La Foi de nos pères n'était peut-être pas si éclairée que la nôtre, mais elle était plus vive, plus agissante; leur dévotion n'etait peut-être pas si éclatante, mais elle était plus solide, plus réelle, ils ne multipliaient peut-être pas tant leurs prières, mais elles étaient plus humbles, plus ferventes; voilà pourquoi ils n'invoquaient jamais Marie, qu'ils ne ressentissent les heureux effets de sa puissante médiation, comme Saint Bernard l'assurait des fidèles de son temps. Soyons aussi religieux envers Dieu, aussi fermes dans notre Foi, aussi enracinés dans la charité, aussi dévots à Marie que nos pères, et Marie ne nous sera pas moins favorable. ** HISTOIRE DE LA CONFRAIRIE DE NOTRE-DAME DE BON-ESPOIR, L'AMOUR 'AMOUR pour la société est né avec tous les hommes: c'est cet amour qui á produit les confrairies. Tous les âges, toutes les Nations ont vu naître des Associations différentes; il y en avait chez les Juifs; chez les Païens; il y en a de même toujours eu dans l'Eglise de Jésus-Christ. Ces Rachabites qui faisaient profession de n'habiter aucune maison, d'errer dans les solitudes, de se cacher dans des cavernes, de n'avoir rien en propre, de s'abstenir de l'usage du vin, comme on le voit dans Jérémie: ces Prophêtes qui s'assemblaient pour méditer et pour méditer et pour s'instruire de la Loi de Dieu; les Saducéens les Pharisiens, sectes différentes qui prirent naissance après la mort de Judas Machabée; les Esséniens ou Thérapeutes. dont saint Epiphane fait remonter l'ori gine jusqu'à Jessé, frère de David, dont Joseph dans ses antiquités fait un portrait magnifique, qui étaient des parfaits imitateurs des Prophètes, et qui ont servi de modèles à ceux des premiers Chrétiens, qui ont embrassé et donné des règles de la vie catholique, montrent que dans tous les temps il y a eu des personnes qui s'associaient et qui suivaient des règles particulières pour servir Dieu d'une manière plus parfaite que les autres. Mais rien ne ressemble mieux à nos Confrairies, que ces personnes que la charité associait pour s'occuper au soulagement des pauvres, à la visite des malades, et à d'autres œuvres de miséricorde dont le roi Prophète parle si souvent dans ses Pseaumes, et auxquels il donne de si grands éloges. Non-seulement la Synagogue a eu des associations et des espèces de Confrairies; mais combien n'en voyons-nous pas chez les Païens ? Les Egyptiens avaient établi une Confrairie en l'honneur de leur Dieu Seraphis. Plutarque rapporte que Lycurgue avait partagé le peuple en différentes Confrairies, qui avaient aussi différens usages; qu'il y en avait, qui se distinguaient surtout par une plus grande union entr'eux, par une amitié plus étroite: qu'il y en avait qui étaient obligés de manger tous ensemble une fois le mois. Dans ces repas régnait la sobriété, et on y conduisait les enfans comme dans une école, pour ap prendre la tempérance, la pureté, la politesse, la discrétion, la prudence: mais sur-tout combien de différentes Confrairies chez les Romains? Romulus institua celle des Arvales et celle des Lupercales. Toutes les professions de Rome furent rangées sous autant de Confrairies par Numa, qui donna à chacune un patron, pris entre les dieux du paganisme. Les Romains augmentèrent ces Confrairies à mesure qu'ils subjugaient de nouvelles Nations, parce qu'ils en embrassaient les cultes différens et les religions. Ils en établirent même en l'honneur de chaque Prince, dont ils fesaient l'apothéose; et on les appellait du nom de ceux à la gloire desquels elles étaient consacrées : telles étaient les Augustales, les Flaviales, les Auréliennes, les Antoniennes. Tertullien nous apprend que les premiers Chrétiens, qui étaient tous, ou Juifs, ou Païens d'origine, retinrent ce goût qu'ils avaient pour les Confrairies et les sociétés particulières; qu'ils en établirent de nouvelles, qu'ils rejetèrent avec indignation ce qu'il y avait de mauvais dans les anciennes, et qu'ils en con servèrent ce qui n'était pas incompatible avec les maximes de l'Evangile. On ne pouvait en effet rien imaginer de plus sage que leurs constitutions: elles regardaient particulièrement la charité envers le prochain; ils mangeaient souvent en commun, les riches avec les pauvres, et c'est ce que l'on appellait les Agapes, c'est-à-dire, les repas de charité: ils s'obligeaient de s'avertir mutuellement de leurs fautes: la correction était faite avec douceur et reçue avec soumission; ils vivaient dans une concorde parfaite : si quelques différens s'élevaient et troublaient l'union, on s'en rapportait au jugement de l'assemblée, et jamais ils ne se traduisaient les uns les autres devant les Tribunaux des Juges: ils faisaient entr'eux des collectes qui étaient employées, ou à délivrer les Chrétiens emprisonnés, ou à soulager ceux qui souffraient pour la Foi, ou à nourrir les pauvres, ou à doter des filles, qui manquant de biens ne pouvaient trouver un établissement, ou à secourir les veuves et à défendre les orphelins. Ils se fesaient une obligation d'ensevelir les Martyrs et les pauvres qui n'avaient laissé aucun bien pour se faire inhumer (1); ils assistaient (1) La manière dont on inhumait les premiers |