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le peuple juif. Celui qui devait ensevelir un mort ne pouvait, avant la sépulture, ni manger de chair, ni boire de vin, ni prendre quoi que ce fût, seul ou avec d'autres, dans la maison où était le cadavre. Il restait ainsi complétement à jeun tout le premier jour; mais il était aussi pendant tout ce temps dispensé des prières que les Juifs devaient réciter chaque jour. Dès que le corps était porté hors de la maison pour être enterré, ce qui arrivait ordinairement trois heures après la mort, on enlevait tous les siéges et les lits, car pendant sept jours on s'asseyait par terre. On louait des joueurs de flûte et des pleureuses qui accompagnaient le corps en poussant des cris et des lamentations. Puis venaient la famille, les voisins, les amis et les connaissances. Les femmes marchaient les premières, parce que, disaient les rabbins, c'était par elles que le péché était entré dans le monde. Le Sohar conseille même aux hommes de détourner d'elles la vue et de s'en aller sans les regarder, parce que l'ange de la mort se tient caché derrière elles. Lorsqu'on était rendu au cimetière ou à la maison de l'éternité, comme l'appelaient les Juifs, on chantait le Psaume xc; puis on faisait sept fois le tour du corps et après qu'on avait descendu le cercueil dans le tombeau on roulait dessus une pierre. Le deuil s'arrêtait sept fois en allant au cimetière et en en revenant; et à chaque fois on adressait à la famille des paroles de consolation comme celles-ci : « Asseyez-vous, très-chers, asseyez-vous; relevez-vous, chères âmes, relevez-vous. » Les pleureuses, de leur côté, disaient aux assistants : « Venez à moi, vous tous dont le cœur est dans la langueur et l'amertume, afin de pleurer sur votre prochain. >>

Lorsqu'on était de retour à la maison, les membres de la famille, la tête voilée et les pieds déchaussés, s'asseyaient à terre, puis les voisins et les pleureuses, qui étaient au moins au nombre de dix, formaient un cercle autour d'eux, et c'est alors que commençaient proprement les lamentations. Aussitôt que les parents ou les amis ouvraient la bouche, on répondait à leurs plaintes par des paroles de consolation. Beaucoup cependant ne voulaient point se laisser consoler, et terminaient ainsi la cérémonie. Toutes ces solennités n'avaient point lieu pour les serviteurs ou les servantes, 'ni pour les prisonniers, ni pour les pauvres, ni pour les enfants. Le temps des lamentations durait trente jours, dont les trois premiers étaient consacrés aux larmes, les sept suivants aux gémissements, et les vingt autres à la douleur. Pendant tout ce temps on ne pouvait ni se raser, ni se peigner les cheveux ou la barbe, ni se laver les mains ou la tête, ni changer de vêtements. Les hommes déchiraient leurs habits, qui ne pouvaient plus être recousus pendant les trente jours. Pendant les sept premiers jours on ne saluait personne. Ni les hommes ni les animaux ne travaillaient dans la maison; et si le défunt était un grand personnage, ou jouissant d'une grande considération, le lieu tout entier portait le deuil et gardait le repos. Pendant les trois premiers jours on allait au tombeau pour voir le mort; car les Juifs croyaient que pendant trois jours l'âme voltigeait autour de sa dépouille mortelle, afin d'y rentrer; mais qu'ensuite elle l'abandonnait, dès qu'elle voyait son visage se décomposer. Aujourd'hui encore c'est une coutume à Jérusalem que le curé du Saint-Sépulcre visite pendant trois jours, hors de la ville, les tombeaux

des défunts. Le tombeau tenait lieu chez les Juifs de chambre mortuaire, parce que l'enterremeut se faisait de très bonne heure, et c'est pour cela qu'on visitait le corps pendant trois jours, après avoir ôté la pierre, que l'on remplaçait ensuite. C'est après ces trois jours que la mort était parfaitement constatée; aussi le troisième jour était le plus triste, celui où les lamentations étaient les plus déchirantes. Après cela, c'était la coutume chez les Juifs, comme chez tous les autres peuples, de boire en l'honneur du défunt pour se consoler.

Les trois jours des pleurs étaient déjà passés pour Lazare. Déjà on avait pour la troisième fois inspecté son corps, et l'on s'était assuré de sa mort: on était déjà au quatrième jour. Mais ses deux sœurs étaient encore assises à terre, la tête penchée, dans la douleur et les larmes; les Juifs de Jérusalem étaient encore autour d'elles pour les plaindre et les consoler, jusqu'à ce que la semaine du grand deuil fût écoulée; car Lazare était considéré nonseulement dans son quartier, mais dans toute la ville et même dans toute la Judée. Quelqu'un vint annoncer à Marthe que le Sauveur approchait. « Marthe ayant appris « que Jésus venait, elle alla vite à sa rencontre, tandis «que Marie resta assise à la maison. Marthe dit à Jésus : << Seigneur, si vous aviez été ici, mon frère ne serait « pas mort; mais je sais aussi que Dieu vous accordera << tout ce que vous lui demanderez. Jésus lui dit: Ton «< frère ressuscitera. Marthe lui répondit: Je sais bien qu'il ressuscitera lors de la résurrection du dernier « jour. Jésus lui dit : Je suis la résurrection et la vie : qui «< croit en moi vivra, quoiqu'il soit mort; et celui qui, << vivant encore, croit en moi ne mourra point. Crois-tu

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«< cela? Elle lui dit : Oui, Seigneur, je crois que vous « êtes le Christ, le Fils du Dieu vivant, qui est venu dans « le monde. Après avoir dit ces paroles, elle courut << appeler Marie, sa sœur, et lui dit à l'oreille : Le Sei«gneur est là, et il te demande. Aussitôt Marie se leva «<et vint à lui, car Jésus n'était pas allé plus loin dans « le village; mais il était encore à la place où Marthe «<l'avait rencontré. Cet endroit était un lavoir situé hors de la ville, selon la coutume de l'Orient, et que l'on montre encore aujourd'hui. C'était de ce côté, et tout près de là, qu'était le tombeau; et c'est pour cela que NotreSeigneur n'était pas allé plus loin.

« Les Juifs qui étaient avec Marie à la maison et qui la «< consolaient, voyant qu'elle se levait à la hâte et qu'elle << sortait, la suivaient, disant: Elle va au tombeau pour « y pleurer. » Ils la suivirent à quelque distance; car aucun Juif ne pouvait accompagner une femme, bien moins encore lui parler en public, lors même que cette femme était de sa famille. Un mari ne pouvait pas même paraître sur une place publique avec sa femme. La coutume avait probablement adouci ces prescriptions, introduites par les pharisiens. « Marie étant venue où Jésus « était, et l'ayant vu, elle tomba à ses pieds et lui dit : << Seigneur, si vous aviez été ici, mon frère ne serait pas <«< mort. Jésus, la voyant dans les larmes ainsi que les « Juifs qui la suivaient, fut profondément touché, et dit « tout ému dans son àme: Où l'avez-vous mis? Elles lui « dirent Seigneur, venez et voyez. Et Jésus pleura. Les « Juifs dirent alors: Voyez donc comme il l'aimait! Mais « d'autres disaient : Celui qui a rendu la vue à l'aveugle ne pouvait-il empêcher celui-ci de mourir? Jésus se

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« troubla lui-même une seconde fois, et vint au tom<< beau. » Les cimetières, chez les Juifs, devaient être situés à une distance de trois mille coudées de l'enceinte de la ville, et de deux mille coudées des faubourgs. « C'était une grotte, et il y avait devant une pierre. Jésus « dit donc Enlevez la pierre. Mais Marthe lui répondit: << Seigneur, il sent déjà, car il est là depuis quatre jours. « Jésus lui répondit: Ne t'ai-je pas dit que si tu crois tu << verras la gloire de Dieu? Ils ôtèrent donc la pierre. « Jésus leva les yeux et dit: Père, je vous remercie, de « m'avoir exaucé; je sais bien que vous m'exaucez toujours; mais je le dis pour le peuple qui m'entoure afin qu'ils croient que vous m'avez envoyé. Et lorsqu'il eut << dit ceci il cria à haute voix : Lazare, sors! Le mort << sortit aussitôt, les mains et les pieds enveloppés de « linges et le visage couvert d'un suaire. Et Jésus leur « dit: Délicz-le, afin qu'il puisse marcher. » Tacite, au livre v de ses Histoires, dit que les Juifs avaient coutume d'ensevelir leurs morts à la manière des Egyptiens. Il fait évidemment allusion aux linges et aux bandelettes qu'on roulait autour de leurs mains et de leurs pieds. Jésus fit ce miracle quarante jours environ avant sa Passion, ou le 6 mars de l'an 29, qui était cette année un dimanche. Il avait passé trois mois au delà du Jourdain.

CHAPITRE XXXI

Excommunication et manifeste contre le Christ.

«Beaucoup de Juifs qui étaient venus trouver Marie et

« Marthe, et avaient été témoins du miracle de Jésus, cru

T. II.

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