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« n'a encore monté; déliez-le, et me l'amenez. Et si l'on « vous dit quelque chose, dites: Le maître en a besoin, «et on vous le laissera sans difficulté. Or tout ceci s'est «fait afin que cette parole du prophète fût accomplie : « Dites à la fille de Sion: Voici votre roi, qui vient à « vous plein de douceur, assis sur une ânesse, sur le << petit d'une ânesse. Les deux disciples, étant allés, « trouvèrent l'ânon lié à la porte, et firent comme le

Seigneur leur avait commandé. Pendant qu'ils déliaient « l'ànon, quelques personnes qui étaient là, les proprié«taires, leur dirent : Pourquoi déliez-vous cet àne? Ils « répondirent comme le Seigneur leur avait commandé, «<et dirent: Le maître en a besoin; et ils leur laissèrent « l'àne. Ils l'emmenèrent donc à Jésus, mirent leurs habits sur son dos, et Jésus s'assit dessus. >>

D'après saint Matthieu, les disciples prirent avec l'ànon l'ânesse sa mère, peut-être parce que, n'ayant pas encore été monté, il n'aurait pas marché sans elle. Saint Justin voit dans l'ànesse l'image du judaïsme vieilli, et dans l'ànon celle des païens que le joug du Seigneur n'avait pas encore disciplinés. Les ânes, qui étaient une partie de la richesse des patriarches, ont en Palestine une couleur rouge claire, et ne sont point paresseux comme chez nous. Ce sont, au contraire, des animaux vifs, adroits et persévérants. A la cour du roi, il y avait un officier chargé spécialement du soin des ânes. Quoiqu'il n'y eût rien d'humiliant à monter un âne, ce fut cependant par humilité que le Sauveur choisit de préférence cet animal; et c'est ainsi que les Juifs eux-mêmes l'avaient entendu. Il y avait en effet chez eux une tradition populaire qui disait que: Si Israël persevère dans le bien, le Messie

viendra vers lui dans les nuages du ciel; mais qu'autrement il viendra modestement sur un âne. Le roi Sapor, ayant à cause de cela proposé un jour aux Juifs de leur envoyer pour leur Messie un cheval, comme étant un animal plus noble, un Juif lui répondit fièrement: Aucun de vos chevaux ne vaut l'àne du Messie; car celui-ci a cent couleurs. Les rabbins ont toute la généalogie de cet âne, qui devait servir au Roi de la promesse. Ils le font descendre, par exemple, de l'âne qu'avait Abraham lorsqu'il voulut immoler son fils Isaac, et de celui qui portait Moise lorsqu'il allait en Égypte. Le Sauveur était donc arrivé dans le faubourg de Jérusalem, qui allait jusqu'au mont des Oliviers, et comprenait le village Bethphagé. De là on allait, en traversant le ruisseau de Cédron, jusqu'à la montagne du temple, par un chemin pavé à la manière des voies romaines.

CHAPITRE VII

Entrée de Jésus à Jérusalem, 9 nisan ou 10 avril.

«La multitude du peuple, qui était venue pour la fête, « ayant appris que Jésus venait à Jérusalem, ils prirent «des branches de palmiers, sortirent à sa rencontre; et, «< comme il approchait de la descente du mont des Oli<< viers, toute la foule se mit à pousser des cris de joie, en « disant Hosanna au fils de David; béni celui qui vient • au nom du Seigneur, le roi d'Israël! La plupart élendaient leurs habits sur la route; d'autres coupaient des « branches d'arbres, et les jetaient devant lui sur le

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«chemin; et tous ensemble, tant ceux qui allaient de«vant lui que ceux qui le suivaient, criaient et répé<< taient Hosanna au haut des cicux! Béni Celui qui vient « au nom du Seigneur! Béni le royaume de David, notre père, qui nous arrive maintenant. » Telle fut la procession solennelle qui descendit avec le Sauveur le mont des Oliviers, et dont les processions qui se font dans nos églises ne sont que le souvenir et l'image. Il y avait près du ruisseau de Cédron beaucoup de saules. Il est donc probable que ce furent des branches de saule et d'olivier que le peuple coupa pour faire cortége au Sauveur.

«Mais ses disciples ne pensaient point à ce qui avait « été écrit de lui, à savoir: Ne crains point, fille de «Sion; voici que ton roi vient assis sur un ânon. Ce ne « fut qu'après qu'il eut été glorifié qu'ils comprirent << qu'ils avaient accompli en lui cette parole. »> On lit dans les auteurs juifs que, lorsque Moïse revint de chez Pharaon vers son peuple, il fut reçu au milieu des chants et des fanfares, et que les Hébreux jetaient leurs habits devant lui sur la route, en criant: Vive notre roi! C'était ainsi, au reste, que l'on recevait en général les rois en Orient. Hérodote raconte que Xerxès fut reçu de cette manière lorsqu'il traversa l'Hellespont et qu'il entra en Europe. Lorsque Simon Machabée eut conquis la citadelle de Jérusalem, il fit son entrée au milieu du chant des hymnes, du son des cymbales, et précédé de la foule, qui portait des branches de palmiers. La même chose eut lieu lorsque Judas Machabée vint consacrer de nouveau le temple, qui avait été profané. Cette coutume s'est conservée jusqu'à nos jours, et encore en 1834 le consul anglais de Damas, M. Farran, passant par Bethlehem, vit

arriver à sa rencontre des centaines d'hommes et de femmes, qui tout à coup, comme par une inspiration subite, étendirent leurs habits par terre devant son cheval, le suppliant d'intercéder pour eux auprès du vice-roi d'Egypte, dont ils avaient encouru la colère en se révoltant contre lui.

De tout temps et chez tous les peuples, les branches de palmier ont été considérées comme un signe de triomphe. Elles étaient la récompense des vainqueurs aux jeux olympiques. Les Juifs les liaient en faisceaux lors de la fête des Tabernacles, et quelquefois aussi à celle de la Pàque, et on les appelait alors lulabin ou arcablin, ou même Hosanna. Hosanna au fils de David! semble avoir été chez les anciens juifs une manière de se saluer, comme on se salue encore aujourd'hui dans beaucoup de pays par ces paroles: Que Jésus-Christ soit loue. Il est certain, du moins, que les Juifs se saluaient en se disant : Béni celui qui vient, à quoi l'autre répondait: Au nom du Seigneur.

L'Hosanna, d'ailleurs, ne se chantait qu'à la fête des Tabernacles, lorsque le peuple faisait le tour de l'autel en portant des palmes à la main. Le jour où Notre-Seigneur fit son entrée à Jérusalem était celui où, d'après la loi, on allait chercher l'agneau qui devait être immolé pour la Pâque. Cette année-là, il n'était pas nécessaire d'aller le chercher; car il se présentait de lui-même.

« Lorsqu'il fut plus près et qu'il aperçut la ville, il « pleura sur elle en disant Jérusalem, Jérusalem, qui <«<tues les prophètes, et lapides ceux qui ont été envoyés << pour ton salut, combien de fois ai-je voulu rassembler tes enfants, comme une poule ramasse ses petits sous

«ses ailes! Mais tu ne l'as pas voulu. Oh! si tu pouvais « reconnaître, et même encore en ce jour qui est à toi, « ce qui peut te donner la paix! Mais ceci est caché << maintenant à tes regards. Il viendra sur toi des jours où << tes ennemis élèveront un mur autour de toi, l'enfer<< meront et te tourmenteront de tous les côtés. Bien plus,

ils t'égaleront à la terre, te détruiront, toi et tes enfants << au milieu de toi, et ne laisseront pas pierre sur pierre, « parce que tu n'as point compris les jours de ta visite. » L'Homme-Dieu, qui, pendant toute sa vie, n'a pas ri une seule fois, comme on le lit dans la lettre de Lentulus, pleura sur la misère et l'opiniâtreté des hommes. Le don des larmes, ce sang de l'âme, comme les appelle saint Augustin, était bien plus commun dans l'antiquité, où l'âme était plus accessible aux impressions profondes, où la froide raison n'avait pas encore absorbé toutes les autres puissances de l'homme. Dans l'antiquité, comme au moyen âgé, la poésie était riche en larmes. Non-seulement nous voyons pleurer les héros d'Homère, Achille à leur tête, mais encore Godefroi de Bouillon avec toute l'armée des croisés lorsqu'ils aperçurent pour la première fois Jérusalem. Richard Cœur de Lion pleura tout haut lorsqu'il vit qu'il ne pouvait délivrer la ville où était mort son Sauveur. Saint Louis et une multitude d'autres saints ont eu le don des larmes. « Il est plus grand, » dit saint Ambroise, « d'ètre accessible à la douleur que d'avoir « l'indifférence des stoïciens et d'être insensible aux soufa frances des hommes ou à leur conversion.

« Lorsqu'il entra donc à Jérusalem, toute la ville se « mit en mouvement, et l'on disait : Quel est-il? Mais le peuple disait: C'est Jésus, le prophète de Nazareth

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