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A Meffieurs les gens de Finance De méchans livres bien paiez. Ces mots remplis d'impertinence Eurent le fort qu'ils méritoient. L'homme lettré fe teut, il avoit trop à dire. La guerre le vengca, bien mieux qu'une fatyre. Mars détruifit le lieu que nos gens habitoient. L'un & l'autre quita fa Ville. L'ignorant refta fans azile;

Il receut par tout des mépris; L'autre receut par tout quelque faveur nouvelle. Cela décida leur querelle.

Laiffez dire les fots; le favoir a fon prix.

CLXI.

Jupiter & les Tonnerres.

Upiter voiant nos fautes,

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Rempliffons de nouveaux hôtes
Les cantons de l'Univers,
Habitez par cette race

Qui m'importune & me laffe.
Va-t-en, Mercure, aux Enfers;
Ameine-moi la Furie

La plus cruelle des trois.
Race que j'ai trop cherie,
Tu periras cette fois.
Jupiter ne tarda guere
A moderer fon transport,

O vous Rois qu'il voulut faire
Arbitres de notre fort,
Laiffez entre la colere
Et l'orage qui la fuit
L'intervalle d'une nuit.

Le Dieu dont l'aifle eft legere,
Et la langue a des douceurs,
Alla voir les noires Sœurs,
A Tifiphone & Mégere;
Il préfera, ce dit-on,
L'impitoyable Alecton.
Ce choix la rendit fi fiere,
Qu'elle jura par Pluton
Que toute l'engeance humaine
Seroit bien-tôt du domaine
Des Deïteż de là bas.
Jupiter n'approuva pas
Le ferment de l'Eumenide.
Il la renvoie, & pourtant
Il lance un foudre à l'inftant
Sur certain peuple perfide.
Le tonnérre ayant pour guide
Le pere méme de ceux
Qu'il menaçoit de fes feux,
Se contenta de leur crainte,
Il n'embraza que l'enceinte
D'un defert inhabité.
Tout pere frape à costé.
Qu'arriva-t-il? nôtre engeance
Prit pied fur cette indulgence.
Tout l'Olympe s'en plaignit:
Et l'affembleur de nuages
Jura le Stix, & promit

/ 1.

De

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De former d'autres orages:
Ils feroient feurs. On föurit:
On lui dit qu'il étoit pere,
Et qu'il laiffaft pour le mieux
A quelqu'un des autres Dieux
D'autres tonnerres à faire.
Vulcan entreprit l'affaire,
Ce Dieu remplit fes fourneaux
De deux fortes de carreaux.
L'un jamais ne fe fourvoye,
Et c'eft celuy que toûjours
L'Olympe en corps nous envoye.
L'autre s'écarte en fon cours;
Ce n'eft qu'aux monts qu'il en coute:
Bien fouvent méme il fe perd,
Et ce dernier en fa route,
Nous vient du feul Jupiter,

CLXII.

Le Faucon & le Chapon.

UNe traitreffe voix bien fouvent vous appelle;
Ne vous preffez donc nullement:
Ce n'étoit pas un fot, non, non,& croyez m'en,
Que le Chien de Jean de Nivelle. -

Un citoien du Mans Chapon de fon métier
Etoit fommé de comparaitre

Par devant les lares du maître,

Au pied d'un tribunal que nous nommons foyer. Tous les gens luy crioient pour déguiser la chose,

R 4

Pe

Petit, petit, petit: mais loin de s'y fier,
Le Normand & demi laifloit les gens crier;
Serviteur, difoit-il, votre appat cft groffier;
On ne m'y tient pas; & pour caufe.
Cependant un Faucon fur fa perche voyait
Nôtre Manceau qui s'enfuyoitusot donar
Les Chapons ont en nous fort peu de confiance,
Soit inftinct, foit experiencelariist
Celui-ci qui ne fût qu'avec peine attrapé,
Devoit le lendemain étre d'un grand foupé,
Fort à l'aife, en un plat, honneur dont la volaille
Se feroit paffée aifément. 199

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L'Oifeau chaffeur luy dit: Ton peu d'entendement Me rend tout étonné: Vous n'étes que racaille, Gens groffiers, fans efprit, à qui l'on n'apprend rien. Pour moy, je fçais chaffer & revenir au maître.

Le vois-tu pas à la feneftre..

Il t'attend, es-tu fourd? Je n'entends que trop bien,
Repartit le Chapon; Mais que me veut-il dire,
Et ce beau Cuifinier armé d'un grand couteau?
'Reviendrois-tu pour cet appeau;
Laiffe-moy fuir, ceffe de rire

De l'indocilité qui me fait envoler

Lors que d'un ton fi doux on s'en vient m'appeller.
-Si tu voyois mettre à la brochen
Tous les jours autant de Faucons.

Que j'y vois mettre de Chapons, 20

Tu ne me ferois pas un femblable reproche

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Q

CLXIII.

Le Chat & le Rat.

Uatre animaux divers, le Chat grippe-fromage,
Trifte-oifeau le Hibou, Ronge-maille le. Rat
Dame Bellette au long corfage,

Toutes gens d'efprit fcelerat,

Hantoient le tronc pourry d'un pin vieux & fauvage. Tant y furent qu'un foir à l'entour de ce pin L'homme tendit fes rets. Le Chat de grand matin Sort pour aller chercher fa proye.

Les derniers traits de l'ombre empefchent qu'il ne voye

Le filet; il y tombe, en danger de motrir; Et mon Chat de crier, & le Rat d'accourir, L'un plein de defefpoir, & l'autre plein de joye. il voyoit dans les laqs fon mortel ennemy. Le pauvre Chat dit: Cher amy,

Les marques de ta bienveillance

Sont communes en mon endroit.
Vien m'aider à fortir du piege où l'ignorance
M'a fait tomber; C'est à bon droit

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Que feul entre les tiens par amour finguliere
Je t'ay toujours choyé, t'aimant comme mes yeux.
Je n'en ay point regret &, j'en rends grace aux Dieux.
J'allois leur faire ma priere;

Comme tout devot Chat en ufe les matins.
Ce rezeau me retient; ma vie eft en tes mains.
Vien diffoudre ces noeuds. Et quelle recompenfe
AI VIZIO
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En

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