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dévoilé l'azur du firmament. La mer abandonnée à ses propres élans, marque par ses ondulations la trace légère des zéphirs, et le vaisseau dont les bras sont dépouillés de Jeurs forces mouvantes, divise plus lentement la colonne d'eau qui s'oppose à son passage. L'agile matelot va lui rendre sa vitesse ; il vole des haubans sur la hune,s'élance sur la vergue, et s'y tenant suspendu, il dégage d'une main hardie le cordage qui tenait la voile captive; elle s'enfle aussitôt, et reçoit dans son sein le vent qu'elle avait fui.

Pendant que le capitaine ordonne et conduit la manoeuvre, le pilote, averti par un sable dont la chute précipite et mesure les heures, prépare l'utile instrument qui doit déterminer la course du navire;.son bois triangulaire est armé par un de ces côtés d'une lame de plomb qui lui fait couper perpendiculairement la surface de l'eau; et tandis que le navire s'éloigne du point fixe où le bois s'est plongé, le cordeau qui le saisit s'échappe en tournant librement sur un pivot, et marque par ses nœuds, divisés en distances égales, l'es, pace parcouru pendant la cent vingtième partie d'une heure.

Cependant un nuage épais s'élève sur l'avant. du vaisseau; le passager timide s'effraie à l'aspect des fourneaux enflammés, et le noir cyclope qui habite cet antre enfumé, prépare, en chantant, les légumes et les viandes salées. Non loin de là une odeur malfaisante frappe les sens alarmés ; mais l'équipage s'applaudit de ne voir rendre à la pompe agitée que des eaux noires et croupissantes, signe heureux des efforts impuissans que fait la mer pour pénétrer dans les fonds du navire. Le matelot satisfait abandonne les pistons, et vole à un nouveau travail; les uns puisent de l'eau que d'autres répandent de la poupe à la proue; le pont est inondé, et les pores du bois humectés ne sont plus desséchés par l'ardeur du soleil. Alors on ouvre les panneaux, et l'air, captif pendant la nuit, circule librement; mais l'airain sonore s'est fait entendre: que celui qui travaille et celui qui se repose volent sur le tillac; on va rendre au souverain maître des élémens l'hommage qui lui est dû. L'enceinte de nos temples borné trop à nos yeux sa grandeur infinie. O vous! qui errez sur le vaste sein des mers, prosternez-vous au pied de son trône redou

table; il est suspendu sur vos têtes; publiez ses merveilles, vous en êtes entourés; célébrez ses bienfaits; il renouvelle pour vous la colonne de feu qui conduit les israélites dans le désert; il recommande aux cieux de tourner sur leur axe, et de vous présenter dans un ordre immuable les révolutions des astres. Il trace sur un cercle les signes auxquels vous devez reconnaître la marche du soleil ; il lui prescrit des limites, afin que vous distinguiez la région qu'il habite; il chasse du centre de la terre les tourbillons de matière magnétique; et les faisant circuler d'un pôle à l'autre, il ordonne à l'aimant de vous marquer leurs traces invisibles; il assujettit le tems et l'espace à vos calculs; il distribue les vents sur tous les points de l'horizon, et trace à chacun d'eux la ligne qu'ils doivent parcourir.... Que son bras tout-puissant les enchaîne ou les déploie sur les flots irrités, l'Océan sera votre tombeau. Adorons le Dieu de l'univers; que nos fronts s'humilient devant sa majesté sainte.

L'équipage qui s'est rassemblé pour sa tisfaire à ce pieux devoir, cherche dans un léger repas le retour de ses forces; et

ceux qui ont vu commencer et finir huit fois de suite les révolutions du sable, sont remplacés sur le pont par leurs compagnons reposés. Les maîtres préparent et distribuent divers travaux. Le vent favorable n'est plus contraint par l'exercice des mancuvres; mais la molle oisiveté n'apprendrait point au matelot à lutter contre les tem pêtes; il faut que ses bras nerveux soient toujours en action, et que le travail alimente sa vigueur. Cependant le pilote veille sur le gouvernail; il commande au timonier d'en compasser les mouvemens, afin que le navire ne s'écarte pas de la ligne droite qu'il doit décrire; il observe les banderolles flottantes, et compare leur direction avec celle de la boussole; il s'aper çoit que le vent qui prolongeait la poupe, la coupe obliquement; il fait orienter les voiles, leurs angles s'ouvrent, et le vaisseau fuit plus rapidement.

Quel est celui que je vois appuyé sur la lisse ? Il examine le sillage du vaisseau, et trop lent à son gré, il voudrait précipiter sa course.... Mortel! ainsi s'écoule le torrent de la vie ; et tes desirs impatiens appellent l'avenir: il arrive; mais tu n'es plus.

LE MIDI.

Lorsque le soleil, réunissant ses rayons, les darde perpendiculairement sur les campagnes, le voyageur fatigué regarde autour de lui; il s'étonne de ne point apercevoir les toîts des maisons; mais il entend la voix bruyante des villageoises qui portent sur leur tête des corbeilles d'osier: elles s'avancent d'un pied léger à travers les haies d'aubépine. Alors il voit les moissonneurs abandonner la faulx, et leurs petits enfans, qui ramassaient les épis échappés de la gerbe, s'assemblent autour d'eux; ils vont à la rencontre des femmes, qui ont déjà posé sur le gazon le pain noir avec l'ail et le sel, et les vases qui contiennent l'eau rougie. Le voyageur aborde cette troupe rustique, qui le salue avec bienveillance, et lui apprend à quelle distance il est du bourg le plus voisin. On lui indique tous les points de remarque. Là, il trouvera une fontaine couverte de cresson, et il la laissera à l'occident, pour suivre une allée de noyers qui se présente à lui: plus loin il apercevra des prés bordés de

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