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il crut que c'étaient des gens qui avaient fait une mauvaise action, et qui ne voulaient pas être reconnus.

On lui fit boire un grand verre d'eau-devie qui l'enivra; se sentant accablé par un assoupissement invincible, il se crut à son dernier moment, mais cette idée ne l'affligea point: Je n'aurais pas cru, disait-il, qu'on put sortir si doucement de ce monde. Cela ne fait aucun mal.

Tels sont ces hommes simples que nous appelons sauvages; nous les méprisons, mais ils l'ignorent. Ils mènent une vie uniforme, mais tranquille, et voient la mort sans trouble et sans effroi. Ce petit peuple sera un jour plus éclairé; est-il bien sûr qu'il en sera plus heureux ?

S.

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AUREA mediocritas. C'est ainsi que pensait et l'exprimait entre Mécène et Virgile, un homme comblé des faveurs des Muses et de la fortune, le plus voluptueux des épicuriens et le premier des poëtes philosophes.

Fort d'une autorité si importante, j’entreprends l'éloge de la médiocrité ; il convient mieux à mon siècle qu'à celui d'Auguste, et j'aurai sur Horace l'avantage de louer ainsi indirectement mes contemporains.

Je les blesserais sans doute, si, vantant des perfections qu'ils n'ont pas, je célébrais les dons du génie, et les prodiges des antiques vertus; mais comme il n'y a eu dans aucun tems plus d'hommes médiocres que dans celui-ci, le moment que je saisis et le sujet que je traite me répondent également du succès.

S'il arrivait qu'un amour-propre malentendu, ou qu'une modestie excessive engageât quelques personnes à refuser la distinction qu'elles méritent; qu'elles

crussent paraître au-dessus de la médiocrité en la dédaignant, et qu'elles se persuadassent qu'un témoignage de mépris serait un titre d'exemption, j'avertirais ceux qui n'ont pas d'autre preuve, qu'elle est très-équivoque, pour ne rien dire de plus, parce qu'il est démontré que les défauts contre lesquels on s'emporte le plus, ne sont pas ceux que l'on aime le moins, et que l'on n'affecte de répandre la morale en discours, que pour se dispenser de la mettre en action.

Cette opinion est d'un tel poids pour certains observateurs, qu'ils n'hésitent pas à commander de s'abstenir de toute affaire d'intérêt avec les gens qui parlent sans cesse de probité; ils professent aussi cette autre maxime: N'attendez point de commisération de ces êtres qui exaltent habituellement la bienfaisance.

Au reste, je déclare avec les détracteurs de la médiocrité, qu'elle est insupportable dans les arts et dans les lettres; qu'une musique sans expression, qu'un tableau sans vérité, qu'une tragédie sans intérêt, sont détestables; que dès que l'auteur est faible, il est rebutant; que dès

:

dont il s'agit? Est-il absolument impossible que l'air plus pur et plus rare, que ces étrangers ont respiré, et dont leur haleine et leurs habits sont encore pour ainsi dire imprégnés, ait conservé quelque qualité capable de donner cette espèce de rhume à des hommes vivans dans un air épais et grossier ? Nous avouons que ces rapports sont bien subtils, et qu'on ne voit guère de proportion entre cette cause et l'effet que nous y supposons aussi n'avons-nous pas grande confiance en cette explication; mais nous ajouterons qu'il ne faut pas s'arrêter trop rigoureusement sur cette proportion des effets physiques avec leurs causes; n'échappe-t-elle pas en mille cas divers aux recherches des philosophes? Ceux qui riront en attendant raconter qu'un étranger qui arrive dans une île, enrhume sur-le-champ tous les habitans, riraient sans doute bien davantage, si, n'ayant jamais entendu parler de la peste, ils lisaient qu'une lettre envoyée du Caire à Marseille, a répandu un poison invisible, qui a fait périr dix mille hommes en six semaines. Des peuples de l'Amérique trempent la pointe de leurs flèches dans un suc enve

nimé, dont l'action est aussi prompte que la foudre; une seule goutte presqu'imperceptible, introduite au bout du doigt dans les pores de l'épiderme, donne la mort en une minute. Quelle proportion y a-t-il entre cet effet et sa cause?

Que conclure de tous ces raisonnemens? Que le rhume merveilleux de Saint-Kilda est un fait avéré? Non; mais qu'il faut attendre et douter. Nous connaissons encore trop peu les forces et les moyens de la nature, pour être en état de fixer les limites de son action; d'un autre côté, ik ne faut pas ajouter trop de foi aux traditions qui paraissent les plus constantes et les plus fidèles. Les témoignages des hommes n'ont jamais qu'une force proportionnée à la probabilité des choses qu'ils

attestent.

il

Terminons cet extrait par quelques observations sur la religion, le caractère et les mœurs des habitans de Saint-Kilda. Ils sont protestants, et n'ont qu'un culte fort simple, auquel ils paraissent attachés sans superstition. Il y a dans l'île une église, et un ministre qui en fait le service, qui prêche, instruit et baptise les enfans, etc.

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