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pour qui d'ailleurs Tarquinies n'était que la patrie de sa mère. Ils se transportent donc à Rome avec toutes leurs richesses. Lucumon, assis sur un chariot à côté de son épouse, était arrivé près du Janicule, quand un aigle descend doucement, les ailes étendues, lui enlève son chapeau, voltige quelque temps au dessus du chariot en poussant des cris rauques ; puis revient, comme chargé de ce soin par les dieux, le lui remettre juste sur la tête, et se perd dans les nues. Tanaquil reçut, dit-on, ce présage avec transport : elle était, suivant l'usage de l'Étrurie, versée dans la connaissance des prodiges célestes. Elle embrasse son époux, l'encourage à concevoir de grandes, de hautes espérances : qu'il songe au choix de cet oiseau, à la région du ciel où il a paru, au dieu dont il est le messager; c'est la partie du corps la plus élevée qu'a désignée le prodige : l'ornement dont les hommes couvrent leur front lui a été enlevé pour lui être rendu de la part des dieux. Pleins de cette espérance et de ces pensées, ils entrent dans Rome, où ils achètent une maison, et Lucumon prend le nom de L. Tarquinius Priscus. Sa qualité d'étranger, ses richesses attirèrent d'abord les regards des Romains. Lui-même secondait la fortune par un abord gracieux, par une bienveillante hospitalité, par des bienfaits au moyen desquels il s'attachait ceux qu'il pouvait obliger, tant qu'enfin la renommée porta son nom jusqu'au palais du roi. Cette connaissance, grâce à la noblesse de ses manières, à l'adresse qu'il déploya en faisant sa cour au prince, devint bientôt une étroite amitié. Affaires publiques et particulières, soins de la guerre et de la paix, Ancus lui confiait tout; et, après tant d'épreuves, il le nomma enfin, par son testament, tuteur de ses enfans.

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XXXV. Regnavit Ancus annos quatuor et viginti, cuilibet superiorum regum belli pacisque et artibus et gloria par. Jam filii prope puberem ætatem erant eo magis Tarquinius instare, ut quam primum comitia regi creando fierent. Quibus indictis, sub tempus pueros venatum ablegavit : isque primus et petisse ambitiose regnum, et orationem dicitur habuisse ad conciliandos plebis animos compositam : « Quum se non rem novam petere quippe qui non primus, quod quisquam indignari mirarive posset, sed tertius Romæ peregrinus regnum adfectet: et Tatium non ex peregrino solum, sed etiam ex hoste, regem factum : et Numam, ignarum urbis, non petentem, in regnum ultro adcitum : tum se, ex quo sui potens fuerit, Romam cum conjuge ac fortunis omnibus commigrasse : majorem partem ætatis ejus, qua civilibus officiis fungantur homines, Romæ se, quam in vetere patria, vixisse: domi militiæque sub haud pœnitendo magistro, ipso Anco rege, romana se jura, romanos ritus didicisse. Obsequio et observantia in regem cum omnibus, benignitate erga alios cum rege ipso certasse.» Hæc eum haud falsa memorantem ingenti consensu populus romanus regnare jussit*. Ergo virum, cetera egregium, secuta, quam in petendo habuerat, etiam regnantem ambitio est : nec minus regni sui firmandi, quam augendæ reipublicæ, memor, cen

* U. C. 138. A. C. 614.

XXXV. Ancus avait régné vingt-quatre ans avec non moins de talent pour la guerre et pour la paix, non moins d'éclat que ses prédécesseurs. Ses fils touchaient à l'âge de puberté. Ce fut pour Tarquin un motif de presser l'assemblée des comices, chargés d'élire un roi. Quand ils furent annoncés, il écarta les jeunes princes en les envoyant à la chasse. Il fut, dit-on, le premier qu'on vit briguer le trône et haranguer le peuple pour se concilier les esprits. «Ses prétentions n'avaient rien de nouveau: il n'était pas le premier, ce qui aurait pu exciter l'étonnement et l'indignation, mais le troisième étranger qui prétendait au trône de Rome. Tatius n'était pas seulement étranger : c'était un ennemi, et on l'avait fait roi. Numa ne connaissait de Rome que le nom, il ne prétendait pas à la couronne : on était allé la lui offrir. Pour lui, Tarquin, dès qu'il s'est vu maître de lui-même, il s'est transporté à Rome avec son épouse et toute sa fortune : cet âge de la vie, où l'homme remplit les devoirs de citoyen, il en a passé une plus grande partie à Rome que dans son ancienne patrie. Dans la paix et dans la guerre il s'est formé par les leçons d'un maître habile, d'Ancus lui-même : c'est à lui qu'il doit la connaissance des lois, des usages de Rome. Il a disputé avec tous les citoyens de déférence et de respect pour le roi, avec le roi de bienveillance pour les citoyens. >> Comme il n'avançait rien que de vrai, une majorité considérable le nomma roi. Avec les talens qui le distinguaient, il porta sur le trône la même adresse qui lui en avait frayé le chemin. Non moins soigneux d'affermir son autorité que d'accroître la splendeur de l'état, il nomma cent nouveaux sénateurs, désignés dans la suite sous le nom de sénateurs du second ordre.

tum in patres legit; qui deinde minorum gentium sunt adpellati factio haud dubia regis, cujus beneficio in curiam venerant. Bellum primum cum Latinis gessit, et oppidum ibi Apiolas vi cepit : prædaque inde majore, quam quanta belli fama fuerat, revecta, ludos opulentius instructiusque, quam priores reges, fecit. Tum primum circo, qui nunc maximus dicitur, designatus locus est loca divisa patribus equitibusque, ubi spectacula sibi quisque facerent; fori adpellati. Spectavere furcis duodenos ab terra spectacula alta sustinentibus pedes. Ludicrum fuit equi pugilesque, ex Etruria maxime adciti sollemnes deinde annui mansere ludi, Romani Magnique varie adpellati. Ab eodem rege et circa forum privatis ædificanda divisa sunt loca; porticus tabernæque factæ.

XXXVI. Muro quoque lapideo circumdare urbem parabat, quum sabinum bellum cœptis intervenit. Adeoque ea subita res fuit, ut prius Anienem transirent hostes, quam obviam ire ac prohibere exercitus romanus posset. Itaque trepidatum Romæ est : et primo dubia victoria magna utrimque cæde pugnatum est. Reductis deinde in castra hostium copiis, datoque spatio Romanis, ad comparandum de integro bellum, Tarquinius, equitem maxime suis deesse viribus ratus, ad Ramnes, Titienses, Luceres, quas centurias Romulus scripserat, addere alias constituit, suoque insignes relinquere no

C'était un appui certain pour le prince dont la faveur leur avait ouvert le sénat. Sa première guerre fut contre les Latins: il prit d'assaut la ville d'Apioles, et le butin qu'il en rapporta, plus considérable qu'on ne devait l'attendre d'une pareille guerre, lui permit de déployer dans les jeux qu'il donna plus d'éclat et de pompe que ses prédécesseurs. C'est alors qu'on choisit l'emplacement qu'on appelle aujourd'hui le grand cirque. On y assigna des places particulières aux sénateurs et aux chevaliers. Ils y établirent des loges appelées fori: elles étaient soutenues sur des échafauds de douze pieds de hauteur. Les jeux consistaient en courses de chevaux et en combats d'athlètes, tirés surtout de l'Étrurie. La solennité s'en renouvela tous les ans on les appela les Jeux Romains ou les Grands Jeux. Le même roi partagea le terrain, autour du forum, entre des particuliers, pour y élever des portiques et des boutiques.

XXXVI. Il se disposait encore à enfermer Rome d'un mur de pierres, quand une guerre des Sabins vint interrompre son entreprise. L'invasion fut si soudaine, qu'ils avaient passé l'Anio avant que l'armée romaine pût marcher à leur rencontre et les arrêter: aussi miton de la précipitation dans la défense. Une sanglante bataille laissa la victoire indécise. L'ennemi, rentré dans son camp, donna du temps aux Romains. Dans ses nouveaux préparatifs, Tarquin, qui sentait la faiblesse de sa cavalerie, résolut d'ajouter aux centuries des Ramnes, des Titienses, et des Luceres formées par Romulus, de nouvelles centuries auxquelles il donnerait son nom. Mais Romulus avait, lors de leur établisse

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