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fois frappé Sodome et Gomorrhe? Tertullien appelle déjà de son temps l'attention des Juifs sur ce point. Plus d'une fois, depuis cette époque, le voyageur, passant près du Jourdain, où Notre-Seigneur a été baptisé, a vu sortir du lit de ce fleuve des monstres menaçants. Et l'on sait qu'un médecin français qui accompagnait Salignac dans son voyage en Palestine, fut dévoré en cet endroit par une bête de cette espèce. Ce désert de sable, qui part des rives de l'Euphrate, approche tous les jours davantage de la terre sainte, et menace déjà de dépasser le Jourdain. Le pays n'est plus aujourd'hui qu'une ombre de ce qu'il était autrefois. Au lieu de ces sources qui y entretenaient l'abondance, et y rendaient la santé aux malades, les habitants de ces contrées n'ont plus que la solitude des déserts et les horreurs de la peste.

Les harpes des filles de Sion sont suspendues aux saules pleureurs. Les toits des maisons de la Judée sont renversés, ses vignobles sont devenus des forêts sauvages, ой le sanglier trouve une retraite assurée. Le puits de Jacob est tari, le Kison et le lit du Cédron sont desséchés. Une seule barque de pêcheur vogue aujourd'hui sur cette mer de Galilée où se sont données autrefois des batailles sanglantes. Le voyageur trouve à peine dans toute la contrée une dizaine de sources dont le cours s'étende au delà de cent pas; et l'on n'aperçoit pas un seul village dans la grande plaine de Samarie, depuis Scytopolis jusqu'à Ginée. Jéricho, cette ancienne place de guerre, n'est plus qu'un petit village nommé Richa, composé de quelques huttes, et entouré d'une plaine immense et inculte, large de quatre lieues. Voilà tout ce qui reste de cette riche cité, célèbre par ses palmiers et par ses jardins embaumés. Là

où plusieurs millions d'hommes vivaient en paix, végètent tristement aujourd'hui quelques centaines de milliers d'habitants. Le chacal erre au milieu de ces landes désertes, et les loups pénètrent jusque dans la demeure des hommes. Le berger a peine à se défendre sur le Carmel, pendant la nuit, contre la panthère et le léopard. On ne voit plus sur le mont Liban que quelques cèdres épars çà et là. Le tigre a choisi sa tanière sur le mont Thabor, et, caché dans l'herbe avec le serpent, il épie les pas du voyageur. Les hommes eux-mêmes qui ont conquis ce pays sont comme des bêtes sauvages; et c'est ainsi que s'accomplit encore aujourd'hui sous nos yeux la malédiction annoncée autrefois à la terre promise par Moïse au nom du Seigneur. « Les peuples de la terre regarderont et diront : « Pourquoi le Seigneur en a-t-il «< agi ainsi avec ce pays? Quelle est donc la cause de cette a colère et de cette fureur?» (Deuter., XXIX, 21.)

L'ancien étang de Bethsaïda n'est plus aujourd'hui qu'une espèce de caverne murée et presque vide d'eau, située derrière la montagne du temple, près de la porte de Saint-Étienne. Ce changement de la Palestine depuis la mort de Notre-Seigneur Jésus-Christ est avoué par les Juifs eux-mêmes, qui semblent exagérer encore les avantages et les bénédictions dont ce pays jouissait autrefois. Lorsque le Sauveur parut sur la terre, la terre sainte regorgeait de biens et nageait dans l'abondance. Mais déjà, dans les jours du rabbin Jochanan, qui avait vécu du temps de Notre-Seigneur, la terre avait pris une autre forme ce sont les expressions du Talmud de Jérusalem. (Sota, cap. x.)

CHAPITRE VI

Discours prononcés dans le temple. - Question sur le royaume de Dieu.

Ces deux miracles, opérés coup sur coup par NotreSeigneur, avaient augmenté singulièrement sa considération aux yeux du peuple de Jérusalem. Les neuf lépreux qu'il avait guéris étaient venus se montrer aux prêtres, et leur annoncer leur guérison miraculeuse. Puis ces derniers l'avaient vu guérir sous leurs yeux un incurable qui pendant trente-huit ans avait essayé vainement tous les remèdes naturels. Tout cela devait attirer leur attention, et il était juste qu'ils se demandassent : « Quel est « donc celui qui peut opérer de telles choses? et au noni « de qui est-il venu? » S'il s'était donné pour un des anciens prophètes venus sur la terre, ils s'en seraient moins préoccupés; mais il s'était déclaré le Fils de Dieu, et c'est là ce qui les troublait. La violation apparente du sabbat devait déjà soulever contre lui leur fanatisme. Ils poursuivaient donc Jésus, et cherchaient à se débarrasser de lui, parce qu'il avait opéré cette guérison le jour du sabbat. Mais Jésus leur répondit : « Mon Père agit jusqu'aujourd'hui, et moi j'opère aussi. »

« Les Juifs cherchèrent donc encore davantage à le «faire mourir, parce que, non content d'avoir violé le « sabbat, il avait nommé Dieu son père, et s'était fait « égal à lui. Jésus leur répondit par ces paroles : En « vérité, en vérité, je vous le dis, le Fils ne peut rien « faire de lui-même, si ce n'est ce qu'il voit faire au

« Père; mais ce que le Père fait, le Fils le fait en même a temps avec lui. Le Père aime le Fils, et lui suggère «tout ce qu'il fait. Il lui suggèrera même des œuvres

bien plus grandes encore que ne le sont celles-ci, et « qui vous rempliront d'admiration car, de même que « le Père éveille les morts et leur donne la vie, ainsi le Fils << donne la vie à qui il veut. Le Père aussi ne juge personne, « mais il a abandonné tout jugement au Fils, afin que tous « honorent le Fils, comme ils honorent le Père. Celui donc «< qui n'honore pas le Fils n'honore pas non plus le Père « qui l'a envoyé. En vérité, en vérité je vous le dis, << quiconque écoute ma parole, et croit à celui qui m'a «envoyé, a la vie éternelle; il n'encourt point le juge<<ment, mais il a passé de la mort à la vie.

« En vérité, en vérité, je vous le dis, l'heure vient, « et elle est déjà venue, où les morts entendront la voix

du Fils de Dieu; et ceux qui l'auront entendue vivront : «< car, de même que le Père a la vie en soi, ainsi il a << donné aussi au Fils d'avoir la vie en soi; et il lui a « donné aussi le pouvoir de juger, parce qu'il est le Fils « de l'homme. Que cela ne vous étonne point, car << l'heure vient où tous ceux qui sont dans les tombeaux << entendront la voix du Fils de Dieu. Et ceux qui auront << fait le bien se lèveront pour la résurrection de la vie, «<et ceux qui auront fait le mal pour ressusciter à leur << condamnation. Je ne puis rien faire de moi-même; je << juge selon ce que j'entends, et mon jugement est juste,

parce que je ne cherche pas ma volonté, mais la vo«<lonté de celui qui m'a envoyé. Si je me rendais témoi«gnage à moi-même, mon témoignage ne serait pas

véritable. Mais il en est un autre qui rend témoignage

« de moi, et je sais que le témoignage qu'il en rend est << véritable. Vous avez envoyé vers Jean, et il a rendu << témoignage à la vérité.

« Pour moi, ce n'est pas des hommes que je reçois le << témoignage, mais je dis ceci pour que vous soyez « sauvés. Jean était une lampe ardente et brillante, et << vous avez voulu vous réjouir un peu de temps seule<«<ment à sa lumière. Pour moi, j'ai un témoignage plus «< grand que celui de Jean : car les œuvres que mon Père << m'a données à faire, ces œuvres que je fais rendent << témoignage pour moi que c'est mon Père qui m'a en« voyé. Et le Père qui m'a envoyé a rendu lui-même << témoignage de moi; mais vous n'avez jamais ni en« tendu sa voix, » qui a retenti au Jourdain, « ni vu sa « forme. Vous n'avez point non plus sa parole au dedans « de vous-mêmes, parce que vous ne croyez point à <«< celui qu'il a envoyé. Scrutez l'Écriture, puisque vous « croyez y trouver la vie éternelle, et n'avoir plus besoin « de moi; c'est elle cependant qui rend témoignage de « moi. Et vous ne voulez pas venir à moi pour avoir la vie. Je ne cherche pas la gloire aux yeux des hommes; << mais je vous connais, et je sais que vous n'avez point << en vous l'amour de Dieu, et que vous faites tout pour «la gloire des hommes. Je suis venu au nom de mon « Père, et vous ne me recevez pas. Si un autre venait en « son propre nom, vous l'accueilleriez. Comment pour<< riez-vous croire, recherchant comme vous le faites la « gloire que vous vous donnez les uns aux autres, et ne «< cherchant pas la gloire qui ne vient que de Dieu? Ne « croyez pas que je vous accuserai devant le Père; il « en est un déjà qui vous accuse, c'est Moïse, en qui

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