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Autour du consulat, où de la France en pleurs,
Symbole vénéré, flottaient les trois couleurs.

Celui qui conduisait la marche, un gars au torse
D'Hercule antique, avait, sous sa rustique écorce,
--Comme un lion captif grandi sous les barreaux,—
Je ne sais quel aspect farouche de héros.

C'était un forgeron à la rude encolure,

Un fort; et rien qu'à voir sa calme et fière allure,
Et son regard honnête, et son grand front serein,
On sentait battre là du cœur sous cet airain.

Il s'avança tout seul vers le fonctionnaire;
Et d'une voix tranquille où grondait le tonnerre,
Dit :

-Monsieur le consul, on nous apprend là-bas
Que la France trahie a besoin de soldats.

On ne sait pas, chez nous, ce que c'est que la guerre ;
Mais nous sommes d'un sang qu'on n'intimide guère,
Et je me suis laissé dire que nos anciens

Ont su ce que c'était que les canons prussiens.
Du reste, pas besoin d'être instruit, que je sache,

Pour se faire tuer ou brandir une hache;

Et c'est la hache en main que nous partirons tous;
Car la France, monsieur... la France, voyez-vous...

Il se tut; un sanglot l'étreignait à la gorge.
Puis, de son poing bruni par le feu de la forge,
Se frappant la poitrine, où son col entr'ouvert
D'un scapulaire neuf montrait le cordon vert :

—Oui, monsieur le consul, reprit-il, nous ne sommes
Que cinq cents aujourd'hui; mais, tonnerre! des hommes,
Nous en aurons, allez !... Prenez toujours cinq cents,
Et dix mille demain vous répondront: Présents!
La France, nous voulons épouser sa querelle;
Et, fier d'aller combattre et de mourir pour elle,
J'en jure par le Dieu que j'adore à genoux,
L'on ne trouvera pas de traîtres parmi nous !...

Le reste se perdit... car la foule en démence
Trois fois aux quatre vents cria: Vive la France!...

Hélas! pauvres grands cœurs! leur instinct filial
Ignorait que le code international,

Qui pour l'âpre négoce a prévu tant de choses,

Pour les saints dévoûments ne contient pas de clauses...

Et le consul, qui m'a conté cela souvent,

En leur disant merci, pleurait comme un enfant.

Notice sur les fondateurs de Montréal.

Par M. L'ABBÉ VERREAU.

(Lu le 25 mai 1882.)

I

La Société Historique de Montréal reproduit en ce moment, dans la neuvième livraison de ses Mémoires, un petit livre d'une très grande rareté, et au sujet duquel on pourrait écrire plusieurs gros volumes.

Dans l'espace de vingt ans, je ne l'ai vu qu'une seule fois annoncé dans les ventes. Un citoyen des Etats-Unis l'a enlevé au prix de 800 francs!

Ce livre de 127 pages in 4o. a été imprimé en 1643, sans nom d'imprimeur et sans nom de lieu; mais très vraisemblablement à Paris.

"Les véritables motifs de Messieurs et Dames de la Société de Notre-Dame de Montréal, pour la conversion des Sauvages de la Nouvelle France”—tel est le titre de l'ouvrage. Je n'exagère pas en disant qu'il est comme l'acte authentique qui atteste à la fois la naissance de la rande métropole du Canada et la noblesse de son origine.

La copie que la Société Historique s'est procurée a été faite sur l'exemplaire de la Bibliothèque Nationale de Paris; elle a été exécutée et collationnée avec le plus grand soin, sous la surveillance de M. Pierre Margry, dont le nom seul est une garantie d'exactitude. Voici à quelle occasion fut composé ce mémoire:

L'auteur avait pour but de dissiper les préjugés que venaient de soulever certaines personnes contre la grande entreprise de M. Olier, de M. de la Dauversière et de M. de Maisonneuve: "Il voulait répondre, dit M. Faillon, aux attaques de quelques personnes qui s'opposaient à l'établissement naissant de Ville-Marie."

La société des Messieurs et Dames, qui n'était composée en 1641 que de six personnes unies par les liens de l'amitié et du zèle religieux, comptait, au commencement de 1643, trente-cinq membres, dont quelques-uns portaient les plus beaux noms de France. Ces trente-cinq personnes, avec les premiers colons qui vinrent ici, sont les véritables fondateurs de Ville-Marie, le Montréal d'aujourd'hui. Gloire à eux, gloire surtout aux motifs nobles et désintéressés qui les animaient! Leurs noms méritent d'être inscrits sur le marbre et l'airain; leur histoire, tout ce qui les concerne de loin ou de près, devrait faire partie de nos archives les plus précieuses.

Mais ici se présente une difficulté. De même que plus un arbre est grand et vigoureux, plus ses racines se cachent, profondément enfouies dans le sol, de même il semble que les fondateurs de toutes les grandes choses échappent à la reconnaissance de la

postérité.

Dans le cas des Messieurs et Dames, plusieurs poussèrent l'abnégation au point d'exiger comme condition absolue, que leur nom fût caché, en sorte qu'il nous est impossible

aujourd'hui de les connaître tous. Sur les six premiers noms, il n'y en a que quatre que l'on connaisse avec certitude; pour les deux autres, on en est réduit aux conjectures.

Il en est de même de l'auteur du mémoire. M. Faillon pense que c'est un ancien magistrat, M. Laisné de la Marguerie, qui avait renoncé au monde pour s'associer à M. Olier.

Plusieurs raisons me portent à croire que c'est M. Olier lui-même qui a écrit les Véritables motifs. Il faut qu'elles me paraissent bien fortes pour que j'ose les opposer à l'opinion du savant biographe de M. Olier.

Les voici en peu de mots: 10. Tout dans le texte indique plutôt le style d'un ecclésiastique que celui d'un magistrat de cette époque; 20. Ce style est plus particulièrement celui de M. Olier; 30. Enfin, et c'est à mes yeux l'indice le plus fort, l'auteur ne nomme pas M. Olier. Tout autre que lui-même n'aurait pas pu se dispenser de dire la grande part que le fondateur de Saint-Sulpice prenait à l'établissement de Ville-Marie.

Quoiqu'il en soit, à l'aide de ce précieux et rare volume, et aussi au moyen d'autres ouvrages, tels que l'Histoire du Montréal de M. Dollier de Casson, les Mémoires de M. Olier et les œuvres de M. Faillon, nous allons tâcher de reconstituer 1o. la liste des Messieurs et Dames; 20. celle des premiers colons. J'indiquerai les autorités sur lesquelles je m'appuie dans chaque cas. Je ne mets de remarques que pour les noms les moins connus. Il y aurait trop à dire sur des personnages comme M. Olier, M. de la Dauversière, M. de Maisonneuve, etc.

II

Liste des Messieurs et Dames de la Société de N.-D. de Montréal pour la conversion des Sauvages de la Nouvelle France, par ordre chronologique :

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M. Olier versa les premiers fonds, 2,400 francs. Envoi préliminaire de vivres et d'outils.

1640-41.

4. M. LE BARON DE RENTY, Histoire de la Colonie Française, par M. Faillon, t. 1, p. 392. Mort à 37 ans, M. de Renty, déjà distingué par sa naissance et sa fortune, s'est distingué davantage par sa piété, son humilité et sa charité. Le célèbre Burnet, évêque de Salisbury, aurait dit de lui: "Quelqu'entêtement que l'on ait encore pour la fable, cependant il faut avouer que la vie de M. de Renty ne s'en ressent pas. L'on y remarque de si excellentes vertus que l'on doit mettre avec justice celui qui les a pratiquées entre les plus grands modèles que la France ait fournis à notre siècle." (Moreri, Dict. biographique.)

5. DEUX AUTRES AMIS de M. Olier.

On n'a pas été capable de découvrir leurs noms. La société envoie une escouade de colons et de travailleurs, sous la conduite de M. de Maisonneuve, pour fonder Montréal. Elle y emploie 75,000 francs, dont M. de Fancamp fournit 20,000.

6. M. DE MAISONNEUVE.

1641-42.

Histoire du Montréal, pp. 27 et 34.

7. MLLE MANCE. Ibid, pp. 42, 47; Histoire de la Colonie Française, t. 1, p. 437.

8. MADAME DE BULLION. Ibid, pp. 42, 47; Histoire de la Colonie Française, t. 1, p. 437. 9. M. DE PUISEAUX. Histoire du Montréal, p. 35.

LEDUC DE LIANCOURT.

1642-50.

Roger du Plessis, seigneur de Liancourt, était duc de la Rocheguyon depuis le mois de mai 1643, quoiqu'on le désigne généralement sous le nom de duc de Liancourt. Après une jeunesse assez orageuse, il venait de se convertir et s'occupait d'œuvres de piété. Sa femme l'entraîna bientôt dans le Jansénisme, dont il devint bientôt un protecteur actif. (Mémoires du P. Rapin.)

11. L'ABBÉ DE BARRAULT.

12. HABERT DE MONTMOR.

Henri Louis Habert de Montmor était conseiller du roi, maître des requêtes, et membre de l'Académie Française. Il avait épousé Marie-Henriette de Buade de Frontenac, sœur de notre gouverneur. Il mourut en 1679. Il mourut en 1679. Il était distingué par son intégrité et par son amour pour les lettres.

13. LAISNÉ DE LA MARGUERIE.

C'est cet ancien magistrat à qui M. Faillon attribue le mémoire sur Les véritables motifs.

14. L'ABBÉ LEGAUFFRE.

C'était un ancien auditeur des comptes.

15. BARDIN.

C'était un ancien commis de l'épargne.

16. M. DE MORANGIS.

Antoine de Barillon, sieur de Morangis, né en 1599, reçu conseiller en 1620, maître des requêtes en 1625, et en 1648 conseiller d'Etat. Il était aussi un des directeurs des finances et mourut sans enfants en 1672.

17. M. DE CHAUDEBONNE.

18. DUPLESSIS MONTBAR.

Christophe du Plessis, baron de Montbar, avocat au Parlement, mourut le 7 mai 1672, au Séminaire des missions étrangères où il s'était retiré. "C'était, dit le P. Rapin, dans ses mémoires, un dévot de premier ordre qui s'était érigé par son zèle et par un esprit naturellemen tagissant, en directeur de la plupart des bonnes œuvres qui se faisaient à Paris et dans les provinces où il réussissait beaucoup... La reinemère qui le considérait lui avait aussi donné des entrées partout."

19. DE ST.-FIRMIN.

Louis Séguier, baron de St. Brisson, des Ruaux et de St.-Firmin, prévost de Paris, mort sans postérité. Le même très-probablement que l'Histoire du Montréal, p. 250, appelle Sieur de St. Germain.

20. M. D'IRVAL.

Jean Antoine de Mesmes, seigneur d'Irval, vicomte de Vandeuil. Ce fut lui qui continua la filiation de l'illustre et puissante famille de Mesmes. Sans avoir l'éclat

Sec. I., 1882. 13.

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