ni d'agrément.

Comme de fleurs un chapeau

Je liois entre les roses
Sous l'aube du jour écloses,
Par l'aile j'ai prins l'oiseau,
L'amour volant au pourpris
Et aux vergers de Cypris;

Mais plongeant les fleurs au vin
Dedans une mesme coupe,
J'ai beu l'amour et la troupe

Des amours éclos sans fin,
Maintenant de mes nouvelles
J'en sens les rigueurs cruelles.

La dernière Semaine, ou Consommation du monde, par M. L., sieur de La Tousche, Breton. Paris, 1594, F.Huby, pet. in-8°.

Poëme très long et très ennuyeux. Il ne faudroit pas croire, d'après le titre, qu'il n'y est question que de la fin du monde; l'auteur se complaît surtout dans de diffuses descriptions de paysages, de chasses; il imite servilement, mais en ce qu'ils ont de mauvais, les écrivains à la mode vers la fin du seizième siècle. Nous transcrirons quatre vers, parce qu'ils témoignent que, depuis deux siècles et demi, ce sont toujours les mêmes vins que préfèrent les amateurs.

Le tige bordelois, le sep canarien

Désormais ne rendront leur jus nectarien,

Et la souche, empourprant l'areneuse campagne
Du terroir bourguignon lors deviendra brehaigne.

Trois Centuries de sonnets, par François Perrin, Autunois. Paris, G. Chaudière, 1587.

Volume peu commun d'un écrivain presque inconnu et bien digne de rester dans l'oubli où il est plongé. Nous transcrirons cependant un de ses sonnets (le 164°), parce qu'il s'écarte du thème habituel des faiseurs de bucoliques, et qu'il offre de la vie champêtre un tableau moins flatté et plus exact. C'est ainsi que, de nos jours, un poète anglois, fort peu célèbre en France, mais en possession de l'autre côté de la Manche d'une réputation méritée, George Crabbe, a tracé de l'existence des classes laborieuses de la campagne des portraits dont la fidélité fait mal, dont le contour simple et naïf est d'une exactitude désolante. Avant le jour, sortant de son estable,

Le laboureur, sec comme un tronc de bois,
Est assiégé par infinis abois,

Desquels la charge à toute heure l'accable.

Puis pour diner, il trouve sur sa table
Du pain moisi et quelques maigres pois,
Ou des nouveaux dont l'on dit qu'autrefois
Se repaissoit un Romain connétable.

Après beuvant une grande jatte d'eau,
Il va bientôt se courber sur l'aireau,
Et là se ploye au long de la journée..

Ainsi conduit d'un misérable cours,
L'homme rustic de sa vie les jours
Que chacun crie estre bien fortunée.

I.

DE LA NÉCESSITÉ DE FAIRE L'ESTIMATION DES bibliothèques des VILLES DE FRANCE ET DE TOUS LES DÉPÔTS publics de L'ÉTAT DANS L'INTÉRÊT de ces dÉPÔTS.

Le Bulletin a mentionné, dans son dernier numéro, une vente de livres qui a eu lieu à Moulins; j'ai reçu depuis deux lettres qui appellent également l'attention sur des faits de même nature, et quelques uns de ces faits sont tellement extraordinaires que je ne puis prendre sur moi de les reproduire ici; il me suffira de dire que la nécessité de faire un inventaire d'appréciation des bibliothèques publiques se fait de plus en plus sentir, que ces inventaires, dressés par quelqu'un de compétent et déposés dans chaque bibliothèque, serviroient à deux choses importantes, d'abord à faire connaître aux bibliothécaires eux-mêmes la valeur du dépôt qui leur est confié; puis à faire mettre à part tous les doubles, pour en tirer un parti avantageux à la bibliothèque, après une juste estimation de leur valeur.

Les bibliothèques, comme l'on sait, ne sont pas composées exclusivement de livres imprimés, il s'y trouve encore beaucoup de manuscrits précieux dont les conservateurs n'apprécient pas toujours la valeur; ainsi, dans certaines villes assez reculées, tels ou tels manuscrits fort anciens ont été vendus au prix du parchemin (1). Le fait est certain, mais c'est un fait accompli; toutefois il ressort de tout cela qu'il seroit urgent de hâter les inventaires d'appréciation dont j'ai parlé plus haut pour éviter. le retour d'un scandale, d'une dilapidation aussi malheureuse; je ne puis trop insister! Du reste, cela existe pour les musées, comment ne le feroit-on pas pour nos collections littéraires?

J. T.

(1) Des lettres signées m'ont été adressées pour les insérer au Bulletin, je me contente de signaler les faits.

II.

VENTES PUBLIQUES.

Le catalogue de la bibliothèque de M. de Soleinne est en distribution; la vente aura lieu le 8 janvier prochain par les soins de M. Techener.

Ce premier volume contient 1381 articles et comprend le théâtre antique; le théâtre moderne étranger et le théâtre françois, depuis les Mystères jusqu'à Racine, de longues et curieuses notes du bibliophile Jacob (Paul Lacroix), rendent ce catalogue très piquant.

Dans le prochain numéro, nous présenterons à nos lecteurs l'analyse succincte de cet intéressant catalogue.

Le 11 décembre, aura lieu, salle Sylvestre, la vente des livres de M. le pasteur Reboul; le catalogue en distribution contient une grande quantité de pièces historiques, manuscrites, originales ou imprimées, de la plus haute importance pour l'histoire de la réforme et l'histoire de France; une magnifique collection reliée en mar. bleu, par Padeloup, aux armes du cardinal Loménie de Brienne, de Pouillés, ou inventaires des bénéfices ecclésiastiques de chaque diocèse, repartie dans l'histoire de chaque province. On trouveroit difficilement une collection aussi piquante et aussi curieuse de petites pièces historiques. La partie de l'histoire ecclésiastique et celle de l'histoire de France, sont des plus attrayantes pour les hommes studieux.

Nous avons reçu le catalogue d'une vente qui doit se faire le 14 décembre, par le bibliophile voyageur (M. Leblanc). Après la vente Soleinne, ce sera l'une des plus remarquables de la saison pour la belle condition et la curiosité des livres; il y a aussi des autographes importans. Le catalogue est en distribution.

La vente que vient de faire M. Bohaire n'a présenté aucune curiosité ni circonstance remarquable; cependant nous y avons

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remarqué le n° 43, beau manuscrit, sur peau vélin, du xve siècle (et non du XIIe), des Epistres de saint Jérôme, 2 vol. in-fol., rel. en mar. bleu, doublé de vélin blanc, par Lewis, vendu 300 fr. Un très joli petit manuscrit (n° 524) in-4, sur peau vélin, contenant la liste des vaisseaux du roi en 1723, écrit avec un talent et une perfection qui décèlent un élève de Jarry, et non Jarry lui-même, comme le dit le catalogue, ce calligraphe étant mort environ cinquante ans avant la date du manuscrit. Le Recueil d'Estampes (no 588), connu sous le nom de Cabinet de Crozat, 2 vol. in-fol., rel. en mar. rouge, avec quelques planches remontées, a été vendu 135 fr. Le n. 827, exemplaire des OEuvres de Boileau, édition de 1685, avec une note autographe et la signature de Boileau, a été vendu 31 fr. - Le Dictionnaire d'Expilly, devenu rare maintenant, a été vendu 64 fr. Un assez bel exemplaire pour les épreuves de Perrault, les Hommes illustres de France, gravés par Edelynck, a été vendu 61 fr. Le n. 1033, Lancelot de Lac, manuscrit du xive siècle, sur papier, mar. rouge, avec miniatures, a été adjugé à 445 fr. Le Petit Jehan de Saintré, édition de Trepperel (sans date), in-4, goth., rel. en mar., a été vendu à 252 fr. L'Histoire du Diocèse de Paris, par l'abbé Le Beuf, 15 vol., exemplaire assez mal relié, a été vendu 40 fr. Le double de ce que ce livre valoit il y a deux ans. - Les trois volumes des Dissertations sur l'Histoire de Paris, du même auteur, ont été vendus 30 fr. La collection complète des Monuments de l'Histoire et de la Langue Françoise, publiée par M. Crapelet, 14 vol. grand in-8, 120 fr. - Le n. 2161, Mémoires de Sully, exemplaire de la duchesse de Berry, avec une note de la duchesse, et de plus une lettre autographe de Sully, 3 vol. infol., a été acheté 175 fr. Cet, exemplaire avait coûté 235 fr. à la vente Rosny. Un exemplaire des OEuvres de Jean-Jacques Rousseau, édition de Dalibon, 1825, 27 vol. grand pap. vél., rel. par Muller, en demi-rel. mar. puce, a été vendu 180 fr.

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En résumé, les livres se sont vendus assez bien pour des exemplaires, en général, de condition très ordinaire.

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