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routes les plus frequentées de leur pays; dans l'Indoustan, on appelle Tchoultries les édifices consacrés au bien-être des voyageurs, et dans le royaume de Népâl ces bâtiments se nomment Pali. Ils sont formés pour la plupart de grands péristyles carrés, et ont ordinairement quelque puits dans leur voisinage. Les Tambos de la Cordillère des Andes péruviennes, avaient en partie la même destination que les Kârvanséraî des nations du Levant. Connus par les naturels sous le nom de maisons de l'Inca, ces édifices étaient élevés à grands frais sur les routes qui sillonnaient les plateaux des Cordillères, comme les bâtiments de refuge qui 'bordent dans les hautes Alpes les défilés des cols visités par les tourmentes. Les Tambos étaient généralement bâtis sur un plan uniforme, et les constructions péruviennes se faisaient également remarquer par leur solidité et par la simplicité de leur ordonnance. Une grande symétrie régnait à l'intérieur, la distribution des appartements se ressemblait dans toutes ces fabriques, et la répartition des niches que les Péruviens pratiquaient dans les parois pour tenir lieu d'armoires, était la même dans toutes les salles. Il est assez remarquable que dans les maisons persanes, les niches aient eu autrefois une destination analogue.

On pratique dans les murs de ces maisons qui sont fort épais, » des niches d'un pied de profondeur ou environ, qui servent » comme des ais de tablettes et des armoires'. »

Dans les édifices du Pérou, les jambages des portes étaient inclinés, et s'élevaient de sept à huit pieds au dessus du seuil, afin que les Incas, portés dans leurs voyages sur les épaules de leurs vassaux, pussent passér sous ces portes sans se heurter à leurs linteaux, les palanquins et les brancards étant réservés, dans les royaumes de l'Amérique comme dans ceux de l'Asie, pour l'usage des idoles et des souverains. On a vu précédemment que la statue de Huitzilopochtli, placée sur un trône de roseaux ( Teoicpalli, siége divin) et portée sur une civière par les prêtres Aztèques, avait accompagné l'entrée conquérante de ce peuple au Mexique'; Capac-Yupanqui

Voyages du chevalier Chardin en Perse, IV, 123.

Portata tollentur, quia incedere non valent. » Jérémie, X, 5.

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après ses victoires rentra dans Cuzco, élevé triomphalement sur les épaules des grands qu'il avait soumis. C'est ainsi qu'au Japon, le Daïri ne change jamais de place, qu'en se faisant porter sur les épaules de ses officiers et de ses gardes.

La construction des ponts de cordages de quelques provinces de l'Amérique, reposait sur le même mécanisme que l'assemblage des ponts de chaînes de l'Asie, et ce sont ces derniers qui ont servi de type aux ponts de fer suspendus qui sont devenus d'un usage si commun en Europe depuis quelques années. Un empereur de la dynastie des Tang, nommé MingHoang, fit élever en Chine, il y a onze siècles, un pont dont le fer et le bronze formaient toute la charpente; alors comme actuellement, on procédait dans cet empire de la manière suivante à la construction des ponts de chaînes. Sur chacun des bords de la rivière on fixait autant de forts crampons de fer qu'on devait tendre de chaînes; on accrochait chacune d'elles à son crampon; et quand ce travail préparatoire était terminé, on recouvrait le tout de madriers mis en travers qu'on arrêtait l'un contre l'autre. On conduisait ensuite deux pouces de terre ou de sable sur ce plancher, et le pont était achevé.

Les ponts de cordes de l'Amérique méridionale se construisaient d'une manière analogue. On joignait ensemble un certain nombre de lianes ou autant de câbles tressés avec les fibres de l'agave, on les tendait parallèlement de l'un des bords de la rivière à l'autre, et on les attachait des deux côtés à des troncs d'arbres enfoncés verticalement dans le sol; puis on recouvrait transversalement les cordes d'un tablier de bambous, sur lequel on déposait une couche de terre. Lorsque la rive était basse, on construisait une rampe ou des degrés de bois à l'extrémité du pont, afin d'atteindre son niveau sans effort. Il y a dans l'Amérique méridionale des ponts de cordes (puentes de hamacas) de 150 pieds d'ouverture sur sept à huit de largeur.

VI.

BAPTÊME DES ENFANTS EN AMÉRIQUE.

On a déjà eu occasion de remarquer précédemment que la dispersion des Israélites avait laissé des traces non équivoques de la présence des livres et de la religion mosaïques, dans les vastes régions de la Haute-Asie. C'est à la manifestation du `culte et des rites du Judaïsme parmi les nations asiatiques, qu'il faut attribuer l'existence de pratiques religieuses dont il est impossible de méconnaître l'origine au centre des contrées du nouveau continent. Le baptême des enfants mexicains va nous fournir la preuve de cette vérité.

Les Aztèques avant de déposer dans son berceau l'enfant qui venait de naitre, avaient soin de le présenter à la Divinité et de lui toucher les yeux en signe de bénédiction. Cinq jours après', on le portait dans la cour de la maison, et on le déposait solennellement sur des joncs dont on avait l'attention de recouvrir le sol. Là, la sage-femme après avoir invoqué les divinités qui présidaient à la naissance, jetait, en signe de purification, de l'eau sur le front et sur la poitrine du nouveau-né. Herrera prétend qu'en le plongeant dans l'eau froide, on prononçait sur lui ces paroles : « Tu viens au >> monde pour souffrir, endurcis-toi. » Acosta ajoute que le prêtre tirait quelques gouttes de sang des parties génitales du nouveau-né, au moyen d'une incision faite avec un instrument de jade'. On le lavait ensuite au milieu des armes et des in

'Les montagnards de Tirpa, à l'est du Bengale, font un festin en l'honneur des personnes de leur famille, cinq jours après la naissance de leurs enfants mâles.

2

(Recherches asiatiques, II, 238. )

· Opération qui rappelle les paroles du Seigneur à Josué dans l'Écriture « Fais-toi des couteaux de pierre (cultros lapideos), et circoncis » pour la seconde fois les fils d'Israël. » Jos. V, 2. Les Indiens d'Yucatan, qui pratiquaient la circoncision, donnaient au baptême, suivant le témoignage d'Herrera, le nom de régénération.

struments indispensables aux travaux de son sexe. Lorsque le père de l'enfant appartenait à la classe militaire, on lui mettait en main une targe et des dards, ou dans tout autre cas les outils de la profession que ses parents exerçaient. On plaçait dans la main des filles une quenouille, un fuseau, un panier ou un balai'. Pendant la cérémonie trois jeunes garçons célébraient dans la cour la bienvenue du nouveau-né, en mangeant du maïs et des fêves rôties. Quand l'ablution était terminée, la sage-femme invitait ces jeunes gens à saluer l'enfant du nom qui lui était réservé; et après qu'ils l'avaient nommé à haute voix devant les assistants, on le remettait dans son berceau pour le reporter à sa mère. On enterrait les armes qu'il avait touchées, du côté qui faisait face à l'ennemi; les ustensiles de ménage à l'usage des femmes, étaient enfoncés sous une pierre à pétrir le maïs'.

On appelait autrefois Prosélytes de justice, chez les Juifs, les étrangers qui se convertissaient au Judaïsme. Salomon ayant fait faire, lors de la construction du temple de Jérusalem, le dénombrement des prosélytes qui habitaient la Palestine, trouva que leur nombre s'élevait à 153,6003. Lorsque les Israélites faisaient participer à leurs mystères un étranger appartenant à une nation qui avait l'habitude de circoncire sa chair, on se contentait de tirer quelque goutte de sang des parties viriles du néophyte, avant de lui adminis

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Une coutume analogue est mentionnée dans le Code de Manou, au sujet des fiançailles. La loi indoue ordonne que la fille Kchatryâ qui épouse un Brahmane, tienne en main une flèche; celle qui appartenait à la classe commerçante, et qui s'unissait à un homme d'une des classes supérieures, devait tenir un aiguillon; la fille d'un Soudra, lorsqu'elle se mariait à un individu issu des trois premières classes, prenait en main le bord du manteau de son époux. Manava-Dharma-Sastra, III, 44. Au Japon on plaçait sous les yeux de la jeune fille, durant la cérémonie des fiançailles, une quenouille et du lin.

La plus grande partie de ces détails est tirée du recueil de Mendoza, cité dans l'ouvrage de M. de Humboldt, p. 286, etc.

3 « Salomon fit le dénombrement de tous les prosélytes qui étaient dans la terre d'Israël, depuis le dénombrement qu'en avait fait David son père, et il s'en trouva cent cinquante-trois mille six cents. » 2. Paralip. II, 17.

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trer le baptême. Il se donnait par une seule immersion, et il fallait que l'eau touchât réellement tout le corps du prosélyte. La cérémonie de cette initiation se passait en présence de trois juges ou témoins, et l'absence d'un seul d'entre eux la rendait nulle et insuffisante devant la loi'.

Il est facile de démêler dans le baptême des enfants mexicains, l'imitation des rites principaux qui caractérisaient autrefois chez les Juifs celui des prosélytes de justice. En effet, les Aztèques simulaient, comme les Juifs, la circoncision sur le corps de leurs enfants nouveau-nés; ils les plongeaient, comme eux, dans l'eau froide; et les trois jeunes gens qui assistaient à cette cérémonie, représentaient évidemment les trois juges qui servaient de témoins à la réception des prosélytes. C'est encore pendant la cérémonie de la circoncision, que les Mahométans Chyites donnent à leurs enfants les noms qui leur sont réservés, et lorsque la personne qui doit subir cette opération est âgée, elle doit préalablement quitter son ancien nom, et en prendre un nouveau en vertu de l'acte de sa régénération religieuse2.

Dans quelques provinces de la Nouvelle-Espagne on allumait un grand feu lors du baptême des enfants, et on les passait par la flamme, pour les purifier à la fois par l'eau et par le feu3. On n'ignore pas combien cette superstition orientale est réprouvée dans l'Ecriture: « Qu'il ne se trouve personne

parmi vous, dit le Deutéronome, qui purifie son fils ou sa » fille, en les faisant passer par le feu4. » Et le quatrième livre des Rois raconte comment Josias profana Topheth dans la vallée du fils d'Ennom, afin que personne parmi le peuple

ne sacrifiât son fils ou sa fille à Moloch, en les faisant passer par le feu3.» Achaz et Manassé, prédécesseurs de Josias,

* Dissertation sur le baptême des Juifs, dans la Sainte Bible, en latin et en français, avec des notes, etc. tirées du Commentaire de D.-Augustin Calmet, XIX, 239.

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Voyages du chevalier Chardin en Perse, IX, 192.

Vues des Cordillères et monuments de l'Amérique, etc. 78.

Deuteronome, XVIII, 10.

' Géennom est le nom hébreu de la vallée d'Ennom ou des fils d'Ennom (Bén Ennom). C'est du mot hébreu Géennom qu'est dérivé celui de Géhenne, dont on se sert pour désigner l'enfer. Jos. XV, 8; XVIII, 16; 2.

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