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« rent désormais en lui. Quelques-uns d'entre eux allèrent << trouver les pharisiens, et leur dirent ce que Jésus avait fait. Les princes des prêtres et les pharisiens réunirent « le grand conseil, et dirent: Que faire ? Cet homme fait « beaucoup de miracles. Si nous le laissons continuer, « nous finirons par croire tous en lui, et alors les Ro<<mains viendront, et prendront le pays et ses habitants. » Quelle leçon dans ces paroles de l'Evangile! Les membres du grand conseil eux-mêmes commencent à soupçonner que Jésus est le Messie. Ils ne peuvent contester la vérité de ses miracles. Mais, au lieu de se rendre à l'évidence que ces miracles devaient porter dans leur àme, ils résistént à la vérité, et semblent craindre que de nouveaux prodiges ne les fassent croire enfin comme les autres à cet homme, qui n'a d'autre puissance que celle de sa parole, et qui dédaigne la force extérieure. Car c'est là un trait caractéristique de la lâcheté de la nature humaine et de sa servitude depuis le péché, qu'elle ne puisse, en quelque sorte, supporter une obéissance volontaire ni se soumettre librement à une puissance morale, mais qu'elle n'obéisse qu'à la force matérielle. Il faut le fouet à la bête dans l'homme, parce qu'il a perdu l'art de se dominer soimême. C'est pour cela que les Juifs, pendant qu'ils étaient gouvernés par des juges et des prophètes, demandaient des rois. C'est pour cela qu'ils n'eurent de repos que lorsqu'ils furent tombés sous le joug des Romains. C'est aussi pour cela que les hérétiques et les schismatiques ont mieux. aimé de tout temps souffrir le joug de fer d'un pape césar que de se soumettre volontairement à une loi supérieure sous le sceptre d'un pasteur spirituel. Les Juifs ne pouvaient concevoir l'idée d'un Messie n'ayant de pouvoir

qué sur les âmes. Ils ne voulaient point d'un tel Messie; et ils auraient mieux aimé s'en passer que de se soumettre à lui. En effet, nous lisons dans les livres des rabbins ces paroles vraiment étonnantes, qu'Israël n'a pas besoin d'un Messie, puisque celui-ci ne doit venir que pour secourir les païens. (Bereschith rabba, fol. 110.) Et c'est là ce qui rendit le peuple juif si coupable, que Dieu, pour punir son crime, sembla oublier pour un instant sa miséricorde, et, n'écoutant que sa justice, enveloppa toute la nation dans une ruine commune. Ce qui donne à l'histoire du peuple d'Israël un intérêt si tragique, c'est que, placé par la Providence pour représenter et propager l'idée la plus haute et la plus sainte, et attendant le Messie comme le terme et le but de son développement historique, il périt après avoir fait mourir ce même Messie, qu'il avait espéré si longtemps.

« L'un d'eux, nommé Caiphe, qui était grand prêtre « cette année, leur dit donc : Vous n'y entendez rien, « vous ne savez donc pas qu'il vaut mieux pour nous * qu'un homme meure pour le peuple plutôt que tout « le peuple soit perdu. Or il ne disait pas cela de lui« même; mais, comme il était grand prêtre cette annéea là, il prophétisa que Jésus mourrait pour le peuple, « non seulement pour le peuple, mais aussi afin de « réunir les enfants dispersés du Seigneur. Et, à partir « de ce jour, ils résolurent de le faire mourir. » En d'autres termes, ils l'excommunièrent. L'Évangéliste remarque que Caiphe était grand prêtre l'année de la mort du Christ. C'est que le souverain pontificat n'était plus donné à vie, comme autrefois, et que plusieurs possédaient en même temps cette dignité, quoiqu'il n'y en eût qu'un seul à en

exercer les fonctions. Une tradition des rabbins, consiguée dans le Talmud, rapporte que le Christ a été excommunié avec quatre cents trompettes, c'est-à-dire par quatre cents prêtres, et qu'il a été dénoncé publiquement quarante jours avant sa mort; qu'il a été condamné à mort comme magicien et séducteur du peuple. Or nous savons, par le témoignage de Josèphe, qu'il y avait alors dans le royaume de Juda vingt mille prêtres et trente mille lévites. Mais, outre le temple, ils avaient encore à Jérusalen de 160 à 480 synagogues ou églises nationales pour les Juifs qui affluaient chaque année dans cette ville de toutes les contrées de la terre. Les prêtres publiaient toujours au son des trompettes l'excommunication à tous ses degrés. Ainsi, le Fils de Dieu fut excommunié et dénoncé comme tel au peuple par le clergé tout entier de Jérusalem, qui représentait tout le peuple juif.

L'Église judaïque avait trois sortes de censures : l'exclusion ou l'excommunication mineure. Ceux qu'elle frappait étaient interdits pour trente jours, pendant lesquels ils ne pouvaient approcher ni de leurs femmes ni de leurs enfants moins de quatre coudées de distance, et ne pouvaient prendre part au service divin que couchés vers la terre. La seconde censure était la malédiction ou l'expulsion de la synagogue et de toute société humaine. La troisième était l'anéantissement. Celui qui l'avait encourue était exclu à jamais de la synagogue, maudit éternellement devant Dieu et les hommes, et son âme était livrée à Satan. D'autres, néanmoins, regardent cette troisième censure comme identique avec la seconde. C'est de cette excommunication majeure que Notre-Seigneur fut frappé, et ceci arriva précisément le jour où les Juifs

célébraient la mort de Moïse. Il y avait, au reste, vingtquatre causes d'excommunication, parmi lesquelles plusieurs pouvaient être appliquées au Sauveur par la mauvaise foi de ses ennemis, comme, par exemple, le mépris des traditions, la profanation du sabbat, etc. L'excommunication n'était pas une institution particulière aux Juifs; mais on la retrouve chez tous les peuples et dans toutes les religions. César la trouva chez les druides. Le premier excommunié fut Caïn; et c'était à ce meurtrier de son frère que l'on égalait le Sauveur du monde! Saint Paul, dans sa première Épître aux Corinthiens, ch. xu, constate aussi que Jésus fut frappé d'anathème par les Juifs. Les prêtres ne se contentèrent pas de l'excommunier dans le secret du temple; mais, comme saint Jean le témoigne à plusieurs reprises dans son Évangile, ch. xi, ils l'excommunièrent publiquement, et le dénoncèrent au peuple, de sorte que chacun pouvait le prendre et le tuer. Et le même apôtre nous apprend au chapitre xu que beaucoup des principaux d'entre les Juifs n'osèrent se déclarer publiquement en sa faveur dans la crainte d'encourir l'excommunication.

« A cause de cela, continue l'évangéliste, Jésus ne « parut plus en public parmi les Juifs; mais il s'éloigna « dans une contrée près du désert, dans une ville qui << s'appelait Éphraïm, et il y séjourna avec ses disciples. »> Éphrem ou Ephraïm, que le Sauveur choisit pour sa dernière retraite après son excommunication, était une petite ville de l'ancien royaume d'Israël, non loin de Bethel, et à huit lieues environ au nord de Jérusalem. Elle était située sur la lisière du désert pierreux et montagneux qui s'étend, au nord, de Bethhaven à Scythopolis, et au sud

jusqu'à la mer du désert. Il parcourut ainsi les voies où l'avaient précédé les prophètes, et il chercha son dernier asile dans ce même désert où Elie, fuyant la persécution d'Achab et de Jézabel, avait été nourri miraculeusement par des corbeaux, et près de ce même ruisseau, nommé Crith, où Jean, le second Élie, avait baptisé. Quoiqu'il ne reste plus aucune trace depuis longtemps de la ville d'Éphraïm, on sait néanmoins d'une manière certaine qu'elle existait au lieu où est aujourd'hui le bourg arabe el-Taiyibeb. Comme elle était peu éloignée de la grande route de Galilée, Notre-Seigneur y avait probablement séjourné plusieurs fois. Peut-être aussi ses apôtres, dans leur mission, y avaient trouvé un accueil favorable; de sorte qu'il put y jouir avec ses disciples de la sécurité qu'il cherchait. Il n'y resta que quatre semaines environ, après lesquelles les jours du Fils de l'homme furent remplis, et sa dernière heure arriva. Ainsi fut accomplie, en quelque manière, cette ancienne prédiction, que le Messie, le fils de Joseph, viendrait d'Ephraïm, et entrerait dans sa gloire par beaucoup de souffrances,

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