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la défaite des deux armées, des deux cités voisines les plus puissantes et les plus redoutables. Pendant cette expédition contre Veïes, les Volsques et les Èques étaient venus camper dans le Latium, qu'ils avaient dévasté. Les Latins, soutenus des Herniques, mais sans recevoir de Rome ni troupes ni général, chassèrent l'ennemi de son camp, reprirent tout ce qu'ils avaient perdu, et s'emparèrent d'un riche butin. Rome envoya cependant le consul Nautius contre les Volsques. On ne voulait pas, je pense, laisser prendre aux alliés l'habitude de compter, pour se défendre, non sur les soldats et les généraux de Rome, mais sur leurs propres forces et leur habileté. On n'épargna aux Volsques ni les maux ni les insultes sans pouvoir les amener à une bataille.

LIV. L. Furius et C. Manlius sont nommés consuls. Veïes échut à ce dernier. Mais il n'y eut point de guerre. L'ennemi obtint une trève de quarante ans, pour prix de la solde et du blé qu'il s'engagea de fournir aux troupes romaines. La paix au dehors ranima les discordes civiles. La loi agraire était l'aiguillon dont les tribuns stimulaient le peuple. Les consuls, sans se laisser effrayer par la condamnation de Menenius, par le danger de Servilius, opposent la plus vive résistance, et, au sortir de charge, sont attaqués par le tribun Cn. Genucius. L. Æmilius et Opiter Virginius parviennent au consulat. Je trouve, dans quelques annales, le nom de Vopiscus Julius, à la place de celui de Virginius. Au reste, quel que soit le nom des consuls de cette année, Furius et Manlius, accusés devant le peuple, pren

buit) rei ad populum Furius et Manlius circumeunt sordidati non plebem magis, quam juniores patrum : suadent, monent : « Honoribus et administratione reipublicæ abstineant; consulares vero fasces, prætextam, curulemque sellam, nihil aliud, quam pompam funeris, putent claris insignibus velut infulis velatos ad mortem destinari. Quod si consulatus tanta dulcedo sit, jam nunc ita in animum inducant, consulatum captum et obpressum ab tribunicia potestate esse; consuli, velut adparitori tribunicio, omnia ad nutum imperiumque tribuni agenda esse. Si se commoverit, si respexerit patres, si aliud, quam plebem, esse in republica crediderit, exsilium C. Marcii, Menenii damnationem et mortem, sibi proponat ante oculos. » His accensi vocibus patres consilia inde, non publica, sed in privato, seductaque a plurium conscientia, habere : ubi quum id modo constaret, jure an injuria eripiendos esse reos, atrocissima quæque maxime placebat sententia: nec auctor quamvis audaci facinori deerat. Igitur judicii die, quum plebs in foro erecta exspectatione staret, mirari primo, quod non descenderet tribunus : deinde, quum jam mora suspectior fieret, deterritum a primoribus credere, et desertam ac proditam caussam publicam queri. Tandem, qui obversati vestibulo tribuni fuerant, nunciant, domi mortuum esse inventum : quod ubi in totam concionem pertulit rumor, sicut acies funditur duce occiso, ita dilapsi

nent le deuil, et en parcourant l'assemblée en s'adressant surtout aux jeunes patriciens, ils les engagent « à profiter de leur propre expérience, à renoncer aux honneurs et au gouvernement; car les faisceaux consulaires, la robe prétexte, la chaise curule ne doivent plus être regardés que comme l'appareil d'une pompe funéraire. Tous ces brillans ornemens ne sont que les bandelettes dont on pare les victimes. Si le consulat a pour eux tant de charmes, qu'ils se persuadent du moins que cette magistrature, asservie au tribunat, est dans sa dépendance; que le consul n'est plus que l'appariteur des tribuns, qu'il doit au premier signe exécuter leurs ordres. S'il tente le moindre effort, s'il tourne les yeux vers le sénat, s'il pense que le peuple ne compose pas à lui seul toute la république, qu'il songe à l'exil de C. Marcius, à la condamnation et à la mort de Menenius. » Animés par ces discours, les patriciens tiennent non plus ouvertement, mais en secret, des assemblées, où ils n'admettent qu'un petit nombre d'affidés. On y était d'accord qu'il fallait à tout prix sauver les accusés, et les moyens les plus violens trouvaient le plus de faveur. Il se présentait des bras prêts à exécuter. Le jour du jugement, le peuple réuni sur le forum, en suspens et dans l'attente, s'étonne d'abord de ne pas voir paraître le tribun. Bientôt ce retard éveille le soupçon; on croit qu'effrayé par le sénat il abandonne la cause publique, on l'accuse de trahison. Enfin, ceux qui se trouvaient devant le vestibule du tribun, annoncent qu'on vient de le trouver mort dans sa chambre. A peine cette nouvelle s'est-elle répandue dans l'assemblée, que tous se dispersent, comme une armée qui vient de perdre son général. Chacun fuit de son côté, Rien n'égale la terreur des tribuns. La mort de leur

passim alii alio. Præcipuus pavor tribunos invaserat, quam nihil auxilii sacratæ leges haberent, morte collega monitos. Nec patres satis moderate ferre lætitiam : adeoque neminem noxiæ pœnitebat, ut etiam insontes fecisse videri vellent, palamque ferretur, malo domandam tribuniciam potestatem.

LV. Sub hac pessimi exempli victoria delectus edicitur paventibusque tribunis, sine intercessione ulla consules rem peragunt. Tum vero irasci plebes, tribunorum magis silentio, quam consulum imperio, et dicere : «< Actum esse de libertate sua; rursus ad antiqua reditum; cum Genucio una mortuam ac sepultam tribuniciam potestatem aliud agendum, ac cogitandum, quomodo resistatur patribus. Id autem unum consilium esse, ut se ipsa plebs, quando aliud nihil auxilii habeat, defendat. Quatuor et viginti lictores adparere consulibus, et eos ipsos plebis homines. Nihil contemtius, neque infirmius, si sint, qui contemnant. Sibi quemque ea magna atque horrenda facere.» His vocibus alii alios quum incitassent, ad Voleronem Publilium, de plebe hominem, quia, quod ordines duxisset, negaret, se militem fieri debere, lictor missus est a consulibus. Volero adpellat tribunos. Quum auxilio nemo esset, consules spoliari hominem, et virgas expediri jubent. «Provoco, inquit, ad populum, Volero, quoniam tribuni civem romanum in conspectu suo virgis cædi malunt, quam ipsi in lecto

collègue venait de leur apprendre combien les lois sacrées étaient pour eux une faible défense. Les patriciens ne mirent point assez de mesure dans l'expression de leur joie. Ce crime leur inspirait si peu de remords, que ceux même qui y étaient étrangers voulurent en paraître complices, et disaient tout haut qu'il fallait de ces grands coups pour dompter le tribunat.

LV. Au déplorable exemple de cette criminelle victoire succède un décret d'enrôlement. Les tribuns, épouvantés, n'opposent aux consuls aucune résistance. Alors le peuple s'irrite plus encore du silence des tribuns que de la rigueur des consuls; il s'écrie : « Que c'en est fait de sa liberté; qu'il retombe sous l'antique oppression; le tribunat est enseveli dans la tombe de Genucius. Il faut chercher, il faut inventer d'autres moyens de résister aux patriciens. La seule ressource qui reste au peuple est de se défendre lui-même, puisque tous les secours lui manquent. Les consuls comptent autour d'eux vingt-quatre licteurs, qui sont aussi des hommes du peuple. Et quelle faible et misérable barrière, si on l'ose mépriser. Mais chacun se la rend imposante et redoutable. » Ils s'animaient ainsi l'un l'autre, quand les consuls envoient un licteur pour saisir Voléron Publilius, plébéien, qui, après avoir été centurion, refusait de servir comme soldat. Voléron s'adresse aux tribuns; comme aucun d'eux ne venait à son secours, les consuls ordonnent de le dépouiller de ses vêtemens et de préparer les verges. « J'en appelle au peuple, s'écrie Voléron, puisque les tribuns aiment mieux voir un citoyen romain battu de verges sous leurs yeux, que de s'exposer à être assassinés par vous dans

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