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C'est un forfait de plus. -Fuis-moi; ces entretiens
Sont un crime pour moi, plus affreux que les tiens.

CASSANDRE.

Craignez d'en commettre un plus funeste peut-être,
En acceptant les vœux d'un barbare & d'un traître ;
Et fi pour Antigone....

OLIMPI E.

Arrête, malheureux.

D'Antigone & de toi je rejette les vœux.
Après que cette main lâchement abufée,
S'eft pû joindre à ta main de mon fang arrofée,
Nul mortel déformais n'aura droit fur mon cœur.
J'ai l'hymen, & le monde, & la vie en horreur.
Maitreffe de mon choix, fans que je délibère,
Je choifis les tombeaux qui renferment ma mère;
Je choifis cet afyle, où Dieu doit pofféder
Ce cœur qui fe trompa quand il put te céder.
J'embraffe les autels, & détefte ton trône,
Et tous ceux de l'Afie; - & furtout d'Antigone.
Va- t'en, ne me vois-plus. Va, laiffe moi pleurer
L'amour que j'ai promis, & qu'il faut abhorrer.

CASSANDRE.

Eh bien, de mon rival fi l'amour vous affenfe,
Vous ne fauriez m'ôter un rayon d'efpérance;
Et quand vôtre vertu rejette un autre époux
Ce refus eft ma grace; & je me crois à vous.

M 4

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Tout

Tout fouillé que je fuis du fang qui vous fit naître,
Vous êtes, vous ferez la moitié de mon être ;
Moitié chère & facrée, & de qui les vertus
Ont arrêté fur moi les foudres fufpendus,
Ont gardé fur mon cœur un empire fuprême,
Et devraient défarmer vôtre mère elle-même,

Ma mère!

OLIMP I E.

Quoi! ta bouche a prononcé fon nom!

Ah! fi le repentir, fi la compaffion,

Si ton amour au moins peut fléchir ton audace,
Fuis les lieux qu'elle habite, & l'autel que j'embraffe,
Laiffe- moi.

CASSANDRE.

Non, fans vous je n'en faurais fortir,

A me fuivre à l'inftant vous devez confentir.

Chère époufe, venez.

(Il la prend par la main.)

OLIMPIE (la retirant avec transport.)

Traite moi donc comme elle.

Frape une infortunée à fon devoir fidelle.

Dans ce cœur défolé porte un coup plus certain. Tout mon fang fut formé pour couler fous ta main. Frape, dis - je.

CASSANDR E.

Ah! trop loin vous portez la vengeance;

J'eus moins de cruauté, j'eus moins de violence.

Le

Le ciel fait faire grace, & vous favez punir;

Mais c'est trop être ingrate, & c'eft trop me haïr.

OLIMPI E.

Ma haine eft-elle jufte, & l'as-tu méritée? -
Caffandre, fi ta main féroce, enfanglantée,
Ta main qui de ma mère ofa percer le flanc,
N'eût frapé que moi feule, & verfé que mon fang,
Je te pardonnerais, je t'aimerais, barbare,
Va, tout nous défunit.

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CASSANDRE.

Non, rien ne nous fépare.

Quand vous auriez Caffandre encor plus en horreur, Quand vous m'épouferiez pour me percer le cœur, Vous me fuivrez. -Il faut que mon fort s'accomplisse. Laiffez moi mon amour, du moins pour mon fupplice. Ce fupplice eft fans terme, & j'en jure par vous. Haïffez, puniffez, mais fuivez vôtre époux.

SCENE VI.

CASSANDRE, OLIMPIE,

SOSTÉ NE.

SOSTÉN E.

PAraiffez, ou bientôt Antigone l'emporte.

11 parle à vos guerriers, il affiége la porte.

Π

Il féduit vos amis près du temple affemblés.
Par fa voix redoutable ils femblent ébranlés.
Il attefte Alexandre, il attefte Olimpie.
Tremblez pour vôtre amour, tremblez
Venez.

CASSANDRE.

pour votre vie.

A mon rival ainfi vous m'immolez !
Je vais chercher la mort, puifque vous le voulez.

OLIMPI E.

Moi! vouloir ton trépas! Va, j'en fuis incapable.
Vis loin de moi.

CASSANDRE.

Sans vous le jour m'eft exécrable,

Et s'il m'est conservé, je revole en ces lieux,

Je vous arrache au temple, ou j'y meurs à vos yeux.

Il fort avec Softéne.

SCENE VII.

OLIMPIE

(Seule.)

M

Alheureuse !—Et c'est lui qui caufe mes allarmes!
Ah! Caffandre, eft-ce à toi de me coûter des larmes?
Faut-il tant de combats pour remplir fon devoir ?
Vous aurez fur mon ame un abfolu pouvoir,
O fang dont je naquis, ô voix de la nature;

Je

Je m'abandonne à vous, c'est par vous que je jure
De vous facrifier mes plus chers fentimens. -

Sur cet autel, hélas! j'ai fait d'autres fermens. -
Dieux! vous les receviez; ô Dieux, vôtre clémence
A du plus tendre amour aprouvé l'innocence.
Vous avez tout changé, - mais changez donc mon cœur;
Donnez lui la vertu conforme à fon malheur.

Ayez quelque pitié d'une ame déchirée,
Qui périt infidèle, ou meurt dénaturée.
Hélas! j'étais heureufe en mon obfcurité,
Dans l'oubli des humains, dans la captivité,
Sans parens, fans état, à moi-même inconnue.
Le grand nom que je porte, eft ce qui m'a perdue.
J'en ferai digne au moins. Caffandre, il faut te fuir,
Il faut t'abandonner; mais comment te haïr? -

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Que peut donc fur foi-même une faible mortelle ? Je déchire en pleurant ma bleffure cruelle: Et ce trait malheureux que ma main va chercher, Je l'enfonce en mon cœur, au lieu de l'arracher.

SCENE VIII.

OLIMPIE, L'HIEROPHANTE,
prêtres, prêtreffes.

Pontife

OLIMPI E,

Ontife, où courez-vous? Protégez ma faiblesse.

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