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maines paraissaient, ils rentraient dans leur ville; quand elles se retiraient, ils recommençaient leurs courses, opposant tour à tour l'inaction à la guerre, la guerre à l'inaction. Ainsi de ce côté l'on ne pouvait ni tout négliger, ni rien terminer; et il fallait se précautionner contre d'autres ennemis, pour le mòment, contre les Volsques et les Eques, qui ne restaient jamais en repos que le temps qu'il leur fallait pour oublier leur dernière défaite, et très prochainement, contre les Sabins, en tout temps jaloux de Rome, et qui paraissaient devoir bientôt se mettre en mouvement, ainsi que toute l'Étrurie. Les Véiens étaient un ennemi plus importun que dangereux; leurs continuelles insultes, plus fatigantes qu'alarmantes, exigeaient une surveillance de tous les instants, ce qui occupait des forces qu'on eût tournées ailleurs. Dans cette conjoncture, les Fabius se présentent au sénat. Le consul porté la parole au ⚫ nom de sa famille : « Vous le savez, Pères conscrits, la guerre » des Véiens demande moins des forces considérables que des » forces toujours actives. Donnez vos soins aux autres enne» mis, et abandonnez les Véiens aux Fabius. Nous vous ré»pondons de ne point laisser compromettre la majesté du >> nom romain. Cette guerre sera pour nous une affaire de >> famille ; nous nous chargeons de tous les frais; que la répu>>blique porte ailleurs et ses hommes et ses trésors.» Cette offre fut reçue avec les plus vifs applaudissements. Le consul, au sortir de l'assemblée, s'en retourna chez lui, accompagné de toute la troupe des Fabius, restés dans le vestibule pour attendre le décret du sénat. Après avoir reçu l'ordre de se retrouver le lendemain en armes à la porte du consul, ils regagnent tous leurs maisons.

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XLIX. Cette nouvelle devient l'entretien de toute la ville;

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laudibus ferunt. «< Familiam unam subiisse civitatis > onus: Veiens bellum in privatam curam, in privata » arma versum. Si sint duæ roboris ejusdem in urbe » gentes; deposcant, hæc Volscos sibi, illa Æquos; » populo Romano tranquillam pacem agente, omnes » finitimos subigi populos posse. » Fabii posterâ die arma capiunt: quò jussi erant, conveniunt. Consul paludatus egrediens, in vestibulo gentem omnem suam instructo agmine videt; acceptus in medium, signa ferri jubet. Numquam exercitus neque minor numero, neque clarior famâ et admiratione hominum per urbem incessit. Sex et trecenti milites, omnes patricii, omnes unius gentis, quorum nemi-· nem ducem sperneret egregius quibuslibet temporibus senatus, ibant, unius familiæ viribus Veienti populo pestem minitantes. Sequebatur turba, propria alia cognatorum sodaliumque, nihil medium, nec spem, nec curam, sed immensa omnia volventium animo; alia publicâ sollicitudine excitata, favore et admiratione stupens : « Ire fortes, ire felices »s jubent, inceptis eventus pares reddere: consulatus » inde ac triumphos, omnia præmia ab se, omnes ho» nores sperare. » Prætereuntibus Capitolium, ar

on élève jusqu'aux cieux les Fabius : « Quel prodige, disait-on, » qu'une seule famille ait pris sur elle la charge d'une grande » cité, qu'une guerre nationale soit devenue une querelle » privée, que des particuliers osent combattre tout un peuple! » Eh! s'il existait encore dans Rome deux familles pareilles, » dont l'une réclamât pour elle les Volsques et l'autre les Eques, le peuple romain, sans cesser de jouir d'une paix pro» fonde, pourrait voir bientôt tous ses voisins subjugués. » Le lendemain les Fabius prennent leurs armes; ils se rendent au lieu prescrit. Le consul, revêtu du paludamentum, sort, et trouve dans le vestibule toute sa famille rangée en bataille. Il prend sa place au milieu de cette troupe, et fait lever les enseignes. Jamais on ne vit défiler dans Rome une armée, ni plus petite par le nombre, ni plus grande et par sa gloire personnelle, et par l'admiration publique. Trois cent six guerriers, tous patriciens, tous du même nom, dont pas un n'eût été jugé indigne de présider le sénat dans ses plus brillantes époques, marchaient contre une nation entière qu'ils se promettaient de réduire avec les forces d'une seule famille (a). A leur suite marchait une troupe de leurs parents et de leurs amis, enflammés du même enthousiasme, ne mettant de bornes ni à leurs travaux, ni à leurs espérances, ne roulant dans leur esprit que des pensées grandes comme leur courage. Puis venait la multitude, qui s'intéressait à leur sort, qui les admirait dans une sorte de stupeur. De tous côtés on leur souhaite de la gloire, du bonheur, une fin digne de couronner une aussi belle entreprise; on leur promet à leur retour des consulats, des triomphes, toutes les récompenses, tous les honneurs qu'ils pourront

(a) Denys d'Halicarnasse parle d'un corps d'environ quatre mille hommes, la

cemque, et alia templa, quicquid deorum oculis, quicquid animo occurrit, precantur: «< Ut illud ag» men faustum atque felix mittant: sospites brevi in >> patriam ad parentes restituant. » Incassum missæ preces; infelici viâ dextro Jano portæ Carmentalis profecti, ad Cremeram flumen perveniunt ; is opportunus visus locus communiendo præsidio. L. Æmilius inde, et C. Servilius consules facti. Et donec nil aliud quàm in populationibus res fuit, non ad præsidium modò tutandum Fabii satis erant, sed totâ regione quâ Tuscus ager Romano adjacet, sua tuta omnia, infesta hostium, vagantes per utrumque finem, fecêre. Intervallum deinde haud magnum populationibus fuit: dum et Veientes, accito ex Etruriâ exercitu, præsidium Cremeræ oppugnant, et Romanæ legiones ab L. Æmilio consule adductæ cominus cum Etruscis dimicant acie. Quamquam vix dirigendi aciem spatium Veientibus fuit; adeò inter primam trepidationem, dum post signa ordines introëunt, subsidiaque locant, invecta subitò ab latere Romana equitum ala, non pugnæ modò incipiendæ, sed consistendi ademit locum. Ita fusi retro ad Saxa Rubra (ibi castra habebant) pacem supplices petunt; cujus impetratæ, ab insitâ animis levitate,

plupart amis ou clients des Fabius, sous les ordres desquels ils se rassemblèrent pour marcher tous ensemble contre l'ennemi. (Note de Guerin.)

demander. En passant devant le Capitole, à chaque temple qu'ils rencontrent, ils adressent des vœux au ciel; toutes les divinités que leurs regards présentent à leur imagination, ils les implorent toutes, ils les conjurent de veiller sur ces magnanimes soldats, de les rendre bientôt à leur patrie, aux auteurs de leurs jours. Ces vœux ne devaient point être exaucés; les Fabius prirent une route sinistre, celle où aboutit le Janus à la droite de la porte Carmentale, et gagnèrent les bords du fleuve Crémère, poste avantageux, qu'ils fortifièrent avec un soin extrême. Dans l'intervalle, Lucius Æmilius (a) et Caïus Servilius furent nommés consuls (b). Tant que la guerre se borna à des incursions, les Fabius se trouvèrent suffisamment en forces, non seulement pour se maintenir dans leur poste, mais encore pour couvrir toute la frontiere romaine, du côté de l'Étrurie, et pour désoler même le territoire ennemi. Bientôt les courses et le pillage furent suspendus; les Véiens, ayant tiré des troupes de l'Étrurie, mirent le siège devant le fort de Crémère, et alors il fallut que le consul Æmilius marchât à la tête des légions romaines pour le faire lever. Il combattit les Étrusques en bataille rangée, si toutefois on peut donner ce nom à un engagement où l'ennemi eut à peine le loisir de faire ses dispositions. Pendant qu'ils sont occupés à se ranger en bataille derrière les enseignes et à placer un corps de réserve, la cavalerie romaine fit sur leurs flancs une attaque si brusque, qu'ils n'eurent ni le temps de commencer le combat, ni assez de place pour développer leur ligne; trop heureux dans cette déroute de pouvoir regagner leur camp, situé à Saxa Rubra, d'où ils envoyèrent

(a) Pour la seconde fois.

(6) Au de Rome 276; avant J.-C. 476.

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