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ou tout cela est inventé pour mettre le trouble et la division dans le monde. Que Dieu fasse des choses hautes, incompréhensibles, il n'y a rien là au-dessus de lui: que le monde en soit rebuté, et résiste à une si haute révélation, c'est le naturel de l'homme animal. Mais qu'on accable les esprits de difficultés qui ne sont que dans le langage, que tout soit exagération et qu'il en faille venir à tout rabaisser à la capacité du sens humain, cela n'est pas. Que ceux-là le croient, qui veulent nous ôter la vérité simple des paroles de Jésus-Christ et réduire à rien son Evangile.

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Quelle fut l'incrédulité des Capharnaites. Joan., VI, 41, 43, 50, 51 et seq.

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« C'est l'esprit qui vivifie : » donc la chair ne vivifie pas. Si cela est, il ne falloit pas dire : « Le pain que je donnerai pour la vie du monde; »> ni : « Celui qui mange ma chair et qui boit mon sang, aura la vie éternelle : la chair ne sert de rien. » Si cela veut dire que la chair de Jésus-Christ ne sert de rien, il n'en falloit donc pas parler avec tant d'avantage. « Les paroles que je vous dis sont esprit et vie » si cela veut dire qu'il ne faut pas s'attacher à la chair et au sang, il n'étoit pas besoin d'en parler tant, ni de tant obliger à les manger et à les boire et si tout cela vouloit dire qu'il ne falloit les manger et les boire qu'en esprit, il ne falloit point tant inculquer des paroles qui portoient visiblement à de contraires idées. Il y a donc ici un autre sens, qui a frappé les Capharnaïtes. Si la chair de Jésus-Christ donne la vie, et que l'esprit vivifie aussi, c'est donc que cette chair est remplie d'un esprit vivifiant; et si cela est, quand Jésus-Christ dit « que la chair ne sert de rien, » ou il ne l'entend pas de sa chair, ou si c'est de sa chair qu'il veut parler, il veut dire que sa chair ne sert de rien en la prenant toute seule; mais qu'il la faut prendre avec l'esprit dont elle est pleine. Et lorsqu'il conclut de là que ses paroles sont esprit et vie, après avoir tant parlé de chair et de sang, c'est dire que cette chair et ce sang sont eux-mêmes esprit et vie, tout

remplis de divinité, de l'esprit de Dieu et de la vie de la grace: et de plus, qu'il les faut manger d'une manière qui passe les sens, d'une manière divine qui ne les consume ni ne les altère, mais qui les laisse tout entiers pour le ciel, comme on a vu. Enfin ne paroissant rien dans tout ce discours de ce manger en figure, de ce boire en allégorie qu'on y veut trouver, ni rien par conséquent qui doive obliger à renoncer au manger et au boire au pied de la lettre, mais seulement à entendre qu'il faut manger cette chair et boire ce sang comme pleins d'esprit et de vie, d'une manière si haute et si divine, il s'ensuit que le Fils de Dieu n'a point tempéré, mais plutôt fortifié ce qu'il avoit dit: d'où vient aussi qu'à ce coup les Capharnaïtes l'abandonnent, et ne veulent plus marcher dans sa compagnie.

Qui ne seroit étonné du progrès de leur incrédulité, et ne le regarderoit avec frayeur? Quand Jésus-Christ leur dit qu'il étoit descendu du ciel, ils commencent à murmurer et ils disent: « N'est-ce pas ici le fils de Joseph? Et comment donc se dit-il descendu du ciel 1? » Quand il enfonce plus avant, et qu'il dit que la nourriture qu'il leur veut donner à manger est sa chair qu'il donnera pour la vie du monde, ils disputent les uns contre les autres, en disant : « Comment cet homme nous peut-il donner sa chair à manger 2? » Ce qui marque des gens encore irrésolus et plutôt ébranlés que déterminés à le quitter. Il poursuit, et il leur dit si affirmativement et si souvent qu'il faudra manger et boire son corps et son sang, qu'ils ne voient aucun moyen de s'en dispenser; ce qui leur fait dire : « Cette parole est dure : qui pourroit l'entendre'? » Par où ils se précipitent dans un scandale formel et dans une incrédulité déclarée. Cependant ils ne s'en vont pas encore : ils attendent s'il viendra enfin quelque sorte d'adoucissement. Mais Jésus-Christ leur ayant dit pour toute explication qu'ils ne se trompoient qu'en ce qu'ils croyoient manger sa chair et boire son sang d'une manière qui les consumàt, et que d'ailleurs ils n'entendoient pas de quel esprit elle étoit pleine, ni la façon incompréhensible dont il vouloit les leur donner, ils voient tout poussé à bout, et la dureté qui troubloit leur sens et scanda↑ Joan., VI, 42. — 2 Ibid., 53 et seq. 3 Ibid., 61.

lisoit leurs esprits portée au comble: si bien que ne pouvant la porter, ils renoncent tout à fait à la compagnie de Jésus-Christ, et ne veulent plus se ranger au nombre de ses disciples.

Lui aussi, qui avoit tout dit de son côté et qui avoit expliqué tout ce qu'il vouloit qu'on sût de son mystère, s'adresse à ses apôtres, en leur demandant : « Et vous, voulez-vous aussi vous en aller1?» Comme s'il eût dit: Je n'ai rien à augmenter ni à diminuer à mon discours: je n'y veux rien ajouter, ni je n'en puis rien rabattre prenez maintenant votre parti: je ne veux point de disciple qui n'aille jusque-là, et je mets leur foi à ce prix.

Les Capharnaïtes ont trouvé étrange qu'il se dît descendu du ciel; et pour tout adoucissement, il leur répète qu'il est descendu du ciel, parce que cela est vrai au pied de la lettre. Ils commencent à murmurer en demandant comment il pourra donner sa chair à manger; et ils reçoivent pour toute réponse qu'il leur donneroit sa chair à manger, et il y ajoute son sang3, afin qu'il ne manque rien à ce qu'il avoit à leur dire. Il le répète : il l'inculque encore un coup, parce que cela étoit vrai au pied de la lettre. Ils disent que cela est dur et insupportable; et il l'étoit en effet de la manière qu'ils l'entendoient, puisqu'ils croyoient démembrer son corps et consumer son sang : il leur ôte ce doute en leur disant qu'avec tout cela il remonteroit au ciel dans toute son intégrité, et qu'au reste ce qu'il avoit dit de sa chair et de son sang, et quant au fond et dans la manière de les prendre, étoit chose au-dessus des sens et pleine d'esprit et de vie, sans rien rabattre du littéral, mais y ajoutant seulement le spirituel et le divin. A ce coup donc ils s'en vont leur soumission est à bout, et ils ne veulent plus d'un Maître qui met leur raison à cette épreuve.

Allez, malheureux ! suivez Judas: pour nous, nous suivrons saint Pierre et nous dirons : « Maître, où irions-nous? vous avez des paroles de vie éternelle 3. » Où irions-nous, Seigneur, où irions-nous? Quoi! à la chair et au sang? à la raison? à la philosophie? aux sages du monde ? aux murmurateurs? aux incré

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dules? à ceux qui sont encore tous les jours à nous demander: Comment nous peut-il donner sa chair à manger? Comment est-il dans le ciel, si en même temps on le mange sur la terre? Non, Seigneur, nous ne voulons point aller à eux, ni suivre ceux qui vous quittent : « Vous seul avez des paroles de vie éternelle. »

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XLI JOURNÉE.

Qu'est-ce à dire : La chair ne sert de rien? Joan., vi, 64.

Il y a encore une vérité à pénétrer dans ces paroles de notre Sauveur : « La chair ne sert de rien: » et il me semble que Jésus conçu dans les entrailles bénies de la sainte Vierge, me la va faire entendre cherchons, demandons, frappons, et il nous sera ouvert : nous entendrons ce qui rend Marie heureuse. L'ange lui vint annoncer qu'elle seroit la Mère de Jésus-Christ. Elle crut, et ce qui lui avoit été promis s'accomplit dans son bienheureux sein. Mais que lui dit sur cela sa cousine sainte Elisabeth? « Vous êtes heureuse d'avoir cru ce qui vous a été dit de la part du Seigneur, s'accomplira1. » Une partie en a déjà été accomplie, puisque vous avez conçu: il faut encore que cet enfant, que vous portez en votre sein, naisse de vous; et cela s'accomplira en son temps, comme le reste. Voilà ce qui vous rend heureuse; mais pour entendre tout votre bonheur, il faut encore savoir que vous avez cru: ce Sauveur que vous portez dans votre sein, vous vous êtes encore unie par la foi vous avez cru qu'il seroit non-seulement votre fils, mais encore le Fils de Dieu : vous avez cru à la descente du Saint-Esprit sur vous, à l'infusion de la vertu du TrèsHaut, à la manière admirable et inouïe dont vous concevriez ce béni fruit de vos entrailles : « Vous êtes bénie par-dessus toutes les femmes, et le fruit de vos entrailles est béni 2: » vous êtes bénie par où vous êtes heureuse; bénie et heureuse par deux choses heureuse par le grand mystère qui s'est accompli en vous selon la chair, et heureuse par la foi qui vous y a unie selon l'esprit.

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1 Luc., 1, 45. - 2 Ibid., 42.

Cette même vérité nous est encore expliquée en un autre endroit par Jésus-Christ même. Une femme ravie de son discours, s'écria parmi la troupe : « Heureuses les entrailles qui vous ont porté et les mamelles que vous avez sucées! Et Jésus dit : Mais plutôt heureux sont ceux qui écoutent la parole de Dieu et qui la gardent! Mais plutôt : » est-ce qu'il veut dire que sa Mère n'est pas heureuse de l'avoir nourri et de l'avoir eu pour fils? Non sans doute, ce n'est pas cela: il ne dédit pas sainte Elisabeth, qui a dit par l'instinct du Saint-Esprit : « Vous êtes heureuse : ce qui vous a été dit s'accomplira : » mais il veut qu'on reconnoisse avec elle que la vraie cause du bonheur de sa sainte Mère, c'est d'avoir cru: non pour détruire la vérité de ce qui s'est accompli en Marie selon la chair, mais pour y joindre le fruit intérieur qu'elle a reçu en croyant. Il faut donc joindre de même à ce qui s'accomplit en nous selon la chair dans l'Eucharistie, ce qui s'y doit accomplir par la foi et selon l'esprit; et l'esprit nous vivifiera, si nous croyons que le bonheur qui nous est promis nous vient à la vérité de l'un et de l'autre, mais qu'il nous vient comme à Marie plutôt de l'esprit et de la foi que de la chair et du sang.

De même quand on lui vint dire : « Votre mère et vos frères sont là; » et qu'il répondit : « Ma mère et mes frères sont ceux qui écoutent la parole de Dieu et qui l'accomplissent. » Ce n'étoit pas qu'il renoncât à la liaison du sang où il étoit entré en se faisant homme; et encore moins pour nier que, comme les autres hommes, il n'eût été conçu du sang de sa Mère; mais afin que l'on entendit d'où venoit la liaison véritable qu'il vouloit qu'on eût avec lui; et que sa mère, qu'on estimoit avec raison bienheureuse selon la parole de sainte Elisabeth, ne l'étoit pas tant pour l'avoir conçu selon la chair qu'à cause qu'ayant cru à la parole de l'ange, elle l'avoit auparavant conçu selon l'esprit, comme parlent les saints Pères.

Rendons-nous donc heureux à son exemple. Le Fils de Dieu devoit prendre en elle le corps et le sang qu'il vouloit non-seulement donner pour nous, mais encore nous donner. Aussi véritablement qu'il les a pris de Marie et aussi véritablement qu'il les a 1 Luc., XI, 27, 28. 2 - Luc., VIII, 20, 21.

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