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fond de sa conscience il jouit du repos des justes et pousse la confiance jusqu'à dire : « Quand il me tueroit, j'espérerai en lui; » et encore : « Mon témoin est dans le ciel, et celui qui me justifie dans les lieux hauts; mes amis sont des discoureurs; c'est devant vous que mes yeux répandent leurs larmes 1. »

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J'ai désiré d'un grand désir de manger cette påque. Jésus - Christ notre páque. Luc., xxII, 15.

Pendant que Jésus parloit à ses disciples de celui qui le devoit trahir, ils continuoient le souper; et le Fils de Dieu voulant établir la nouvelle pâque par l'institution de l'Eucharistie, la commença par ces paroles : « J'ai désiré d'un grand désir de manger cette pâque avec vous devant que de souffrir 2. » Ce qui fut suivi, comme on verra, de l'institution de l'Eucharistie: et cette institution et ce grand désir qu'il nous témoigne en ce lieu, de faire avec nous cette pâque avant que de souffrir, fait partie de l'amour immense dont Jésus, « qui avoit toujours aimé les siens, les aima, » comme dit saint Jean, « jusqu'à la fin 3. >>

Pour donc entrer dans son dessein et dans des dispositions convenables aux siennes, souvenons-nous que la pâque, la sainte victime d'où devoit sortir le sang de la délivrance, devoit, comme beaucoup d'autres victimes de l'ancienne alliance, non-seulement être immolée, mais encore mangée; et que Jésus-Christ voulut se donner ce caractère de victime, en nous donnant à manger à perpétuité ce même corps qui devoit être une seule fois offert pour nous à la mort. Et c'est pourquoi il disoit : « J'ai désiré avec ardeur de manger avec vous cette pâque avant que de mourir *. » Ce n'étoit pas la pâque légale, qui alloit finir, que Jésus-Christ désiroit avec tant d'ardeur de manger avec ses disciples: il l'avoit souvent célébrée et mangée avec eux, et une autre pâque fai

1 Job, XIII, 15; XVI, 20, 21. - 2 Luc., XXII, 15. 3 Joan., XIII, 1. - Luc.,

XXII, 15.

soit ici l'objet de son désir. Et c'est pourquoi quand il dit : « J'ai désiré avec ardeur de manger avec vous cette pâque; » la pâque de la nouvelle alliance, c'est de même que s'il disoit : J'ai désiré d'être moi-même votre Pâque, d'être l'Agneau immolé pour vous, la victime de votre délivrance; et par la même raison que j'ai désiré d'être une victime véritablement immolée, j'ai désiré aussi d'être une victime véritablement mangée : ce qu'il accomplit par ces paroles: « Prenez, mangez, ceci est mon corps donné pour vous1» c'est la pâque d'où doit sortir le sang de votre délivrance. Vous sortirez de l'Egypte, et vous serez libres aussitôt après que ce sang aura été versé pour vous: il ne vous restera plus qu'à manger, à l'exemple de l'ancien peuple, la victime d'où il est sorti. C'est ce que vous accomplirez'dans l'Eucharistie, que je vous laisse en mourant, pour être éternellement célébrée après ma mort. Manger les chairs de l'Agneau pascal, étoit aux Israélites un gage sacré qu'il avoit été immolé pour eux. La manducation de la victime étoit une manière d'y participer; et c'étoit en cette sorte qu'on participoit aux sacrifices pacifiques ou d'actions de graces, comme il est marqué dans la loi . Saint Paul dit aussi « que les Israélites qui mangeoient la victime, par là étoient rendus participans de l'autel et du sacrifice, et s'unissoient même à Dieu à qui il étoit offert, de même que ceux qui mangeoient les victimes offertes aux démons, entroient en société avec eux 3. » Si donc Jésus est notre victime, s'il est notre pâque, il doit avoir ces deux caractères : l'un d'être immolé pour nous à la croix, l'autre d'être mangé à la sainte table comme la victime de notre salut. Et c'est ce qu'il désiroit avec tant d'ardeur d'accomplir avec ses disciples. L'un et l'autre caractère devoit être également réalisé en sa personne : comme il devoit être jimmolé en son propre corps et en sa propre substance, il falloit (qu'il fût mangé de même : « Prenez, mangez, ceci est mon corps livré pour vous: >> aussi véritablement mangé qu'il est véritablement livré aussi présent à la table où on le mange qu'à la croix où on le livre à la mort, où il s'offre épuisé de sang pour l'amour de vous.

3

<< Entrons >> donc, comme dit saint] Paul, « dans les mêmes dis1 Matth., XXVI, 26; Luc., XXII, ↑ Levit., III, 7.

19.

I Cor., X, 18-21.

positions où a été le Seigneur Jésus '. » S'il a désiré avec tant d'ardeur de célébrer cette pâque avec nous, ayons le même désir de faire la pâque avec lui. Cette pâque est la communion; Jésus a faim pour nous de cette viande céleste; il désire d'être mangé, et par ce moyen d'être en tout point notre victime. Ayons la même ardeur de participer à son sacrifice, en mangeant ce divin corps immolé pour nous. S'il est notre victime, soyons la sienne : « Offrons nos corps, comme dit saint Paul, ainsi qu'une hostie vivante, sainte et agréable. Mortifions nos mauvais désirs : éteignons en nous toute impureté, toute avarice, tout orgueil3.» Humilions-nous avec celui qui se sentant égal à Dieu, n'a pas laissé de s'anéantir luimême, en se rendant obéissant jusqu'à la mort, et à la mort de la croix . » Prenons des sentimens de mort : « si nous sommes à Jésus-Christ,» si nous le mangeons, « crucifions notre chair avec ses vices et ses convoitises . » C'est là notre pâque notre pâque, c'est d'être unis avec lui, pour passer de cette vie à une meilleure, des sens à l'esprit, du monde à Dieu. C'est à ce prix que nous pourrons nous rendre dignes de manger avec Jésus-Christ la pâque qu'il a tant désirée, et de nous nourrir de la chair de son sacrifice.

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Jésus-Christ mange la pȧque avec nous nous devons la manger avec lui.

Lisez les mêmes paroles de saint Luc, xxII, 15, 16; et appuyez sur ces mots : «Avec vous: devant que de souffrir. »

Jésus, qui nous a institué un baptême, a voulu le recevoir luimême: Jésus qui nous a institué l'Eucharistie pour être notre pâque, a voulu avant toutes choses la recevoir avec nous. Il est notre Chef, comprenons-le bien. Car c'est là le grand mystère de notre salut. Il est notre Chef, et ce qui est fait pour nous il le prend luimême. Il commence en sa personne l'usage du baptême : il com

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mence aussi en sa personne l'usage de l'Eucharistie. Quand il est baptisé, nous sommes baptisés en lui: nous recevons aussi en lui l'Eucharistie qu'il reçoit. Il ne faut donc point douter qu'en l'instituant il ne la reçoive: il ne faut, dis-je, point douter qu'il n'ait mangé ce qu'il a présenté à ses disciples. Quoi donc ! aura-t-il mangé sa propre chair? Cela fait horreur. Homme charnel, que craignez-vous, et jamais ne cesserez-vous d'écouter vos sens? Ignorez-vous le pouvoir de celui qui vous parle? S'il se donne lui-même à manger aux siens d'une manière qui, loin de leur faire horreur, leur inspire de la confiance, du respect et de l'amour, qui doute qu'il n'ait pu se manger lui-même en cette sorte? Sans quoi il n'auroit pas dit : « J'ai désiré avec ardeur de manger avec vous cette pâque 1.» Or cette pâque, cet agneau pascal, nous avons vu que c'étoit son propre corps: il le mange donc d'une manière aussi réelle et tout ensemble aussi élevée au-dessus des sens qu'il nous le donne, et c'est là sa pàque et la nôtre : c'est son passage et le nôtre. « Je m'en vais, dit-il, je monte vers mon Père et vers le vôtre, vers mon Dieu et vers le vôtre. » Je monte vers lui, parce qu'il est mon père et mon Dieu : vous y monterez aussi avec moi, parce qu'il est, quoique d'une autre manière, votre Père et votre Dieu : nous avons donc vous et moi à accomplir ce passage où nous passons du monde à Dieu.

Mais quand Jésus retourne à Dieu, il retourne au sein de son Père, au lieu de son origine, à son lieu natal pour ainsi parler, où il est toujours et qu'il ne peut jamais quitter: il retourne à son propre bien, à sa propre gloire : il retourne en quelque façon à lui-même il vit de lui-même la vie étoit en lui comme elle étoit dans le Père: il est lui-même la vie : il est la nôtre, il est la sienne : il est la nôtre et nous avons besoin de le manger : il est la sienne et il n'a besoin, pour ainsi parler, que de se manger lui-même. C'est le mystère qu'il accomplit par cette pâque qu'il désiroit tant de manger avec ses disciples. Nous le mangeons, nous vivons de lui: il se mange, il vit de lui-même, et il retourne à son Père pour jouir dans son sein de cette vie. Et c'est pourquoi il ajoute: « Je vous dis en vérité que je ne mangerai point de cette 1 Luc., XXII, 15.- 2 Joan., XX, 17.

pâque si désirée, jusqu'à ce que le mystère en soit accompli dans le royaume de Dieu'. » Dans ce bienheureux royaume ma pâque sera accomplie, parce que j'aurai passé du monde à mon Père: mais ma pâque, c'est aussi la vôtre; et parce que je suis votre Chef et que vous êtes mes membres, il faut que vous fassiez le même passage. Mangez donc la victime du passage: mangez mon corps et passez à Dieu avec moi : commencez à y passer en esprit : vous y passerez un jour en personne et selon le corps, lorsque vous ressusciterez par la vertu de mon corps, qui aura sanctifié le vôtre. Alors la pâque sera accomplie en vous, comme elle le va être en moi vous passerez à ma gloire votre corps y passera comme votre ame, et il sera revêtu d'immortalité et tous ensemble, le chef et les membres, nous jouirons de la gloire et de la félicité de notre passage, et il n'y aura plus rien à désirer pour le parfait accomplissement de notre pâque. Célébrons-en donc, en attendant, le sacré symbole dans l'Eucharistie, et mangeons avec Jésus-Christ la pâque si désirée.

Mon Sauveur, par combien de prodiges y signalez-vous votre amour envers nous ? C'est vous qui nous donnez ce sacré banquet. Vous êtes la viande qu'on y mange: vous êtes celui qui la mangez, puisque ceux qui la mangent sont vos membres, c'està-dire sont d'autres vous-mêmes. Remplissons-nous donc de Jésus-Christ. On lui est uni dans ce banquet corps à corps, ame à ame, esprit à esprit. Qui est digne de cette union, sinon celui qui est déjà en quelque façon un Jésus-Christ pour le devenir encore davantage en s'y unissant? Qu'il n'y ait donc plus rien d'humain en nous. «< Revêtons-nous, comme dit saint Paul, de Notre-Seigneur Jésus-Christ 2, » de sa bonté, de sa douceur, de son humilité, de sa patience, de son zèle, de son immense charité: ne respirons que le ciel, où Jésus-Christ est assis à la droite de son Père: qu'il n'y ait plus que notre corps qui soit sur la terre: mais que « nous vivions dans le ciel3» comme en étant citoyens: soyons affamés de Jésus-Christ, de son royaume, de sa justice, car il est aussi affamé de nous : « il désire d'un grand désir de manger avec nous cette pâque; » de nous unir à lui et d'agir sans cesse sur 1 Luc., XXII, 16. · 14. Philipp., III, 20.

2 Rom., XIII,

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