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loit reconnoître pour le vrai Christ. Alors cepen> dant la Synagogue n'étoit pas encore entièrement répudiée, ni n'avoit pas tout-à-fait perdu le titre d'Eglise; puisque les Apôtres communiquoient encore avec elle, à son temple et » à son service. C'étoit comme un temps d'at» tente, durant lequel se faisoit la publication » de l'Évangile. Il y en avoit alors qui peut-être » n'avoient pas vu par eux-mêmes les miracles ⚫ de Jésus-Christ et de ses Apôtres, et ne sachant » encore que penser, voyant aussi qu'il se remuoit dans le monde quelque chose d'ex»traordinaire, demeuroient comme en sus» pens, attendant du temps le dernier éclaircis» sement, et disant comme Gamaliel : Si ce » conseil n'est pas de Dieu, il se dissipera de lui» même ; s'il est de Dieu, vous ne pourrez pas le » dissiper (1). Ceux qui demeuroicnt dans cette > attente sembloient être en état de recevoir la » vérité, quand elle seroit entièrement certifiée, » et pouvoient encore être sauvés, comme leurs prédécesseurs, en la foi du Christ à venir; » parce qu'encore qu'il fût arrivé, la promulgation de sa venue n'avoit pas encore été faite jusqu'au point que Dieu avoit marqué, et après laquelle il ne vouloit plus tolérer ceux

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(1) Act. V, 38, 39.

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qui n'ajouteroient pas une foi entière à l'Évangile.

En attendant, l'Église judaïque demeuroit » encore en état. Le Fils de Dieu lui donnoit toujours la même autorité qu'elle avoit, pour >> soutenir et instruire les enfans de Dieu: ne lui changeant la créance, que dans le point que » Dieu avoit révélé par tant de miracles. Car la » croyance qu'elle donnoit par ces miracles à l'Église chrétienne, ne dérogeoit qu'à cet égard » à la foi de l'Église judaïque. L'Église chré» tienne naissoit encore, et se formoit dans le » sein de l'Église judaïque, et n'étoit pas encore » entièrement enfantée, ni séparée de ce sein maternel. C'étoit comme deux parties de la » même Église, dont l'une plus éclairée répandoit » peu à peu la lumière sur l'autre. Ceux qui résistoient ouvertement et opiniâtrement à la lumière, périssoient dans leur infidélité ; ceux qui demeuroient comme en suspens en atten»dant le plein jour, disposés à le recevoir aus» sitôt qu'il leur apparoîtroit, se sauvoient à la » faveur de la foi au Christ futur, à la manière » qu'on a vu. 'La Synagogue leur servoit encore de mère, et tenoit encore la chaire de Moïse jusqu'à un certain point. Qu'on demandât, quel Dieu faut-il croire? les docteurs de la Loi répondoient: Celui d'Abraham, qui a fait le

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ciel, la terre. Que faut-il faire pour son culte, » et qu'en ordonne Moïse? Telle et telle chose. » Faut-il attendre un Christ? Sans doute. Où doit-il naître ? En Bethleem (1); tout d'une voix. De qui doit-il être fils? De David; sans hésiter. Mais ce Christ est-ce Jésus? Dieu-le déclaroit ouvertement, et on n'avoit pas besoin à cet égard de l'autorité de la Synagogue; car » il s'élevoit une autorité au-dessus de la sienne, qu'il n'y avoit pas moyen de méconnoître ab-> solument. Ceux qui attendoient néanmoins ce que le temps devoit faire, pour la déclarer davantage, et qui se gardoient en attendant à l'exemple d'un Gamaliel, de participer aux complots des Juifs contre Jésus-Christ et ses Apôtres, faisoient ce que disoit le Sauveur : Faites ce qu'ils disent; suivez ce qui a passé >> en dogme constant; Mais ne faites pas ce qu'ils font. Ne sacrifiez pas le juste à la passion et à l'intérêt de vos docteurs corrompus. L'autorité naissante de l'Église chrétienne suffit pour » vous en empêcher. La Synagogue elle-même. » n'a pas encore pris parti en corps, puisqu'elle écoute tous les jours les Apôtres de JésusChrist, et demeure comme en attente : Dieu le permettant pour ne laisser pas tomber tout

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(1) Matth. II, 5.

» à coup dans la Synagogue le titre d'Eglise, » et pour donner loisir à l'Église chrétienne de se

fortifier peu à peu. La Synagogue s'aveugle à » mesure que la lumière croît; les enfans de » Dieu se séparent. La lumière est-elle venue à » son plein par la destruction du saint lieu, par >> l'extermination de l'ancien peuple, et l'entrée >> des gentils en foule, avec un manifeste accomplissement des anciens oracles: la Synagogue a perdu toute son autorité, et n'est plus qu'un peuple manifestement réprouvé. C'est ce qui devoit arriver selon les conseils de Dieu, dans cet entre-temps qui se devoit écou»ler entre la naissance de Jésus-Christ, et la réprobation déclarée du peuple juif (1). »

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On voit que, selon Bossuet, l'obligation générale et absolue d'entrer dans l'Église chrétienne, ne commença qu'à l'époque où elle s'étoit assez fortifiée, assez étendue, pour que tout le monde dût céder à son autorité pleinement établie; et ce qu'il dit des Juifs s'applique également à ceux d'entre les gentils qui, s'étant préservés de l'idolâtrie, ne rendoient de culte qu'au seul vrai Dieu.

Ces principes posés, rien n'est plus facile que

(1) Médit. sur l'Évang., LV jour, tom. II, p. 19 et

suivantes.

de résoudre une difficulté que propose Rousseau, et qu'on a depuis souvent reproduite. Après avoir supposé qu'il existe des millions d'hommes, qui jamais n'entendirent parler de Moïse ni de Jésus-Christ, il ajoute :

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Quand il seroit vrai que l'Évangile est annoncé par toute la terre, qu'y gagneroit-on? La veille du jour que le premier missionnaire est arrivé dans un pays, il est sûrement mort quelqu'un qui n'a pu l'entendre. Or, ditesmoi ce que nous ferons de ce quelqu'un-là ? N'y eût-il dans l'univers qu'un seul homme à qui l'on n'auroit jamais prêché Jésus-Christ, l'objection seroit aussi forte pour ce seul homme que pour le quart du genre hu

» main (1).

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Nul n'est obligé de croire ce qu'il ne peut connoître, et nul ne peut connoître, à moins d'une révélation spéciale, Jésus-Christ et sa doctrine, s'ils ne lui sont point annoncés (2). Avant donc l'arrivée du premier missionnaire dans un pays, les habitans de ce pays sont précisément dans

(1) Émile, liv. IV, tom. III, p. 33. Ed. de 1793.

(2) Quomodo credent ei, quem non audierunt? Quomodo autem audient sine prædicante ?.... Ergo fides ex auditu : auditus autem per verbum Christi. Ep. ad Rom., X, 14, 17.

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