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grandes révolutions spirituelles qui ont remué la Judée. Ils ont disparu au milieu des bouleversements de ce malheu

reux pays.

Ils regardaient l'âme immortelle de l'homme comme l'éther le plus pur, comme une émanation de la lumière divine, qui, tombée dans la matière, a besoin d'être tirée de la prison du corps par l'accomplissement des vertus qui constituent la perfection morale. Ils niaient la résurrection de la chair, et la plus grande partie d'entre eux rejetaient le mariage. Ils adressaient leurs prières au soleil, à son lever et à son coucher. Semblables aux samanes et aux derviches, ils dansaient au milieu des repas des danses mystiques qui représentaient la marche des astres. Ils avaient dans leurs couvents le sceau cabalistique de Salomon, ou le symbole pythagoricien de la création, à savoir deux triangles entrelacés ensemble et entourés de rayons. Ils appelaient ce signe le bouclier de David, et les Juifs s'en servent encore çà et là comme d'un talisman. Ils ne se permettaient jamais aucun mensonge, observaient un silence rigoureux et ne prêtaient jamais serment. Ils étudiaient les vertus des plantes, prédisaient l'avenir, exerçaient la médecine à l'aide de racines et de pierres magiques. Ils s'enveloppaient le corps dans des habits blancs, ne mangeaient que du pain, du sel, des herbes et des fruits, ne buvaient que de l'eau, et jeûnaient avec une grande rigueur. Tous les cinquante jours ils se réunissaient dans un festin, et chantaient ainsi pendant toute la nuit des psaumes en deux chœurs, l'un d'hommes, et l'autre de femmes. Ils rejetaient les sacrifices et toutes les cérémonies extérieures: cependant ils célébraient le sabbat plus exactement encore que les autres Juifs. Ils envoyaient aussi

leurs dons au temple de Jérusalem, chantaient des psaumes, et lisaient assidûment les livres saints. Ils étaient partagés en quatre ordres, avaient un premier noviciat d'un an, et un autre de deux ans à peu près, comme les disciples de Pythagore. Ceux qui étaient parvenus à l'ordre le plus élevé s'appelaient Cathares ou purs; et ce nom, que l'on retrouve plus tard chez les gnostiques, a servi de racine au mot allemand ketzer, hérétique. Les esséniens juifs ressemblaient en beaucoup de choses aux Rechabites du désert, à cette tribu arabe qui, après avoir, sous la connuite de Jethro, suivi les enfants d'Israël dans leur émigration à travers le désert, continua sa vie nomade au sud de la Palestine, et fut toujours traitée avec ménagement par les Juifs, quoiqu'elle restàt étrangère à la révélation mosaïque. Jérémie lui-même ne craignit pas de les citer plus tard comme modèle aux Juifs, à cause de leur fidélité et de leur obéissance aux préceptes de leur fondateur. (Jérémie, xxxv.)

CHAPITRE XVII

Jésus menace les Juifs du jugement de Dieu, à cause du sang de Zacharie qu'ils ont versé.

« Comme tout le peuple était assemblé, il dit, entre « autres choses, ceci à ses disciples: Gardez-vous des faux << prophètes, qui viennent à vous sous l'extérieur de bre« bis, mais qui à l'intérieur sont des loups ravisseurs. << Malheur à vous! docteurs de la loi et pharisiens hypo« crites, qui bâtissez des tombeaux aux prophètes qu'ont

« tués vos pères, qui ornez les monuments des justes, et « qui dites: Si nous avions vécu du temps de nos pères, « nous n'aurions pris aucune part au sang des prophètes « qu'ils ont versé. Ainsi, vous vous rendez témoignage à « vous-mêmes que vous êtes les enfants de ceux qui ont « tué les prophètes. Certainement vous louez et approuvez « ce qu'ont fait vos pères. Ils ont tué les prophètes, et « vous leur élevez des monuments. Oui, vous comblez la a mesure de vos pères. Serpents, race de vipères, com«<ment pourrez-vous échapper au feu de l'enfer? C'est « pourquoi la sagesse de Dieu dit: Je vous enverrai des prophètes et des apôtres, des sages et des prédicateurs « de la loi; mais vous tuerez et crucifierez les uns; vous fouetterez dans vos synagogues et vous chasserez de a ville en ville les autres, afin que tout le sang innocent «< qui a été repandu sur la terre depuis le commencement « du monde, retombe sur vous et soit redemandé à cette a race, depuis le sang d'Abel le juste jusqu'au sang de Zaa charie, fils de Barachie, que vous avez tué entre le « temple et l'autel. En vérité, je vous le dis, tout cela a sera redemandé à cette race. »

Ces paroles renferment contre Jérusalem une prophétie terrible, dont les rabbins nous donnent le sens. Une légende juive raconte que, lorsque le grand prêtre Zacharie, fils de Joiada, fut lapidé sous le roi Joas, il cria en mourant: « Le Seigneur le verra, le Seigneur se vengera. »> Son sang alors, de même que celui d'Abel, cria vengeance au ciel. On le vit s'enfler et bouillir sur le seuil du temple, où il resta jusqu'à la première destruction de Jérusalem, lorsque neuf cent quarante mille hommes furent immolés par Nabuzardan, général de Nabuchodonosor. Puis, à

partir de ce moment, il disparut; car il était vengé. Ce meurtre était encore proverbial chez les Juifs quand on voulait parler d'un jugement terrible de Dieu. Or c'est un châtiment semblable dont le Sauveur, qui se donne lui-même pour la sagesse divine, menace les Juifs à cause du meurtre qu'ils vont bientôt commettre, sur le Messie d'abord, et plus tard sur ses disciples. Il leur annonce donc que le sang de ces justes ne cessera point de crier vengeance au ciel, jusqu'à ce que Jérusalem soit détruite de nouveau, et que ses habitants soient anéantis. Prophétie effroyable, mais dont la vérité a été scellée par le sang de un million cent mille Juifs, qui trouvèrent la mort sous les ruines de Jérusalem. Au reste le rapprochement entre le massacre des Juifs sous Nabuzardan et celui qui eut lieu sous Titus est si frappant que les rabbins eux-mêmes l'ont remarqué, comme on peut le voir dans le Zemach David, fol. xxvi, 1. L'évangéliste saint Matthieu rend plus claire encore la prophétie du Sauveur en ajoutant au nom de Zacharie ces paroles : « Le fils de Barachie, que vous avez « tué entre le temple et l'autel. » Et nous y trouvons la preuve manifeste qu'il n'a écrit son Évangile que quarante ans au plus tôt après la mort du Sauveur. C'est alors, en effet, que Zacharie, fils de Barachie, accusé d'intelligence avec les Romains, et traduit comme traître devant le conseil des Soixante-dix, assemblé à la hâte, fut traîné hors du tribunal par deux hommes du parti des zélotes qui demandaient sa mort, et massacré entre le temple et l'autel. Après quoi commencèrent bientôt les horreurs du siége de Jérusalem et l'accomplissement de la prophétie du Sauveur.

Les tombeaux dont il parle ici étaient sans doute ceux

qu'il avait rencontrés sur sa route en venant à Jérusalem : ceux de Josué et de Samuël, par exemple. Sur la montagne de Sion était le tombeau de David, avec ceux des autres rois qui avaient été enterrés dans la ville de Jérusalem. Le tombeau de David avait été pillé, d'abord par le roi Hyrcan, et dernièrement encore par Hérode l'Ancien. Celui de Salomon, au rapport de Dion Cassius (79, 14), s'écroula peu de temps avant le dernier siége de Jérusalem, ce qui fut regardé par les partisans de Barcocheba comme un sinistre présage. Il y avait encore sur le mont du Scandale, et du côté de Bethlehem, le tombeau de Zorobabel, celui de Josaphat, dans la vallée du même nom, et les tombeaux des rois, au nord de la ville, que l'on peut y voir encore aujourd'hui. Près du tombeau de David était celui de la prophétesse Hulda, qui avait donné son nom à la porte méridionale du temple. Il y avait aussi le mausolée de la reine Hélène d'Adiabène, la célèbre néophyte. Le tombeau de Zacharie le prophète, bâti dans le style grec, et tel qu'il existe encore aujourd'hui, fut élevé dans la vallée de Josaphat, au temps même où Jésus fit cette terrible prophétie.

CHAPITRE XVIII

L'Offrande de la pauvre veuve. Des monnaies juives.

« Jésus étant assis vis-à-vis du tronc, il prenait garde de « quelle manière le peuple y jetait de l'argent. » Les troncs placés dans le temple pour y recevoir les offrandes s'appelaient trompettes, à cause de leur forme. Il y en avait

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