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Rowland, dans sa Mona antiqua restaurata, ayant à décrire l'île d'Anglesey, commence son histoire par un tableau du chaos, pour expliquer l'origine des îles par la séparation de la terre et de l'eau.

Blackwell, littérateur écossais du dix-huitième siècle, commence ses Mémoires de la cour d'Auguste par remonter jusqu'à Énée, pour expliquer l'origine des Romains. Il passe de là à Romulus et à des digressions fort étrangères à son sujet, telles que la comparaison des lois romaines avec les lois anglaises, de la nation française avec la république de Venise, le tableau des guerres de l'Europe depuis Charles-Quint jusqu'à Louis XIV, etc. Les dernières pages sont seules consacrées à l'histoire de l'empereur romain.

Le savant prélat italien, Baïardi, dont nous avons déjà parlé dans les Curiosités littéraires (p. 208) au chapitre des idées singulières, ayant été chargé du catalogue des antiquités d'Herculanum, commença par publier un Prodrome en 5 vol. in-4. Un de ses compatriotes, le Napolitain Jacques Martorelli, publia, en 1756, un traité intitulé De regia theca calamaria; il s'agissait d'un vase antique destiné, suivant quelques savants, à recevoir des parfums, et regardé par Martorelli comme une écritoire. Ce fut pour soutenir son opinion qu'il composa deux volumes in-4 devenus assez rares, où il a cru devoir remonter à l'origine de l'écriture, et passer en revue tous les instruments et les procédés employés pour écrire par les différents peuples du monde.

Sabbathier, compilateur du dernier siècle, n'a pas agi tout à fait de même; dans les Mœurs, coutumes et usages des anciens peuples, il a oublié les Romains.

Le contenu des livres de dévotion dont nous avons

parlé plus haut (p. 251 et suiv.) répond en général à l'extravagance de leur titre. Nous parlerons seulement d'un petit livre de seize pages, probablement assez rare. Il est intitulé : Dévote salutation aux membres sacrez du corps de la glorieuse Vierge Mère de Dieu, par R. P. I. H., capucin; Paris, Hauteville, 1678, in-16. Voici quelques-unes des dévotes salutations du bon père : Aux cheveux.

« Je vous salue, cheveux charmants de Marie, rayons du soleil mystique, lignes du centre et de la circumférance de toute la perfection créée, veines d'or de la mine d'amour, liens de la prison de Dieu, racines de l'arbre de vie, ruisseaux de la fontaine du paradis, cordes de l'arc de la charité, filets de la prise de Jésus et de la chasse des âmes. >>

Aux oreilles.

« Je vous salue, oreilles intelligentes de Marie, présidiaux de la princesse des pauvres, tribunaux de leurs requêtes, salut de l'audience des misérables, universitez de la sapience divine, receveuses généralles des pupilles, percées des annelets de nos chaînes, emperlées de nos nécessités. »

Au palais.

« Je vous salue, doux palais de la bouche de Marie, ruche à miel qui en sucre ses lèvres, qui coule le nectar du ciel, qui confit l'absynthe de nostre vie, qui adoucit nos amertumes, cave du vin de l'amour qui réjouit le cœur des hommes. »>

A la poitrine.

« Je vous salue, poitrine charitable de Marie, port

assuré des naufragants, retraite des exilez, temple de nostre recours, cabinet des célestes pensées, litières de l'Enfant-Jésus, hospital des incurables, hospice des pèlerins, trésors des délices de Dieu.

Aux mammelles.

« Je vous salue, mamelles virginales de Marie, nourrisses du nourrissier de l'univers, aumônières de l'indigence et de la pauvreté de Dieu, procuratrices des aliments de Jésus, vivandières célestes de ses innocents appétits, vases de rosée du ciel, fontaines de manne coulante, nacres de perles liquides, sources de sucre et de laict'.>>

« La multitude étonnante des livres ne doit point épouvanter, a dit Voltaire. On a remarqué que Paris contient environ sept cent mille hommes; qu'on ne peut vivre avec tous, et qu'on choisit trois ou quatre amis. Ainsi il ne faut pas plus se plaindre de la multitude des livres que de celle des citoyens. » Il dit ailleurs : « Aujourd'hui on se plaint du trop; mais ce n'est pas aux lecteurs à se plaindre; le remède est aisé; rien ne les force à lire. Ce n'est pas non plus aux auteurs; ceux qui font la foule ne doivent point crier qu'on les presse. Malgré la quantité énorme des livres, combien peu de gens lisent! et si on lisait avec fruit, verrait-on les déplorables sottises auxquelles le vulgaire se livre encore tous les jours en proie2 ? »

Finissons ce chapitre en ajoutant quelques mots desti

• Mélanges tirés d'une petite Bibliothèque, par C. Nodier, 1829, p. 126 et suiv.

2 Dictionnaire philosophique, art. BIBLIOTHÈQUE et LIVRES.

nés à compléter ce que nous avons dit (p. 264) sur les portraits placés dans les livres.

Cet usage remonte à une haute antiquité. Varron avait intercalé dans ses ouvrages non-seulement les noms, mais les portraits de sept cents hommes célèbres. Atticus avait publié un volume renfermant les portraits des Romains les plus illustres, et placé au bas de chaque portrait quatre ou cinq vers donnant un abrégé de la vie 'de celui qu'il représentait. A la fin du premier siècle, on vendait les œuvres de Virgile avec son portrait; c'est du moins ce qu'on peut conclure de l'épigramme où Martial s'écrie: « Voyez comme un petit livre peut contenir le grand Virgile! et le premier feuillet nous offre son image. >>

PRIX PAYÉS AUX AUTEURS

POUR LEURS OUVRAGES.

Géraud, dans l'excellent ouvrage que nous avons eu si souvent l'occasion de citer, a soutenu la thèse qu'il n'y cut jamais chez les anciens aucune relation d'intérêt entre les libraires et les auteurs, ces derniers ne trafiquant jamais de leurs ouvrages. Il apporte, à l'appui de son opinion, plusieurs raisons, entre autres le silence gardé sur la propriété littéraire par les lois romaines, depuis les lois des Douze Tables jusqu'aux dernières Novelles des empereurs d'Orient. Mais une loi sur la propriété littéraire n'aurait servi à rien avant la découverte de l'imprimerie; car rien n'aurait pu empêcher les libraires

d'Asie ou d'Afrique de faire transcrire et de vendre un ouvrage publié à Rome. Cette preuve nous paraît donc peu concluante, comme celle que Géraud tire de la pauvreté de certains écrivains tels que Martial et Stace, dont les poésies avaient eu une vogue immense du vivant de leurs auteurs. Aujourd'hui où la propriété littéraire est si bien garantie, ne voyons-nous pas tous les jours le libraire en carrosse et l'écrivain à pied? « Lorsqu'il se présentait une spéculation avantageuse, dit Géraud, les libraires n'épargnaient ni les visites, ni les sollicitations, ni les flatteries pour obtenir de l'auteur le précieux manuscrit dont la publication leur promettait quelques avantages1.» Cette phrase ne semble-t-elle pas la réfutation du système de Géraud? Car quand il se présentait une spéculation avantageuse, les libraires devaient, à ce qu'il nous semble, se faire concurrence auprès de l'auteur, et comment supposer qu'ils n'employassent pas alors, pour obtenir son manuscrit, le moyen le plus simple et le plus naturel, l'argument irrésistible, comme dit Basile, l'offre d'une somme d'argent? Nous croyons donc que les auteurs devaient vendre leurs ouvrages aux libraires, qui ne devaient les payer qu'un prix fort modéré; car nous ne pensons pas que la profession de libraire dans l'antiquité fût à beaucoup près aussi lucrative que dans les temps modernes.

Quoi qu'il en soit, voici quelques indications sur les profits que certains auteurs anciens ou modernes ont retirés de leurs ouvrages.

La première année de la 48° Olympiade (444 av. J.-C.), Hérodote ayant lu aux Athéniens assemblés les morceaux

Essai sur les Livres, p. 194 et suiv.

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