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et l'homme, et où il ne s'agit de rien moins que de l'empire, se rend à la fois coupable du crime de lèse- majesté divine, en niaut l'indépendance absolue ou la divinité de la raison, et du crime de lèse-majesté humaine, en attaquant la souveraineté de l'homme. Comme impie et comme rebelle il doit donc être mis à mort (*). Tout ce qui appartenoit à la Religion proscrite, ses ministres, ses biens, les institutions, les usages, les noms même qu'elle avoit consacrés; en un mot, tout ce qui rappelle le Dieu ennemi, doit périr, tout, et jusqu'à ses temples, et jusqu'à ses images, comme au re

(*) Je dis être mis à mort comme impie; car, qui nié Dieu, est puni de mort, ou éternellement séparé de la société de Dieu, qui est la vie, parce qu'il est la vérité, ego sum veritas et vita. (Joan. xiv, 6). Ce terrible châtiment est un rapport nécessaire, ou une loi immuable de la justice; et c'est parce que cette loi révélée à l'homme est éminemment conforme à sa raison, que, dès qu'il se met à la place de Dieu, il sépare à jamais de sa société, ou punit de mort quiconque refuse de le reconnoître pour Dieu; et cela s'est vu dans les anciens empires d'Orient, et à Rome sous les empereurs, comme en France sous le règne de l'athéisme. Mais Dieu, être éternel, ne punit ses sujets rebelles que lorsqu'ils sont entrés dans la société éternelle, et il attend le repentir

jusque-là; tandis que

nomme, être d'un jours, n'attend pas même jusqu'au soir, que peut-être il ne verra pas, et se hâte de donner la mort, avant que lui-même il la reçoive.

tour du légitime monarque on brise la statue d'un tyran. Aussi, dans la chaleur de cette guerre prodigieuse de l'homme contre Dieu, fut-il question de détruire les livres même où les droits du Souverain-Ètre sont exposés et défendus. Ce n'étoit encore qu'une conséquence juste des maximes en règne, et la seule impossibilité d'une destruction complète empêcha le fanatisme philosophique de donner à l'Europe le même spectacle qu'avoit autrefois donné en Egypte le fanatisme musulman.

Le monde avoit vu plusieurs fois le scandale de l'apothéose individuelle de l'homme, et ce fut même l'origine du paganisme chez toutes les nations. Mais, en devenant Dieu, l'homme cessoit d'être homme. Transformé par l'opinion en un autre être plus parfait, il changeoit de nature; et alors même la tradition conservoit la croyance d'un Dieu suprême éminemment élevé au-dessus de ces divinités subalternes. Chose bien différente, ce fut l'homme abstrait, ou l'humanité conçue sous sa notion propre, que divinisa la philosophie, en excluant tout être supérieur. L'homme s'adora comme homme; et trouvant dans son orgueil et dans ses convoitises le caractère de l'infini, il les choisit naturellement pour l'objet direct de son culte. Il adora son orgueil sons le nom de raison, et l'adora sous l'emblême de la volupté, parce que la volupté, ou l'indépendance effréuée des appétits,

n'est, si l'on me permet cette expression, que l'orgueil des sens, de même que l'orgueil est la volupté de l'intelligence. Et comme il n'est aucun vice ni aucun crime qui ne sorte nécessairement de ces deux passions mères, quand l'homme ne reconnoît plus d'autre autorité, d'autre loi, d'autre Dieu que sa raison; pour la représenter dignement, il fallut chercher tous les vices et tous les crimes personnifiés dans le même être vivant, et cet affreux simulacre, on le trouva dans les antres de la prostitution. Et quelle plus parfaite image, en effet, de l'erreur absolue qui détruit toute vérité, que le désordre profond qui détruit toute vertu, et l'homme, et la famille, et la société? Leçon à jamais mémorable! La raison humaine, dont les bienfaits, annoncés d'avance avec tant de faste, devoient transformer la terre en un séjour de paix et de félicité, cette puissante raison règne enfin; on proclame sa divinité, et ses autels sont des ruines, ses hymnes des chants de proscription, ses prêtres des bourreaux, son culte est la mort, et le néant l'espérance de ses adorateurs.

Il y a dans les doctrines une vertu cachée, une force secrète, ou pernicieuse ou bienfaisante, qui ne s'aperçoit que par ses effets : et cela seul prouveroit que l'homme n'est pas fait choisir ses

croyances,

mais pour

pour

les recevoir de celui qui ne

pcut ui se tromper, ni vouloir le tromper; car si le

jugement de la raison seule en décidoit, presque toujours abusé par de fausses apparences, ou par les sophismes de son esprit, l'homme périroit mille fois, victime de ses vains raisonnemens, avant d'avoir découvert les vérités appropriées à sa nature et nécessaires à sa conservation, puisqu'elles l'étonnent et le confondent, lors même qu'il les connoît avec certitude, et les croit avec une pleine foi. Profond sujet de méditation à qui sait réfléchir : l'instrument d'un supplice atroce, la croix, élevée au milieu des peuples, arrête l'effusion du sang, inspire à l'homme une douceur céleste. On renverse la croix, on présente à sa place, à l'adoration publique, un symbole de volupté; le sang aussitôt coule à grands flots, une fureur inconnue s'empare des cœurs, et les premiers sacrifices offerts à l'obscène idole sont des hécatombes de victimes humaines.

Il y a des vérités et des erreurs à la fois religieuses et politiques, parce que la Religion et la société ont le même principe, qui est Dieu, et le même terme, qui est l'homme. Ainsi une erreur fondamentale en Religion est aussi une erreur fondamentale en politique, et réciproquement. Si donc il existoit une erreur destructive du pouvoir dans la société religieuse, cette erreur, la plus générale qu'on puisse imaginer, devroit être également destructive du pouvoir dans la société poli

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tique; et c'est en effet ce que démontre sans réplique l'histoire de la révolution françoise. En vertu de sa souveraineté, l'homme se soulève contre Dieu, se déclare libre et égal à lui en vertu du même droit, le sujet se soulève contre le pouvoir, et se déclare libre et égal à lui. Au nom de la liberté, on renverse la constitution, les lois, tontes les institutions politiques et religieuses; au nom de l'égalité, on abolit toute hiérarchie, toute distinction religieuse et politique. Clergé, noblesse, magistrature, législation, religion, tont tombe ensemble, et il fut un moment où tout l'ordre social se trouva concentré dans un senl homme. Pendant que cet homme-pouvoir, médiateur entre Dieu et l'homme dans la société politique, comme l'Homme-Dieu est médiateur entre Dieu et l'homme dans la société religieuse; pendant, dis-je, que cet homme exista, rien n'étoit désespéré, et l'ordre, pour ainsi dire, retiré en lui, pouvoit plus tard en sortir, et reparoître au dehors, par un seul acte de sa puissante volonté. On le savoit, et sa mort, résolue dès ce moment, fut comme la dernière ruine qui devoit consommer et éterniser toutes les autres. Depuis le déicide des Juifs, jamais crime plus énorme n'avoit été commis; car le meurtre même de l'innocence ne peut pas y être comparé. Quand Louis monta sur l'échafaud, ce ne fut pas seulement un mortel

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