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C'est ce sommeil magnétique qui s'emparait de la pythie à Delphes sur son trépied, lorsque, enivrée par la fumée qui montait des profondeurs de la grotte, elle était soustraite en quelque sorte aux conditions de la matière, de l'espace et du temps, et apercevait, comme dans le centre des choses, les objets les plus éloignés aussi bien que les plus proches. C'est cette excitation dangereuse de l'esprit de la terre, qui, dans son développement, peut aller jusqu'à la possession satanique, que les pharisiens désignaient sous cette expression: Avoir Beelzebul. Aussi le paganisme était dans son fond le plus intime l'œuvre du démon. Et les apôtres et tous les prédicateurs de la foi l'ont toujours considéré et combattu comme la religion de Satan, ou le pacte avec le Dieu de ce monde.

Mais il y a aussi une possession céleste et divine; et celle-ci existait hypostatiquement dans la personne du Sauveur. En lui, en effet, l'humanité était personnellement unie avec le Verbe. Est-il donc étonnant que chez lui, de temps en temps, la nature humaine, dominée et absorbée, pour ainsi dire, par la nature divine, fût transportée par un saint ravissement jusqu'au trône de la majesté divine, là où le Père parle avec la sagesse éternelle des mystères inaccessibles à tout esprit créé, et dans lesquels, selon l'expression du Psalmiste, « les anges eux« mêmes désirent en vain plonger le regard? » Est-il étonnant que nous rencontrions parfois l'extase dans la vie de Celui en qui la nature humaine était, par l'incarnation, unie dans une extase continuelle à la nature divine? de Celui qui est notre médiateur éternel, le principe et le centre de toute extase chrétienne. L'extase était en lui comme naturelle; et la manifestation de cet état

nous apparaît dans sa vie comme une nécessité et une condition de ses deux natures et du lien qui les unissait. C'est dans une extase céleste que Marie avait reçu le message de l'ange, et conçu le Verbe éternel. C'est dans une extase qu'elle l'avait enfanté. C'est dans une extase que Jésus avait reçu le baptême : mais l'extase qu'il eut sur le Thabor est l'apogée et le dernier degré de toutes les extases. Lorsque, après avoir nourri miraculeusement cinq mille hommes et prié sur la montagne, il nous apparaît tout à coup marchant sur la mer, et que, reçu dans une barque, il monte tout d'un coup sur le rivage; ou bien lorsque sur la pointe des rochers de Nazareth, de même que plus tard dans les parvis du temple, il disparaît subitement et échappe aux mains de ses persécuteurs; ou bien lorsqu'une autre fois il passe au milieu de ceux qui l'entouraient sans en être aperçu, il était dans un état d'extase; et la nature humaine, ravie et transportée par la Divinité qui habitait en elle, était affranchie des conditions de la matière, et se portait où elle voulait, à la manière des esprits.

<< Comme il parlait encore au peuple, sa mère et ses « frères vinrent. Mais comme ils ne pouvaient, à cause « de la foule, pénétrer jusqu'à lui, ils se tinrent dehors, « et l'envoyèrent appeler, demandant à lui parler. Il en « fut averti, et un de ceux qui étaient assis autour de lui, «<lui dit : Votre mère et vos frères sont là dehors qui «< vous cherchent, ils veulent vous voir et vous parler. «Mais, regardant ceux qui étaient autour de lui, il ré<«<pondit à celui qui lui avait dit cela: Quelle est ma « mère? et quels sont mes frères? Puis il étendit ses <«<mains sur ses disciples et dit : Voici ma mère et mes

« frères; car celui qui écoute toujours la parole de Dieu << et fait la volonté de mon Père, qui est au ciel, celui-tà « est mon frère, ma sœur et ma mère. » (Marc, m, 31. Matthieu, XII, 46.- Luc, vII, 19.)

De même que le baptême des prosélytes séparait les parents des enfants, comme s'exprimaient les Juifs, et formait de nouveaux liens de famille, ainsi tous les hommes ne devaient plus faire qu'une seule et même famille en entrant dans la nouvelle alliance. Les Évangélistes ne nous disent point si Marie et les autres membres de la sainte Famille demeuraient à Capharnaüm avec Jésus, ou s'ils étaient restés à Nazareth. Il semble néanmoins qu'ils n'étaient point allés avec lui cette fois à la fête, et que c'était pour cela qu'après son retour ils avaient un si grand désir de le revoir. Les dernières paroles de NotreSeigneur semblent aussi indiquer que ses cousines ou ses sœurs, Esther et Thamar, étaient au nombre de ceux qui le cherchaient et le demandaient à la porte. Jésus ne renvoya point ses parents, mais ce qu'il leur dit en cette circonstance avait pour but d'instruire le peuple, et de donner à tous les chrétiens un profond enseignement. Au reste, il parlait ici, selon sa coutume, à la foule dans la maison de Pierre, à Capharnaüm, et du balcon de la salle à manger.

CHAPITRE XVII

Notre-Seigneur est prié de partager un héritage. — Parabole de l'homme riche et de l'intendant prudent.

« Quelqu'un de la foule lui dit : Maître, dites donc à « mon frère qu'il partage avec moi son héritage. » Les rabbins étaient choisis souvent comme exécuteurs testamentaires, ou comme arbitres et juges dans les affaires d'héritage. Souvent même on leur léguait par testament quelque chose pour s'en faire des avocats et des intercesseurs auprès de Dieu. Nous lisons, par exemple, dans le Talmud de Babylone, qu'un père, à peu près à cette époque, déshérita ses fils pour léguer tous ses biens au R. Jonathan ben Uzziel, célèbre targumiste; mais que le vieux Schammée en fit un reproche à celui-ci, et le décida à partager avec l'héritier naturel les biens qu'il avait reçus. C'est pour cela que Notre-Seigneur reprochait aux pharisiens, peu de jours auparavant, de déclarer corban, ou biens du temple, le plus de choses qu'ils pouvaient, de dissiper les biens des veuves, et de fermer le ciel à ceux qui ne voulaient pas se prêter à leurs caprices.

D'après la loi des Juifs, l'aîné de la famille héritait toujours le double de ses frères. Le frère cadet d'une famille vint donc trouver Notre-Seigneur : il avait appris tout dernièrement qu'à ses yeux mère, frères et sœurs étaient égaux. Il voulait probablement profiter de cette égalité, si nouvelle aux yeux des Juifs, et presser JésusChrist de décider son frère aîné à partager également son

héritage avec lui. Il appartenait, autant que nous pouvons en juger par le contexte, à une de ces riches familles qui possédaient de grandes terres à blé, des jardins plantés d'oliviers et d'immenses magasins pleins de ces divers produits, le tout administré par un intendant qui demeurait à Capharnaum. Son père était mort depuis peu de temps, de sorte que sa succession était ouverte. Mais Jésus lui répondit : « Homme, qui m'a établi juge sur vous ou << arbitre de vos héritages? et il leur dit : Faites attention, << et gardez-vous de toute avarice; car c'est la racine de << tout mal. En quelque abondance que soit un homme, << sa vie ne dépend point de ses biens. Puis il leur proposa <«< cette parabole : Le champ d'un homme riche avait « rapporté beaucoup de fruits; il réfléchit donc en soi«< même, et dit : Que ferai-je? car je n'ai point d'espace « pour serrer mes fruits; et il dit: Voici ce que je ferai : << j'abattrai mes greniers et j'en bâtirai de plus grands, et << j'y amasserai toute ma récolte et tout ce que je possède; << puis je dirai à mon âme : Maintenant, mon âme, tu as beaucoup de provisions pour plusieurs années, repose<< toi donc, mange et bois, et prends tes aises. Mais Dieu <«<lui dit : Insensé! cette nuit même on va te redemander « ton âme; et pour qui sera ce que tu as amassé? C'est « ce qui arrive à celui qui amasse des trésors et qui n'est << point riche devant Dieu.

« C'est pourquoi, dit-il à ses disciples, ne vous mettez << point en peine pour votre vie de ce que vous mangerez « et boirez, ni pour votre corps comment vous vous « vêtirez. La vie n'est-elle donc pour rien autre chose << que pour manger; et le corps n'est-il que pour le << vêtement? Considérez les oiseaux sous le ciel, les cor

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