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plus illuftre Nobleffe du Royaume de France, nous donnera dans cet admirable Ouvrage quelque éclairciffement, dont je pourrai profiter.

III. Malade] C'est-à-dire, qui ne se porte pas bien, ou comme MM. DE L'ACADEMIE FRANÇOISE le remarquent, qui fent quelque déréglement quelque altération dans fa fanté. Ainfi COLIN étoit malade, non pas toutefois que fa fanté fût dérangée, par la fiévre ou quelqu'autre maladie, qui eût befoin d'un Docteur en Médecine. Il étoit proprement ce qu'on appelle dans le ftile familier, être tout je ne fai comment, dans le ftile bas, ètre tout chofe, & dans le ftile poliffon, être tout Evéque d'A....

Cette maladie de COLIN rappelle en ma mémoire celle du fils de SELEUCUS Nicanor, ou Nicator, un des Capitaines D'ALEXANDRE le Grand. C'eft ce mème SELEUcus, qui le premier de ce nom fut Roi de Syrie, qui fonda le Royaume des Seleucides, l'an du Monde 3742. & qui depuis foûmit la Perfe, la Medie & Babylone, comme nous l'appre nons d'APPIEN, de JUSTIN, & de quelques autres que je ne cite point ici, pour éviter un trop long détail. Je fuis perfuadé que le Lecteur équitable n'exige

pas

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pas de moi dans les citations l'exactitude qu'il exigeroit d'un autre.

Omnia non pariter rerum funt omnibus apta.

Ce SELEUCUs eut de fa premiére Femme un fils nommé ANTIOCHUS, qui dans la fuite fut furnommé Σωτηρ c'eft-à-dire, Sauveur. Ce Prince devint fi éperduement amoureux de STRATONICE, que le Roi fon Pere avoit épousée en fecondes Nôces, qu'il en tomba du moins auffi malade que nous voyons que CoLIN l'a été d'amour pour CATIN. SELEUCUS allarmé de la maladie d'ANTIOCHUS fon fils unique, le confia aux foins d'un célèbre Médecin nommé LEPTINE, mais plus communément ER ASISTRATE, & que SPON reconnoît pour Auteur d'une Secte de Médecine.

Cet habile homme prenant garde que le poulx du Prince étoit extraordinairement déréglé, quand la Reine lui venoit rendre vifite, connut que l'amour étoit la caufe de fa maladie. Il en avertit SELEUCUs, & ce Roi, quoi que Pere, vieux & Epoux d'une jeune Femme, aima mieux la céder à fon Fils, que de courir rifque de le perdre. Heu

reux ( s'il n'eût pas aimé cette Reine de fe défaire d'une Femme, & de fauver en même temps les jours de fon Enfant mais, quoi qu'il en foit, bel exemple de l'amour paternel, & de la justice qu'un Vieillard fit fe rendre. MITHRIDATE, le fier & diffimulé MITHRIDATE, n'avoit garde d'en faire autant, lui qui dès qu'il connut les amours de XIPHARES & de MoN IME, quoi qu'il ne l'eût pas encore époufée, dit,

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Ils s'aiment. C'eft ainfi qu'on fe joüoit de nous, Ah! Fils ingrat, tu vas me répondre pour tous. Tu périras.

Enfuite:

Perfide, je te veux porter des coups certains.
Et plus bas :

Qui fuis je eft-ce Monime? & fuis-je Mithridate? Non, non, plus de pardon, plus d'amour pour l'ingrate,

Ma colére revient, & je me reconnois :
Immolons en partant trois ingrats à la fois,
Sans diftinguer entr'eux qui je hais ou qui j'aime,
Allons & commençons par XIPHARES lui-même.

Et en effet, il les auroit fait périr fi les bleffures mortelles qu'il reçût des Romains >

mains, qui vinrent l'attaquer fort à propos pour les deux amans, n'eufent prévenu fa cruauté.

IV. Dedans fon Lit. ] Il n'étoit pas feulement deffus, il étoit dedans. Voilà pourquoi le Poete s'eft fervi du compofé dedans, au lieu du fimple dans. Car quoi que ce dernier foit plus du bel ufage que l'autre, il y a pourtant des occafions où dedans eft plus expreffif; il y en a même où il eft de la règle de s'en fervir. Par exemple, lors que le fubftantif, auquel il fe doit rapporter, le précéde, comme en ces Vers du Papefiguiere de la FONTAINE :

Raves, Navets Carottes, tout eft bon,
Dit le Lutin, mon lot fera hors terre,
Le tien dedans, &c.

Et en ceux-ci de l'Ecole des Femmes.

La douceur me chatouille, & là dedans remuë Certain je ne fai quoi dont je fuis toute emuë.

Ce que M. DE LA MOTTE employe auffi fort éloquemment dans ce beau Vers de la fable intitulée: Les Singes matelots qui eft la 6. du 2. Livre,

Voulant fuir les rochers, ils vont donner dedans,

On doit abfolument s'en fervir en pa

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reil

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reil cas, mais LA FONTAINE ne fait pas difficulté de l'employer d'une autre maniére.

J'ai fur les bras une Dame jolie,
A qui je dois faire franchir le pas.
L'Epoux n'aura dedans la Confrairie,
Si-tôt un pied qu'à vous je reviendrai ;

dit encore le Diable de Papefiguiere. On trouve dans un autre Conte, intitulé le Cuvier, un Vers qui commence même par ce mot dedans.

dedans un Bourg ou Ville de Province.

Il eft vrai que le ftile de Conteur ne veut pas cette fcrupuleuse exactitude, qui lui feroit perdre toute la naïveté, & je ne doute pas que dans un Ouvrage d'un autre genre M. DE LA FONTAI NE n'eût employé dedans avec plus de précaution. Il favoit fa Langue tout au moins auffi bien que BOILEAU, dans les Vers duquel je ne crois pas qu'on trouve une feule fois dedans, non plus que dans ceux de M. DE FONTE

NELLE.

Mais il n'eft pas inutile d'obferver ici que l'ufage du compofé dedans, eft plus fréquent chez nos anciens Poëtes, que

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