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son royaume à Sion; mais les Juifs, le voyant arriver sans armes et sans l'appareil de la puissance extérieure, le trahirent et demandèrent son sang. Les armées du roi, ce sont les Romains, auxquels Dieu a remis la vengeance du crime commis contre son fils. Les meurtriers exécutés par ordre du roi, ce sont les 1,500,000 Juifs qui périrent dans la guerre contre les Romains; et la ville incendiée, c'est Jérusalem. C'est ainsi que le Fils de Dieu avait en quelques paroles prophétisé sa mort prochaine, la destruction de la ville sainte et la ruine de son peuple de prédilection.

« Après qu'il eut dit ceci, il continua son chemin vers « Jérusalem. » Ces paraboles ne nous offrent pas seulement un reflet des événements contemporains, mais elles portent encore, pour ainsi dire, l'empreinte des lieux où était Notre-Seigneur quand il les prononça. Il y parle, en effet, d'embûches et de meurtres. Or, d'après les récits des voyageurs, il n'y a pas dans toute la Palestine de vallée d'un aspect plus terrible que celle de Jéricho. Quelques trones de palmiers rabougris, des ronces et des épines, tels sont les seuls objets qui frappent les regards. A droite s'élève la montagne de la Tentation, et à gauche on aperçoit la mer du désert. Le vautour est à peu près le seul hôte de ces lieux. Des grottes creusées dans la pierre calcaire favorisent les desseins criminels des voleurs et des brigands. C'est là que dans la parabole du Samaritain le voyageur est pillé et assommé. Cette route était si dangereuse que longtemps après la destruction de Jérusalem, lorsque la ville d'Aelia avait été bàtie à sa place, une cohorte stationnait entre Aelia et Jéricho pour secourir les voyageurs c'est ce que nous apprenons par la notice de

l'empire d'Orient. Cette cohorte résidait probablement à Adommim, dont le nom signifie Mont rouge, et qui était appelé ainsi, disait-on, à cause du sang qui s'y était répandu. Encore aujourd'hui la gorge étroite et profonde que le voyageur rencontre entre Jéricho et Jérusalem porte le nom de Vallée du meurtre. Par l'effet d'une configuration extraordinaire du sol, les deux villes de Jérusalem et de Jéricho, quoique éloignées seulement de six licues l'une de l'autre, sont situées, la première à 2,500 pieds au-dessus, et la seconde à 600 pieds au-dessous du niveau de la Méditerranée, phénomène qui ne se retrouve peut-être nulle part ailleurs que dans cette terre des merveilles.

CHAPITRE V

Le Festin de Béthanie, 7 nisan ou 8 avril.

Six jours avant la fête de Pâques (c'est-à-dire le « vendredi), Jésus vint à Béthanie, où Lazare était mort « et avait été ressuscité par lui, » Il y resta ce soir-là et le jour suivant, car c'était le sabbat. Or on ne pouvait, le jour du sabbat, faire plus de deux mille pas hors de la ville où l'on était, quoiqu'on pût, dans l'enceinte de la ville, fût-elle aussi grande que Ninive, marcher aussi longtemps qu'on le voulait. Notre-Seigneur n'aurait done. pu venir le jour du sabbat de Jéricho à Béthanie, puis→ qu'il y avait entre ces deux villes 18,000 pas de distance. Il n'y vint pas non plus le dimanche, puisque c'est dans ce jour qu'il fit son entrée à Jérusalem. Quant au peuple

qui l'accompagnait depuis Jéricho, il continua sa route, et dut arriver le vendredi même à Jérusalem. « A Béthanie << on lui prépara un souper. » C'était le repas du sabbat qui avait lieu le vendredi soir, et qui était toujours plus copieux que les autres. « Marthe servait; Lazare était << parmi les convives. Mais Marie prit une livre d'onguent « d'huile de nard précieuse, la versa sur la tête de Jésus «<et en oignit ses pieds, qu'elle essuyait ensuite avec ses « cheveux; et l'odeur du parfum se répandit dans toute la « maison. Ce que ses disciples voyant, ils s'en fàchèrent «et dirent: A quoi bon cette perte? Et l'un d'eux, Judas

Iscariote, qui le trahit ensuite, dit: N'aurait-on pas dù << plutôt vendre ce parfum plus de trois cents deniers, et << en donner l'argent aux pauvres? Il parlait ainsi, non

parce que les pauvres lui tenaient au cœur, mais parce « que c'était un voleur, qui avait la bourse et portait avec « lui ce qui y avait été mis. »

C'est ainsi qu'ont parlé dans tous les temps, et de nos jours encore, tous ceux qui ont mis la main sur les biens de l'Église et sur les trésors du temple. Eux aussi savaient bien porter la bourse. Pourquoi ces dépenses, ce luxe dans les églises? Pourquoi de l'or, de l'encens, de la cire, des lampes qui brûlent toujours devant l'autel? Ne vaudrait-il pas mieux donner aux pauvres l'argent que l'on consume inutilement en ces sortes de choses? Ces hommes sont les dignes disciples du traître Judas. « Mais Jésus dit : « Pourquoi la tourmentez-vous? Laissez-la faire. Ce «qu'elle vient de faire à mon égard est une bonne œuvre ; « elle a fait ce qu'elle a pu. En répandant ce parfum sur « mon corps, elle l'a fait pour le jour de ma sépulture;

ou encore: elle a embaumé d'avance mon corps pour

« la sépulture. » Ces paroles expriment clairement que Marie de Béthanic, Marie la Contemplative, ne prit aucune part à l'embaumement et à la sépulture de Notre-Seigneur après sa mort, mais qu'elle embauma en quelque sorte ici son corps par une anticipation prophétique. C'est pour cela que saint Jean, racontant l'histoire de la résurrection de Lazare, dit : « C'était là cette Marie qui oignit de par«fums le Seigneur, et essuya ses pieds avec ses cheveux,» pour la distinguer par là de Marie-Madeleine. La sœur de Lazare était une âme si adonnée à la contemplation, que, lorsque le Sauveur arriva à Béthanie pour ressusciter son frère, elle ne sortit de la maison que lorsqu'il l'eut formellement demandée. Et plus tard, comme nous l'apprenons encore par l'Evangile, elle ne vit rien à Jérusalem de ses souffrances ni de sa sépulture. On peut voir par là combien est peu fondée l'opinion de ceux qui confondent Marie-Madeleine et Marie de Béthanie. Dans cette hypothèse, en effet, cette femme, qui était assise tranquillement aux pieds de Jésus, se serait, après cette première visite du Sauveur, livrée à une vie criminelle; elle aurait quitté Béthanie, et aurait vécu sur ses terres à Magdala; puis, poussée par le repentir, elle serait venue se jeter aux pieds du Sauveur, pour laver ses péchés dans les larmes. Or de tout cela l'évangéliste saint Jean ne dit pas un mot.

Jésus continua : « Vous avez toujours des pauvres parmi « vous, et vous pouvez leur faire du bien quand vous « voulez; mais pour moi, vous ne m'avez pas toujours. »> Puis, jetant un regard lointain dans l'avenir de son Église, et considérant le culte dont elle devait honorer les saints, il dit : « En vérité, je vous le dis, partout où l'on annon

« cera l'Évangile, dans tout l'univers, on racontera à sa «<louange ce qu'elle vient de faire. Beaucoup de Juifs, « ayant appris que Jésus était à Béthanie, vinrent non« seulement à cause de lui, mais aussi pour voir Lazare, « qu'il avait ressuscité d'entre les morts. Les princes des « prêtres prirent donc dès lors la résolution de tuer aussi «Lazare, parce que beaucoup allaient à cause de lui, et

croyaient en Jésus. » Les Juifs racontent qu'au cinquième jour, c'est-à-dire le jour d'après l'arrivée de Jésus à Béthanie, le bruit s'en étant répandu à Jérusalem, le grand conseil envoya vers lui deux de ses membres, Ananie et Azarie, dans le but de lui tendre des piéges; que ces deux députés vinrent jusqu'à Nob, ville sacerdotale, située au couchant et tout près de Béthanie, et où l'arche d'alliance était restée pendant quelque temps. Or il est remarquable que ce même lieu porte encore aujourd'hui chez les Arabes le nom de Ville de Jésus, sans qu'on trouve rien dans l'Évangile qui puisse nous éclairer sur l'origine de ce nom.

CHAPITRE VI

L'Anon de Bethphagé.

« Le jour suivant (c'est-à-dire le dimanche), comme « ils approchaient de Jérusalem, et qu'ils étaient arrivés « à Bethphagé, près du mont des Oliviers, Jésus envoya « deux de ses disciples, en leur disant: Allez au village a qui est devant vous, et vous y trouverez en arrivant << un ânon lié, le petit d'une ânesse, qu'aucun homme

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