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que les échos des grands maîtres de la synagogue. Aussi les rabbins déclarent qu'une parole sans autorité, c'est-àdire qui n'est pas venue par la tradition, empoisonne le monde, descend au fond de l'abîme, y forme une fumée et un voile épais, et est cause que mille peuples s'y précipitent. Mais le Christ avait pour lui une autorité plus haute; il était bien plus encore que les prophètes qui l'avaient précédé. Il était l'envoyé immédiat du Père céleste; et il était en même temps Celui qui envoie. Le peuple, en général, ne savait pas que Jésus fût né à Bethléem, comme nous l'avons vu plus haut; et cependant Notre-Seigneur ne cherche point à corriger leur erreur sur ce point: c'est qu'il voulait maintenant lui révéler sa génération divine. Il est remarquable, en effet, que dans la première moitié de sa vie publique il défendait soigneusement à ceux qui l'approchaient de publier sa divinité, tandis que, dans la seconde moitié, tous ses discours vont à prouver qu'il est venu de Dieu, et qu'il y retourne. Continuellement il distingue sa nature humaine et sa nature divine. Lorsqu'il invoque ici le témoignage de son Père céleste, il fait évidemment allusion à cette voix qui s'est fait entendre au Jourdain lors de son baptême, et que plusieurs devaient avoir entendue.

Le Sauveur se présente à la Samaritaine près d'un puits comme la source véritable qui rejaillit jusqu'à la vie éternelle. Après la multiplication des pains, il se donne comme le vrai pain du ciel; il parle de sa chair comme d'un aliment, et de son sang comme d'un breuvage sans lesquels l'homme ne peut avoir la vie en soi. Hier il annonçait au peuple qu'il était le fleuve de vie, qui seul peut étancher la soif de tous les mortels; car c'était le jour des libations. Aujourd'hui il déclare qu'il est la lumière du

monde. Quelle chose avait pu lui fournir cette image? Le huitième jour de la fête des Tabernacles se terminait par une illumination dans le temple, dont le reflet éclairait les cours et le devant des maisons de la partie occidentale de la ville, où étaient dressées les tentes, ce qui ajoutait à la solennité. Au chant des hymnes et des psaumes, au son des flûtes et des instruments, des lévites placés sur les quinze degrés du grand escalier d'où l'on descendait du portique des Juifs dans le vestibule des femmes, exécutaient le grand chant avec des cythares, des harpes, des cymbales et des trompettes. Les hommes les plus considérables, portant à la main des flambeaux, dansaient une sorte de danse savante et sacrée, où les vieillards eux-mêmes et les religieux aimaient à prendre part. On examinait avec curiosité la direction que prenait la fumée de leurs flambeaux, et l'on croyait y voir une indication relativement aux pluies qui devaient tomber l'année suivante. Les pharisiens se croyaient plus savants que les autres dans l'interprétation de ces sortes de présages, comme nous pouvons le juger par les reproches que Jésus leur adresse à ce sujet en saint Matthieu chap. xvi. La fête était passée lorsque Jésus parla au peuple; mais dans le vestibule des femmes, où Jésus enseignait le peuple cette fois, on voyait encore les cinquante candélabres dorés, hauts de cinquante coudées, qui avaient servi à l'illumination, et qui en rappelaient l'éclat à tous les assistants. Ils donnèrent occasion à Notre-Seigneur de se proposer an peuple comme la vraie lumière du monde. Les Juifs, au reste, pouvaient facilement comprendre ce langage; car leurs docteurs eux-mêmes leur avaient appris que le vrai nom du Messie serait lumière.

CHAPITRE XIX

Le Christ Verbe de Dieu et Dieu de toute éternité.

« Une autre fois, Jésus leur dit: Je m'en vais; vous me << chercherez, et vous mourrez dans vos péchés. Vous ne « pouvez venir où je vais. Les Juifs disaient: Est-ce qu'il << veut se tuer? Que veut-il dire par ces paroles: Vous ne « pouvez venir où je vais? Il leur dit : Vous êtes d'en bas, << mais moi je suis d'en haut; vous êtes de ce monde, mais << moi je ne suis pas de ce monde. Je vous ai déjà dit que « vous mourrez dans vos péchés; car si vous ne me croyez « pas ce que je suis, vous périrez dans vos péchés. Qui << êtes-vous donc, lui dirent-ils? Jésus leur répondit: Je « suis ce que je vous ai dit dès le commencement. J'ai « beaucoup à dire de vous, et à condamner en vous; mais « Celui qui m'a envoyé est véridique, et ce que j'ai en<< tendu de lui je le dis devant le monde. Mais ils ne com<< prenaient pas qu'il appelait Dieu son Père. Jésus leur << dit donc Quand vous aurez élevé en l'air le Fils de «<l'homme, vous reconnaîtrez alors qui je suis, et que je << ne fais rien de moi-même, mais que je parle comme « le Père m'a enseigné. Celui qui m'a envoyé est avec << moi le Père ne me laisse pas seul, car je fais toujours «< ce qui lui plaît. Pendant qu'il disait ces choses, beau«<coup crurent en lui. Jésus dit donc aux Juifs qui croyaient « en lui: Si vous restez attachés à mes paroles, vous êtes << mes vrais disciples; vous connaîtrez la vérité, et la vé« rité vous délivrera. Ils lui répondirent: Nous sommes « les descendants d'Abraham, et n'avons jamais été « les esclaves de personne. Comment dites-vous donc :

« Vous serez libres? Jésus leur répondit: En vérité, en « vérité, je vous le dis: Quiconque pèche est esclave du « péché; l'esclave ne reste pas toujours à la maison, mais « le Fils y demeure éternellement; si donc le Fils vous « délivre, alors vous serez vraiment libres. >>

Si Notre-Seigneur parle ainsi aux Juifs d'esclavage et de liberté, c'est que l'occasion lui en était fournie par la fête de la dédicace du temple, que l'on allait bientôt célébrer, et qui rappelait aux Juifs leur délivrance du joug des Syriens. Il continua en ces termes : « Je sais bien que vous «< êtes descendants d'Abraham; cependant vous cherchez « à me faire mourir, parce que ma parole ne prend point << en vous. Je dis ce que j'ai vu chez mon Père, et vous, << vous faites ce que vous avez vu chez le vôtre. Ils lui ré«pondirent: Abraham est notre père. Si vous étiez les << enfants d'Abraham, leur répliqua Jésus, vous feriez << aussi les œuvres d'Abraham. Mais vous cherchez main«tenant à me faire mourir, moi qui vous ai dit la vérité « que j'ai apprise de Dieu. Abraham n'a pas fait ainsi. « Vous imitez les œuvres de votre père. » Le peuple juif croyait, et les docteurs de la loi eux-mêmes, dans leur science cabalistique, enseignaient que Bélial s'était approché d'Eve dans une union monstrueuse et adultère, et qu'elle avait eue de lui Caïn, de qui descendaient tous les partisans du démon, les Samaritains, les Gentils, etc.; tandis que les Juifs se considéraient comme les seuls vrais descendants d'Adam, de Seth et d'Abraham. C'est dans ce sens que, jusque dans leurs derniers écrits, ils nomment encore Jésus race de Caïn, ou fils de Satan, et que saint Luc, au contraire, appelle Adam fils de Dieu.

«Ils lui dirent donc : Nous ne sommes pas nés d'une

« manière illégitime, mais nous avons un père, qui est « Dieu. Jésus leur répondit: Si Dieu était votre Père, vous « m'aimeriez, car je suis sorti et venu de Dieu. Je ne suis << pas venu de moi-même, mais c'est lui qui m'a envoyé. « Pourquoi ne connaissez-vous pas mon langage, si ce « n'est parce que vous êtes endurcis contre ma parole? « Vous êtes du diable; c'est lui qui est votre père, et vous « voulez agir d'après le bon plaisir de votre père. Celui-ci « a été dès le commencement un meurtier, et il n'est pas « resté dans la vérité, car il n'y a aucune vérité en lui. << Quand il dit des mensonges, il parle de son propre fonds, «car c'est un menteur; c'est même le père du mensonge, « et vous croyez à lui! Mais moi, lorsque je vous dis la « vérité, vous ne me croyez pas. Et cependant qui de vous << peut me convaincre de péché? Si donc je vous dis la « vérité, pourquoi ne me croyez-vous pas? Quiconque « est de Dieu écoute les paroles de Dieu; vous ne les « écoutez pas, parce que vous n'êtes pas de Dieu. »

Dans le langage des Orientaux, tout rapport spirituel, toute relation de cause à effet s'appelle par figure génération. Celui qui suit la doctrine ou les inspirations d'un autre le fait par là même son père, et devient son fils. C'est ainsi qu'on nous parle des enfants des prophètes, et des fils, c'est-à-dire des disciples des pharisiens. Depuis la chute de Lucifer, il y a donc une double filiation: c'est pour cela que déjà le livre de la Genèse nous parle des fils de Dieu ou des enfants du royaume, et des fils des hommes, c'est-à-dire des enfants de Satan, comme parle ici même le Sauveur. Or le Christ, Fils de Dieu, a réconcilié à son Père tous les hommes et la nature elle-même, que le péché avait séparés de lui;

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