moy, s'il vous plaist, en cela aussi favorable pour le dispenser de la rigueur de vos édits, comme l'a esté la dite court envers votre trésorier Gobelin, qui, nonobstant vos édits et vos arrests, jouit d'un pareil estat de segretaire. Je finiray vous suppliant tres humblement de croyre que moy et tout ce qui dépendra de moy sera toujours du tout à vous pour en disposer comme il vous plaira. Je vous baise mille fois, mon cher et brave Roy.

1. Bibl. imp., collect. Dupuy, 407, fol. 100.

X 1.

(La fin à un prochain numéro.)

SUR

UN ROULEAU DES MORTS

DE

SAINT BENIGNE DE DIJON.

Les lecteurs de cette Revue savent déjà ce que c'est qu'un rouleau des morts. Un mémoire publié dans un des précédents volumes par notre confrère M. Léopold Delisle, contient sur cette matière des renseignements trop exacts et trop complets pour nous permettre de faire autre chose que d'y renvoyer'. L'usage de ces documents paléographiques se rattache, comme on le sait, à la pratique de la prière pour les défunts. Celui dont nous allons nous occuper a fait partie du cabinet du président Bouhier. Il est aujourd'hui conservé à la bibliothèque de Troyes2. Il appartient à cette catégorie spéciale de rouleaux des morts, au moyen desquels une communauté ecclésiastique, régulière ou séculière, recommandait à d'autres communautés les âmes des membres qu'elle avait perdus : pièces analogues à nos lettres de faire part modernes, mais rédigées en un seul exemplaire qu'on présentait successivement à tous ceux auxquels il s'adressait. Que de modifications ont introduites dans nos usages le bon marché du papier, la poste et l'imprimerie! Cette catégorie comprenait : 1° les rouleaux individuels qui avaient pour objet d'annoncer la mort d'une seule personne, ordinairement d'un grand personnage; 2° les rouleaux annuels par lesquels on demandait des prières pour les membres de la communauté décédés dans l'année. Mais ces deux divisions n'étaient pas les seules. Le

1. 2a série, t. III, p. 361, sous ce titre : Des Monuments paléographiques concernant l'usage de prier pour les morts.

2. N° 2256.

III. (Quatrième série.)

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:

rôle qui nous occupe a un caractère collectif ; il n'est cependant pas annuel. Il s'applique à un espace de temps qui embrasse plusieurs années. Les moines de Saint-Bénigne voulaient obtenir des prières pour deux de leurs abbés : Étienne II de la Feuillée, mort au mois d'août 1434; Pierre IX Brenot, mort le 7 décembre 1438 plus, pour soixante religieux profès, deux religieuses et trois convers au moins, dit le texte original, appartenant tant à l'abbaye qu'aux prieurés, ou membres en dépendant, et décédés pendant une période dont la durée n'est pas précisée, mais qui dépassait un an, car, sur les soixante religieux profès, vingtcinq seulement étaient morts du 24 juin 1438 au 1er juin 1439, date approximative de la confection du rouleau '. On voit que nous sommes loin du temps où les coutumes de Saint-Bénigne de Dijon prescrivaient l'emploi des rouleaux individuels et n'admettaient les rouleaux annuels qu'à titre d'exception. Le temps approchait où les rouleaux des morts allaient tomber en complète désuétude.

Celui-ci a 8, 10 de long sur 0,225 de large 2. Il se compose de quinze feuilles de parchemin. Il est opistographe.

En tête se trouve un blanc de deux décimètres de long, sur lequel on a collé le tarif des droits que devait percevoir le porterouleau ou brevetier 3. Puis vient une peinture haute de 0,56.

1. «< Obierunt in monasterio gloriosi martiris Xpisti, Burgundorum apostoli, beatissimi Benigni de Divione, ordinis Sancti Benedicti, Lingonensis diocesis, reverendi in Xpisto patres: videlicet, domnus Stephanus et domnus Petrus, successive abbates dicti monasterii Sancti Benigni; et tam in dicto monasterio, quam in prioratibus et membris ab ipso dependentibus obierunt etiam triginta quinque monachi presbiteri professi, due moniales et tres conversi, et amplius. Si placet, orate pro ipsis, et nos oramus et orabimus pro vestris. Et de post festivitatem beati Johannis Baptiste ultimate lapsam, tam in capite quam in membris, viginti quinque religiosi. Anno currente M° CCCC XXXo IXo. » Nous disons plus bas que le premier titre ou visa apposé sur le rouleau est daté du 4 juin 1439.

2. Précisément la largeur du rouleau du bienheureux Vital.

3. « Saichent tuit, que selon les saintes, devotes et chariteuses constitutions et ordenances ja piéca faites entre les prédécesseurs de nous, les religieux abbé et couvent du monastère de S' Bénigne de Dijon, de l'ordre de Saint-Benoit, du diocèse de Langres, et les autres signeurs abbés et couvens des monastères, doyens et chapitres des églises cathédrales et autres recteurs des autres églises, toutes et quantes fois que nous faisons pourter nostre brief par lesdis monastères et églises pour prier Dieu pour nos trespassés, le brevetier, pourteur d'icelluy brief, doit avoir et percevoir et luy sont deues ès dis monastères et églises les chouses qui s'ensuignent : Primo ou monastère de Clugny v s. t. Item ou monastère de Sainte Trinité de Fescamp, x s. t. Item en l'église St Estienne de Dijon, I s. t. Item en l'église de la Chapelle ès Riches [à Dijon], u s. t.

La partie supérieure représente le martyre de saint Bénigne. Au-dessous on voit les deux abbés défunts vêtus de leurs robes noires, couchés, les mains jointes, la tête sur un oreiller. Chacun a sa mitre à côté de lui. Dans l'intervalle qui sépare ces deux personnages, l'artiste a figuré une crosse dorée et émaillée.

Vient ensuite la circulaire de l'abbé de Saint-Bénigne Hugue de Monçons. Suivant l'usage, elle traite de l'utilité de la prière pour les morts, et cela avec une éloquence un peu lourde, à grand renfort de textes. Les termes sont d'une généralité vague qui ne renferme aucune allusion aux personnages décédés. On n'y trouve pas même leur nom. C'est une formule qui pouvait être reproduite sans changement sur tous les rouleaux des morts de Saint-Bénigne. Elle se termine par la prière de pourvoir aux besoins du porte-rouleau et de marquer sur le rouleau le jour où il s'est présenté '.

Suit la liste des monastères et des chapitres avec lesquels l'abbaye de Saint-Bénigne était en association de prières; il y en a soixante-dix.

Item en l'église de St Michiel ou Péril de Mer, v s. t. Item ou prieuré de St Vigoul près de Baieux, xx s. t. Item ès monastères et églises de nos sociétés, vI s. t. Ensemble i a prebende mouran. Item chascun prieur souget, membre dependant.de nostre monas tère de St Benigne, doit à nostredit brévetier v s. t. C'est à savoir que, quant nostredit brévetier pourte ung de nos abbés mort, il doit avoir et percevoir ès dis monastères et églises le double des choses desusdites. Signé : HUGUE DE MOUSON. »

1. « Rotuligeroque nostro, ad hoc opus pietatis destinato, caritati vestre supplicamus, de bonis vobis a Deo colatis ad vite necessaria providere, et de die, quo ad vos venerit, presenti rotulo adscribendo.