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miste. Sa bonté concilie tout. Il a composé cet univers des natures et des qualités les plus discordantes: il fait concourir ensemble la nuit et le jour, l'hiver et l'été, le froid et le chaud, et ainsi du reste, pour la bonne constitution de l'univers et pour la conservation du genre humain. Il reçoit ses ennemis en sa paix ; et « il faut, » dit Jésus-Christ, qu'à son exemple, « vous aimiez vos ennemis, et que vous fassiez du bien à ceux qui vous haïssent 1.» Il faut « que vous le priiez pour ceux qui vous persécutent, afin que vous soyez les enfans de votre Père céleste, qui fait lever son soleil sur les bons et sur les mauvais, et qui pleut sur les justes et sur les injustes 2, » comme nous verrons dans la suite. « Bienheureux » donc « les pacifiques : » ceux qui aiment la paix et qui la procurent : « Ils seront appelés enfans de Dieu,» parce qu'ils porteront le caractère d'un si bon Père.

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Le soleil n'en est pas plus nébuleux dans les pays où Dieu n'est pas connu la pluie n'en arrose pas moins abondamment les champs et les pâturages, et n'y est pas moins rafraîchissante, moins féconde. Ainsi, comme disoit saint Paul, « Dieu ne se laisse point sans témoignage 3. » Le soleil, quand il se lève nous avertit de son immense bonté, puisqu'il ne se lève pas plus tard ni avec des couleurs moins vives pour les ennemis de Dieu que pour ses amis. Adorez donc, quand il se lève, la bonté de Dieu qui pardonne, et ne témoignez pas à votre frère un visage chagrin; pendant que le ciel et Dieu même, si l'on peut parler de la sorte, lui en montre un si serein et si doux.

Jésus-Christ, le Fils unique du Père céleste est le grand pacificateur: « Qui a annoncé la paix à ceux qui étoient de loin, et à ceux qui étoient de près, faisant mourir en lui-même toutes les inimitiés, » et «<pacifiant par le sang qu'il a répandu sur la croix, tout ce qui est dans le ciel et dans la terre 3, » comme dit saint Paul.

A l'exemple du Fils unique, les enfans d'adoption doivent prendre le caractère de leur père, et se montrer vrais enfans de Dieu par l'amour de la paix.

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Cette grace d'être enfans de Dieu se consomme dans la vie future, selon ce que dit le Sauveur: «Ils seront vrais enfans de Dieu, parce qu'ils seront des enfans » nouvellement engendrés « par la résurrection 1. >>

Soyons donc vraiment pacifiques, ayant toujours des paroles de réconciliation et de paix, pour adoucir l'amertume que nos frères témoigneront contre nous ou contre les autres cherchant toujours à adoucir les mauvais rapports; à prévenir les inimitiés, les froideurs, les indifférences; enfin à réconcilier ceux qui seront divisés. C'est faire l'œuvre de Dieu et se montrer ses enfans, en imitant sa bonté.

Combien sont éloignés de cet esprit ceux qui se plaisent à brouiller les autres qui, par de mauvais rapports souvent faux dans le tout, souvent augmentés dans leurs circonstances, en disant ce qu'il falloit taire, en réveillant le souvenir de ce qu'il falloit laisser oublier, ou par des paroles piquantes et dédaigneuses, aigrissent leurs frères et leurs sœurs déjà émus et infirmes par leur colère!

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IX JOURNÉE.

Huitième et dernière béatitude: souffrir pour la justice. Matth., v, 10.

« Bienheureux ceux qui souffrent persécution pour la justice, parce que le royaume des cieux leur appartient 2. » Tous ceux qui souffrent pour avoir bien fait, pour avoir donné bon exemple, pour avoir obéi simplement, et avoir confondu par leur exemple ceux qui ne vivent pas assez régulièrement; en sorte qu'on se prend à eux des reproches qu'on fait aux autres, souffrent persécution pour la justice. Ceux qui portent leur croix tous les jours, et persécutent persévéramment en eux-mêmes leurs mauvais désirs, souffrent persécution pour la justice.

C'est ici la dernière et la plus parfaite de toutes les béatitudes, 1 Luc., XX, 36. 2 Matth., V, 10.

parce que c'est elle qui porte le plus vivement en elle-même l'empreinte et le caractère du Fils de Dieu.

C'est pourquoi il s'arrête sur celle-ci : non content d'en avoir parlé comme des autres, il reprend encore le discours, en disant : « Vous serez heureux, quand vous serez maudits et persécutés, et qu'on dira de vous pour l'amour de moi toute sorte de mal: réjouissez-vous, et soyez remplis de joie,» ravis, transportés, « parce qu'ils ont persécuté de la même sorte les prophètes qui ont été avant vous1: » et non-seulement les prophètes, mais encore le Messie lui-même.

On revient donc ici au commencement, et au royaume des cieux, qui avoit paru dès la première béatitude. La pauvreté et la persécution pour la justice attirent également le royaume des cieux.

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Vrai caractère du chrétien dans les huit beatitudes avec les caractères opposés. Matth., v, 3, 12; Luc., vi, 20, 27.

Que la semaine s'est heureusement écoulée, en parcourant huit béatitudes! La belle octave, où l'on tâche d'imprimer en soimême huit caractères du chrétien, qui enferment un abrégé de la philosophie chrétienne! La pauvreté, la douceur, les larmes ou le dégoût de la vie présente, la miséricorde, l'amour de la justice, la pureté de cœur, l'amour de la paix, la souffrance pour la justice.

Trois de ces caractères paroissent assez semblables; la douceur, la miséricorde, l'amour de la paix; néanmoins ils ont chacun leur propriété. C'est autre chose d'être pacifique, et de savoir finir toutes les querelles qu'on nous fait et qu'on fait aux autres: autre chose, d'être doux sans jamais offenser ni aigrir personne autre chose, d'être bienfaisant et miséricordieux.

Les caractères opposés aux huit qu'on vient de voir sont : l'esprit de propriété ou de richesses, l'aigreur, l'amour du plaisir, 1 Matth., V, 11, 12.

l'injustice, la dureté, la corruption du cœur, l'esprit de querelle et de brouillerie, l'impatience dans les afflictions et la crainte qui fait abandonner la règle de la vérité et de la justice.

Nous trouverons dans saint Luc l'abrégé des béatitudes réduites à quatre d'être pauvre, d'être affamé, de pleurer, d'être haï et persécuté pour l'amour du Fils de Dieu. A ces quatre béatitudes, Jésus-Christ joint quatre malédictions contre les hommes du monde : « Malheur à vous, riches; car vous avez votre consolation. Malheur à vous qui êtes contens et rassasiés des biens de la terre, parce que viendra le temps que vous aurez faim, et que vous manquerez de tout. Malheur à vous qui riez, et qui vous laissez emporter aux joies du siècle; car vos joies seront changées en pleurs. Malheur à vous, lorsque les hommes vous applaudissent; c'est ainsi qu'on faisoit aux faux prophètes 2. » Craignons donc d'avoir notre consolation sur la terre craignons, de la chercher craignons de la recevoir : craignons les louanges et les applaudissemens du monde. Aimons cet enchaînement de béatitudes, qui de l'amour de la pauvreté nous pousse jusqu'à celui des souffrances; et par celui des souffrances nous ramène jusqu'à celui de la pauvreté, et nous fait trouver le même royaume des cieux dans l'un et dans l'autre.

Pour conclusion, la doctrine des béatitudes est renfermée dans ces trois mots, que je vous laisse à peser.

Toute la doctrine des mœurs tend uniquement à nous rendre heureux. Le Maître céleste commence par là. Apprenons donc de lui le chemin du vrai et éternel bonheur.

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Quatre caractères du chrétien. Matth., v, 13, 20.

Après cet abrégé du christianisme, Jésus-Christ nous marque trois caractères éminens de ses disciples: «D'être le sel de la 1 Luc., VI, 20-23. 2 Ibid., 24, etc.

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terre d'être la lumière du monde : d'être d'une extrême exactitude à observer ses commandemens 1. » Il en ajoute après un quatrième, qui est l'éminence et la perfection : « Si votre justice n'abonde » et voilà l'idée entière de la justice chrétienne.

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Le sel assaisonne les viandes; il en relève le goût; il en empêche la fadeur; il en prévient la corruption. Ainsi la conversation du vrai chrétien doit ranimer dans les autres le goût de la piété. C'est ce qui fait dire à saint Paul: «Que votre discours soit plein de grace, et assaisonné de sel *. » Et c'est de quoi sont bien éloignés ceux qui n'ont que de la langueur et de la mollesse dans toute leur conduite. Il faut dans les paroles du chrétien une sainte vivacité; il faut reprendre avec force et quelquefois piquer jusqu'au vif, comme un grain de sel. Mais ne mettez point trop de sel ensemble: au lieu de piquer la langue pour réveiller l'appétit, vous mettriez en feu toute la bouche.

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Etre la lumière du monde, est un degré encore au-dessus du précédent car il emporte l'exemple qui édifie et qui éclaire la maison de Dieu. C'est ce que nous nous devons les uns aux autres. Et au contraire, si nous nous sommes à scandale les uns aux autres, cette malédiction du Sauveur tombera sur nous : « Malheur au monde à cause des scandales, » qui arriveront. « Il est impossible qu'il n'arrive des scandales; mais malheur à celui par qui ils arrivent : il vaudroit mieux pour lui qu'on le jetât dans la mer avec une meule de moulin autour du col 3. » Pesez, pesez ces paroles, chrétiens, qui ne craignez pas de scandaliser les infirmes et les petits de l'Eglise.

« Vous êtes la lumière du monde : » cela s'entend, non-seulement des pasteurs, mais encore de tous les chrétiens. Saint Paul le dit ainsi : « Vous devez luire au milieu d'une nation mauvaise et corrompue, comme étant les luminaires dont le monde doit être éclairé. Si quelqu'un parle, » comme dit saint Pierre, « que ce soit comme des discours de Dieu : » comme si Dieu parloit par sa bouche. Saint Mathias disoit, ainsi que le rapporte saint Clément d'Alexandrie, que lorsque quelqu'un faisoit mal dans le voisinage

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