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LE CHEVALIER.

Je ne fuis pas fi timide que vous.

La même páte, il faut que j'en convienne, N'a point paitri votre branche & la mienne. Quoi, vous penfez être dans tous les tems Maitre abfolu de vos yeux, de vos fens?

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LE CHEVALIE R.

Très fort je vous refpecte,

Mais la fageffe eft tant foit peu fufpecte.
Les plus prudens fe laiffent captiver,
Et le vrai fage est encor à trouver.
Craignez furtout le titre ridicule
De philofophe.

LE MARQUIS.

O l'étrange fcrupule

Ce noble nom, ce nom tant combatu,
Que veut-il dire ? amour de la vertu.
Le fat en raille avec étourderie,
Le fot le craint, le fripon le décrie;
L'homme de bien dédaigne les propos
Des étourdis, des fripons & des fots:

Et

Et ce n'eft pas fur les difcours du monde
Que le bonheur & la vertu fe fonde.
Ecoutez moi. Je fuis las aujourd'hui

Du train des cours où l'on vit pour autrui ; Et j'ai penfé, pour vivre à la campagne, Pour être heureux, qu'il faut une compagne. J'ai le projet de m'établir ici,

Et je voudrais vous marier auffi.

LE

CHEVALIER.

Très humble ferviteur.

LE MARQUIS.

Ma fantaifie

N'eft pas de prendre une jeune étourdie.

LE CHE VALI E R.

L'étourderie a du bon.

LE MARQUIS.

Je voudrais

Un efprit doux, plus que de doux attraits.

LE CHE VALI E R.

J'aimerais mieux le dernier.

LE MARQUIS.

La jeuneffe,

Bb 3

Les

Les agrémens n'ont rien qui m'intéreffe.

Tant pis.

LE

CHEVALIER.

LE MARQUIS.

Je veux affermir ma maifon

Par un hymen qui foit tout de raison.

LE CHEVALIER.

Oui, tout d'ennui.

LE MARQUIS.

J'ai pensé que Dormène

Serait très propre à former cette chaine.

LE CHEVALIER.

Notre Dormène eft bien pauvre.

LE MARQUIS.

Tant mieux.

C'est un bonheur fi pur, fi précieux,

De relever l'indigente nobleffe,

De préférer l'honneur à la richeffe!

C'est l'honneur feul qui chez nous doit former Tout notre fang: lui feul doit animer

Ce fang reçû de nos braves ancêtres,

Qui dans les camps doit couler pour fes maitres.

LE CHEVALIE R.

Je pense ainfi les Français libertins.

Sont gens d'honneur. Mais dans vos beaux

deffeins,

Vous avez donc, malgré votre réserve,
Un peu d'amour ?

LE

MARQU I S.

Qui, moi ? Dieu m'en préferve!

Il faut favoir être maitre chez foi;
Et fi j'aimais, je recevrais la loi.

Se marier par amour, c'eft folie.

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Ma foi, Marquis, votre philofophie

Me parait toute à rebours du bon fens.
Pour moi, je crois au pouvoir de nos fens;
Je les confulte en tout; & j'imagine
Que tous ces gens fi graves par la mine,
Pleins de morale & de réflexions,
Sont destinés aux grandes paffions.
Les étourdis efquivent l'efclavage,

Mais un coup d'oeil peut fubjuguer un fage.

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LE MARQUIS.

Soit; nous verrons.

LE CHEVALIER.

Voici d'autres époux;

Voici la noce; allons, égayons nous.
C'eft Maturin, c'eft la gentille Acante,
C'est le vieux père, & la mère, & la tante,
C'est le Baillif, Colette & tout le bourg.

SCENE

LE MARQUIS, LE

II.

CHEVALIER,

LE

J'En

BAILLIF à la tête des habitans.

LE MARQUIS.

'En fuis touché.-Bon jour, enfans, bon jour,

LE BAILLI F.

Nous venons tous avec conjouiffance
Nous préfenter devant votre Excellence,
Comme les Grecs jadis devant Cyrus

Comme les Grecs.

LE MARQUIS.

Les Grecs font fuperflus.

Je

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