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<«< bienheureux. Celui qui me méprise et n'accueille « point mes paroles a déjà quelqu'un qui le juge : c'est « la parole que j'ai prononcée qui le jugera au der«nier jour. Car je n'ai pas parlé de moi-même; mais « le Père qui m'a envoyé m'a prescrit ce que je dois dire a et ce que je dois enseigner; et je sais que son comman« dement est la vie éternelle. Ce que j'ai dit, je le dis «< comme mon Père me l'a dit. »

Telle fut la réponse du Sauveur aux propositions du roi d'Édesse. Il n'est plus permis d'ignorer toute cette histoire, puisque l'Evangile lui-même confirme, par les réponses de Notre-Seigneur, ce que les auteurs profanes nous racontent du fait en lui-même et de la proposition qui amena cette réponse. Les Grecs ou, comme traduit la paraphrase syriaque (Saint Jean, x11, 20), les Araméens retournèrent en leur pays après s'être acquittés de leur commission. Le souvenir de cette ambassade se conserva à la cour d'Édesse; et l'on inscrivit dans les archives ce qui s'était passé. Mais le désir de posséder un écrit de la main du Sauveur donna bientôt naissance à la légende qui rapporte que Jésus écrivit lui-même à Abgar lorsqu'il refusa l'asile que ce prince lui offrait dans ses États. Et c'est ainsi que l'on trouva plus tard dans les archives d'Edesse deux lettres, l'une d'Abgar au Christ, et l'autre du Christ à Abgar. Mais au fond Notre-Seigneur n'a jamais rien écrit, si ce n'est les quelques mots qu'il traça sur la poussière du temple, et que les pieds des passants eurent bientôt effacés. L'historien Eusèbe est le premier qui ait trouvé dans les archives de son pays, et traduit du syriaque en grec, ces deux documents. Plus tard, au ve siècle, Moïse de Chorène, auteur d'une histoire arménienne, cite aussi ces lettres, et

T. II.

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raconte en détail tout ce qui s'est passé à leur occasion. Il dit, entre autres choses, que Notre-Seigneur reçut, dans la dernière année de sa persécution, c'est-à-dire à l'époque de son entrée à Jérusalem, l'offre du roi d'Édesse. Eusèbe et Moïse donnent, d'après les documents authentiques qu'ils avaient sous les yeux, comme date de cet événement l'an 340 de l'ère des Séleucides, qui coïncide avec l'an de Rome 782, où nous plaçons précisément la mort de Jésus. Et déjà cette circonstance suffirait seule pour nous garantir l'authenticité de cette histoire. Car, si c'était une pure invention, comment l'auteur de la légende aurait-il si bien deviné l'année précise de la mort du Christ, lorsque Eusèbe lui-même s'est trompé sur ce point de plusieurs années. Les dates sont, dans les cas de cette sorte, un criterium infaillible.

Mais d'autres circonstances encore viennent ajouter à l'authenticité de ce fait, qui ne peut plus être l'objet d'une controverse sérieuse parmi les savants. En effet, Hérode l'Ancien était déjà brouillé avec Abgar, qui, d'après le témoignage de Denis le Syrien, gouverna l'Arménie pendant trente-sept ans et un mois. Les Arabes et les Édessiens, gouvernés alors par Pacorus, avaient pris part à la guerre que les Parthes avaient entreprise pour établir en Judée Antigone, le dernier des Asmonéens: car il leur importait de soutenir les prétentions des Asmonéens contre Hérode, créature des Romains. Conformément à cette politique, ils favorisaient tout ce qui pouvait entretenir le trouble et la discorde dans l'intérieur de la Judée. Si déjà, du temps des Machabées, les Arabes étaient ennemis des Juifs, ce fut bien autre chose sous Hérode. Les fils de celui-ci héritèrent de la haine de leur père contre les

Arabes. C'est pour cela qu'Abgar fit alliance avec le roi des Arabes, Hareth ou Aretas, qui était en guerre alors avec Hérode le tétrarque. C'est ce que nous apprend un témoin irrécusable, Moïse de Chorène (1, 28). C'est là aussi ce qui explique l'erreur de Tacite quand il fait d'Abgar un roi des Arabes. Les deux princes étrangers se considéraient donc comme les protecteurs naturels du Messie et de son parti, poursuivi et opprimé par les princes de la maison d'Hérode. Le roi arabe, qui avait vu dans JeanBaptiste le défenseur de l'honneur outragé de sa fille, avait déjà vengé la mort de ce prophète en anéantissant l'armée de son meurtrier; et Notre-Seigneur comptait parmi les sujets de ce prince beaucoup de partisans.

Abgar, le cinquième roi de ce nom, offrit donc au Messie persécuté et banni un asile dans ses Élats. NotreSeigneur refusa son offre, parce que son heure était venue; et il fut confirmé dans sa résolution par une voix d'en haut. Nous ne devons pas être étonnés de ne point trouver d'indications plus précises à ce sujet dans l'Évangile de saint Jean. L'apòtre saint Paul, fuyant la haine des Juifs après sa conversion, passa trois ans en Arabie, à Pétra, sous la protection de ce prince, ami déclaré des chrétiens. Or ce fait, si considérable en soi, et auquel on semble jusqu'ici n'avoir fait aucune attention, saint Paul l'indique à peine au premier chapitre de son Epitre aux Galates (v, 17). Bien plus, le lieutenant d'Arétas, troisième du nom à Damas, fit garder toutes les portes de la ville pour s'emparer de Paul, comme celui-ci l'écrit luimême aux Corinthiens dans sa seconde Épître (x1, 32), parce qu'il voyait toujours en lui sans doute le persécuteur des chrétiens, que son maitre l'avait chargé de

protéger. Il est remarquable, au reste, que ce que nous disent les anciens historiens ecclésiastiques de la mission de l'apôtre saint Thomas ou de saint Thadée, son disciple, en Arménie, chez le roi Abgar, se retrouve au moyen âge, à l'époque des croisades, presque avec les mêmes circonstances, dans les récits que nous font les auteurs de cette époque au sujet du voyage de l'apôtre saint Thomas dans le pays des trois rois mages. Si saint Thomas est appelé l'apôtre des Indes, on a voulu désigner par là, à l'origine, l'Arménie, qui eu est voisine, ou la Colchide, qui est l'Inde caucasienne, et que les anciens, jusqu'au temps des apôtres, connaissaient sous le nom d'Indes. Ainsi Misraïm, le pays des Chamites, avait offert un asile au Sauveur. L'Arménie, ce berceau des fils de Japhet, lui ouvrait, sur la fin de sa carrière, une retraite assurée. Les descendants d'Esau eux-mêmes, les Edomites, ou les Arabes de l'Arabie Pétrée, étaient prêts à l'accueillir dans leur désert; mais le peuple de la maison d'Israël, cet ainé de la maison de Sem, ce peuple choisi de Dieu, cherchait à le faire mourir.

Quoiqu'il eût fait de si grands miracles sous leurs << yeux, ils ne croyaient cependant point en lui, de sorte « que la sentence du prophète Isaïe fut accomplie lorsqu'il «dit: Seigneur, qui croit à notre prédication? Pour qui « le bras du Seigneur est-il manifesté ? Mais ils ne pou«vaient pas croire à cause de ce qu'Isaïe avait annoncé <«< autrefois Il a aveuglé leurs yeux et obscurci leur « cœur; de sorte qu'ils ne voient point avec les yeux, << ne comprennent point avec le cœur, et ne se conver« tissent point, pour que je puisse les guérir. Voilà ce « que disait Isaïe lorsqu'il contemplait sa gloire et par

« lait de lui. Quoiqu'il y en eût beaucoup parmi les grands << qui crussent en lui, ils ne l'avouaient point cependant, « à cause des pharisiens, dans la crainte d'être excom«muniés; car ils préféraient la gloire aux yeux des « hommes à la gloire devant Dieu. » Lorsque le soir fut venu, et qu'il se faisait déjà tard, Jésus se retira, se cacha des Juifs, et sortit avec ses disciples pour aller à Béthanie, où il passa la nuit.

CHAPITRE X

Le Figuier maudit. Parabole. 10 nisan ou 11 avril.

« Or le jour suivant (c'est-à-dire le lundi), étant parti « de Béthanie, le matin, pour aller à la ville, il eut «faim. Et comme il vit de loin sur la route un figuier qui « avait des feuilles, il s'avança pour voir s'il y trouverait « quelque chose. Mais lorsqu'il fut tout près, il n'y trouva «que des feuilles. Il lui dit alors: Que jamais personne << ne mange plus de tes fruits! Et le figuier sécha aussitôt. «Or ses disciples entendirent cela. » Il y avait environ trois quarts de lieue de Béthanie à Jérusalem. Les Juifs ne mangeaient rien avant l'heure de la prière, ou le sacrifice du matin, et ils dînaient vers la quatrième heure, c'està-dire vers dix heures. Les religieux avaient coutume de jeûner le lundi et le jeudi, excepté dans le temps pascal. C'est dans le mois de nisan que les figuiers en Palestine poussent leurs premières fleurs et leurs feuilles, et cinq mois après la pâque se faisait ordinairement la récolte. Mais les voyageurs, d'accord en cela avec les tal

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