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elle évite son atteinte, et sa queue se déploie pour briser à son tour l'arme cruelle dont elle est dépourvue. L'espadon fuit et revient; il attaque, il se défend : aussi prompt que la bombe chassée par le salpêtre, il s'élève et retombe comme elle. Enfin il est vainqueur : sa tranchante épée s'est fait jour dans le corps de son ennemi ; mais il ne peut plus s'en dégager lui-même, il reste attaché sur la plaie qu'il a faite. Alors on voit les deux monstres se débattre; l'onde en est agitée; elle se teint de leur sang, et leur combat finit avec leur vie. Féroces animaux ! est-ce vous qui avez offert les premiers aux hommes ces sanglans spectacles? ou les hommes cruels vous en ont-ils donné les premières leçons? Inhabile aux combats, le soufleur pacifique se réjouit du calme des ondes; il joue sur leur surface, il s'étend sur le dos, il se redresse et paraît marcher sur les eaux; il les pompe, il les aspire, et les fait jaillir de ses narines. L'oeil se plaît à tous ces mouvemens on cesse de se plaindre de l'absence des vents qui nous dérobent ces spectacles divers. Mais un monstre hideux et formidable nage autour du navire.

Attiré par l'odeur forte qui s'exhale du bord, il ouvre sa large gueule, garnie d'un triple rang de dents, et semble attendre sa proie. O matelots! qui supportez impatiemment la chaleur accablante, ne vous confiez plus à la sérénité perfide de la mer ! Qu'il vous souvienne du sort déplorable de votre jeune compagnon! Fier de son adresse et de sa légèreté, on le voyait nager de la poupe à la proue: il appelle ses camarades, il leur vante la fraîcheur de l'eau; elle rend à ses membres leur souplesse et leur ressort. Les plus hardis se disposent à l'imiter; mais on entend un cri perçant, la pâleur dé la mort est déjà sur son front: il a vu le requin, ce monstre vient à lui. On frémit, on jette des cordages, le nageur s'en saisit: on l'enlève, il est hors de l'eau ; mais le monstre s'élance, il l'atteint, et cet infortuné ne peut plus conserver que les restes sanglans de son corps déchiré.... Ses forces l'abandonnent, la corde lui échappe, il retombe, il disparaît, il est dévoré. Ainsi les matelots frémissent à l'aspect du requin', lors même qu'ils n'ont point à le craindre: ils voudraient en purger les mers; ils se disputent à qui lancera le premier le

harpon acéré. Les uns cachent le fer meurtrier sous un appât de viande salée ; et tandis que leurs mains présentent au monstre un aliment, leurs yeux menaçans lui promettent la mort. D'autres préparent des palans pour le hisser à bord. L'avide requin dévore tout ce qui s'offre à lui; il sent le fer et veut le repousser; ses dents vont le briser. Les efforts violens qu'il fait pour se dégager, fatiguent les matelots: on le perce avec les crocs, on l'entrave dans les cordages, et, à l'aide des poulies, on l'amène sur le pont. C'est alors que sa force se déploie; le fouet de sa queue ébranle le navire; son sang ruisselle de toutes parts, il paraît expirant, et c'est à coups de hache qu'il faut lui arracher la vie.

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Cependant des nuages légers paraissent à l'orient; ils se croisent, et le vent qui les chasse arrive jusqu'à nous : la voile,s'enfle, résiste, et le navire obéit.

LE SOIR.

Tandis que les esclaves de la mollesse distribuent les heures entre le plaisir et le repos, il est des hommes dont la vie labo

rieuse semble un effort continuel de la nature. O vous! qui étendez vos besoins jusqu'aux superfluités étrangères, riches fastueux, apprenez ce qu'il en coûte de peines et de travaux pour satisfaire la frivolité de vos goûts, l'extravagance de vos desirs Mais que votre orgueil barbare n'imagine pas commander à l'indigence vous en êtes tributaires. Semblables à ces masses insensibles dont l'architecte forme le faîte d'un palais, on les voit prêtes à écraser les colonnes qui le soutiennent; mais leur volume et leur poids, sont dans les proportions de l'édifice. L'inquiétude de l'abondance vous tient lieu d'humanité; elle vous conduit à la porte du pauvre : vous sollicitez son industrie, et sans cesser de lui être odieux, vous devenez son bienfaiteur ainsi nous voyons la même nuée engendrer les orages destructeurs et les pluies salutaires.

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L'astre que nous avons vu s'élever rapidement jusqu'au sommet de la voûte azurée, abaisse ses feux étincelans, et s'annonce déjà sur un autre hémisphère.

O vous dont les savantes veilles éclairent nos travaux venez jouir du fruit de vos

leçons; voici le moment où l'on peut vous offrir un spectacle digne de vous. L'étroite enceinte de ce navire est devenue le théâtre des arts.

Nous n'avons pu demander au soleil que l'indication précise de la région qu'il habite; mais pour trouver sur la mer le point que nous cherchons, ce n'est pas assez de savoir la distance où nous sommes de l'un et l'autre pôle, il faut aussi déterminer le chemin que nous avons fait, à l'orient ou à l'occident.

L'usage du loch nous a appris la quantité de chemin que nous parcourions dans un tems convenu; l'aiguille aimantée nous indique de quel point du globe part le vent qui nous chasse, et la carte réduite nous met sous les yeux la position graduée de la terre que nous avons quittée, et de celle que nous cherchons en sortant du port. En perdant la terre de vue, le pilote en a conservé la distance, il la mesure sans cesse. Ce premier point de départ noté sur la carte, il y place aussi son navire, et le suit dans sa course; il marque à toutes les Heures les rhombes de vent qu'il a parcourus, et ce qu'il fait de chemin par chacun d'eux.

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