Obrazy na stronie
PDF
ePub

dans cette Eglise, où l'on s'efforcera de les faire éclater par les marques les plus sensibles. Nos ancêtres nous les ont transmis, et nous nous efforcerons, autant qu'il nous sera possible, d'imiter leur zèle et leur piété. Tous les ans en effet on consacre, le dimanche dans l'octave de la Nativité de la Sainte Vierge, à perpétuer la mémoire de la délivrance que nos pères obtinrent dans ces jours-là par l'intercession de Marie, dont on portait pour cela l'Image précieuse en Procession; Procession où l'on remarquait toujours une trèsgrande affluence de peuple, tant la dévotion de Notre-Dame de Bon-Espoir est grande. Tous les siècles en produisent des exemples éclatans.

En 1603, une sécheresse extraordinaire pendant plusieurs mois affligeait l'Auxois, pays ordinairement sec et aride: Flavigny souffrait encore plus que les autres lieux, par rapport aux montagnes où ses terres, et surtout ses vignes, sont situées. Le Clergé et le peuple de cette Ville, après avoir long-temps imploré la protection des saints Martyrs, dont l'abbaye de Flavigny conserve les précieuses Reliques, et qui ont autrefois arrosé ces heureuses contrées de leur sueur et de leur sang, mirent enfin leur confiance dans la Reine des Martyrs. L'Image de Notre-Dame de

Bon-Espoir, les bienfaits dont elle est l'heureux mémorial, les attirèrent à Dijon; ils y vinrent en Procession. Les prêtres de Notre-Dame et le corps des Magistrats allèrent au devant d'eux jusques sur le milieu du chemin de Talant. On les reçut d'une manière proportionnée à la dévotion dont ils venaient de si loin donner des preuves.

Quelques jours après, on vit, sur les mêmes traces, arriver les habitans de Saint-Seine, conduits par leur pasteur et les religieux Bénédictins de l'Abbaye qui était dans ce lieu. Ils vinrent avec la mème confiance et pour le même sujet, implorer la puissance médiatrice de Notre-Dame de Bon-Epoir.

En 1693, on était déjà sur la fin du mois de Mai, et l'on ne voyait cependant aucune espérance de récolte, parce que depuis six mois les pluies ne cessaient de tomber avec une abondance extraor dinaire. La terre était tellement réfroidie, qu'elle n'avait encore rien produit; les rivières paraissaient avoir abandonné leur lit, et après avoir renversé, brisé les ponts, les digues, les chaussées, les levées, elles inondaient toutes les prairies qui paraissaient elles-mêmes des fleuves, ou plutôt une mer, dont la seule vue effrayait. Toutes les campagnes étaient désolées ; le bétail languissait et mourait; enfin, on

ne voyait par-tout que les tristes apparences d'une cruelle famine. Prières continuelles, jeûnes rigoureux, processions particulières et générales; tout avoit été mis en usage pour fléchir la colère de Dieu; mais il continuait toujours à appesantir sa main vengeresse sur nous, quand tout-à-coup, les prêtres qui composaient le clergé de Notre-Dame dirent entr'eux : nous avons l'avantage de posséder dans notre Eglise un fonds immanquable de miséricorde, une source intarissable de secours et de grâces, une Médiatrice puissante que nos pères n'ont jamais invoquée en vain, la protectrice de cette Ville. Son Image miraculeuse, gage précieux de sa tendresse pour nous, sera à jamais un mémorial consolant de cette multitude infinie de bienfaits qu'elle nous a mérités dans tous les temps: mettons donc notre confiance en elle, hâtons - nous d'aller nous prosterner au pied de son Trône.

Ils dirent, et aussi-tôt il fut délibéré, que le lendemain 27 du mois de Mai, l'on descendrait l'Image de Notre-Dame de Bon-Espoir pour la porter en Procession. Les Magistrats, comme représentant tous leurs concitoyens, furent invités d'augmenter la pompe de cette procession par leur présence: ils y assistèrent en robe de cérémonie. Le peuple fut averti de cette

dévotion par le carillon de nos cloches et par le son des trompettes qui la veille l'annoncèrent par toutes les rues. L'église des Ursulines fut choisie pour le lieu de la station. Ceux qui assistèrent à cette Procession paraissaient des pénitens, qui, par leur extérieur négligé et mortifié faisaient connaître la componction de leur cœur. Leurs soupirs et leurs gémissemens se faisaient entendre plus que leur voix.

Aussi dès ce moment, Dieu parut attendri et fléchi: il fit paraître ce signe qu'il avait donné à Noé, pour marque de sa reconciliation avec les Enfans des hommes. Le soleil, dont on ne connaissait plus le disque riant et favorable, commença à se montrer, et ses rayons éclatans réchauffèrent tout-à-coup la terre: un vent favorable (1), que l'on nomme le nourricier de la Bourgogne, dissipa ces nuages qui ne renferment que des pluies et des orages, purifia l'air, chassa les eaux de dessus la terre, et renferma les rivières dans leurs lits en moins de six jours. La nature parut toute renouvelée, a face de la terre changée; nos espérances ranimées les blés, que les eaux avaient resserrés et cachés dans le sein

(1) La Bise.

de la terre, se relevèrent et rejouirent le laboureur par les épis qu'ils se hâtèrent de produire les vignes que l'on avait cru mortes, jettèrent des bourgeons en abondance; les prairies fleurirent, et leur émail répandit partout l'allégresse.

Un si grand prodige fut attribué à NotreDame de Bon-Espoir. Les Magistrats vin→ rent aussi-tôt remercier les prêtres de cette Eglise d'avoir inspiré et animé par leur exemple une dévotion dont toute la Province ressentait les heureux effets. Mais pour témoigner à Dieu et à sa trèsSainte Mère la reconnaissance dont tous les cœurs étaient pénétrés, le 4 du mois de Juin on célèbra dans chaque église de la ville, une grand'Messe solennelle de la trés-Sainte Trinité en actions de grâces : et comme Notre-Dame de Bon-Espoir était regardée comme l'instrument des faveurs qui faisaient l'objet de la gratitude publique, son Image fut exposée pendant neuf jours sur le tabernacle du grand autel de cet Eglise, pendant lequel temps toutes les autres églises de la Ville, vinrent, ou célébrer une grand'Messe, ou faire une Station, ainsi qu'il avait été ordonné dans une assemblée générale du Clergé. Les pères de la Société de Jésus, les prêtres de la Congrégation de l'Oratoire, ceux des Missions y vinrent tous

« PoprzedniaDalej »