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dès l'origine. Nous le retrouvons chez les Egyptiens, chez les Grecs, chez les Romains, et même chez les peuples du Nord. Mais le Père céleste avait une bien autre moisson à recueillir. Encore quelques jours seulement, et il allait ramasser dans ses greniers les prémices de tous les peuples. Pendant toute la semaine de la fête, on immola encore chaque jour en holocauste deux taureaux, un bélier et sept agneaux d'un an, et un bouc comme victime expiatoire pour le peuple, pendant que le véritable agneau pascal, et la seule victime vraiment expiatoire, venait de répandre son sang pour le monde.

CHAPITRE LXX

Des Actes de Pilate.

Ainsi les Juifs passèrent le premier jour de la fète dans l'allégresse, après s'être débarrassés du Messie, dont ils redoutaient l'influence sur le peuple. Ils annoncèrent alors, soit par lettres, soit par des messagers, la nouvelle de la mort du prétendant nazaréen aux synagogues étrangères, comme c'était la coutume en Israël. Pilate, de son côté, fit sur cet événement son rapport à Rome; car les gouverneurs et les procureurs étaient obligés d'instruire l'empereur leur maître de tous les événements importants qui se passaient dans leur province, comme nous le voyons à propos de saint Paul dans les Actes des apôtres. Que Pilate ait instruit réellement l'empereur Tibère de la mort du Christ et des événements merveilleux qui l'accompagnèrent, nous avons à ce sujet le témoignage una

nime de la tradition. Cette nouvelle extraordinaire arrivée de la Judée, l'éclipse de soleil, le bruit qu'avait fait à Rome parmi le peuple et jusque dans le palais de l'empereur ce cri prodigieux poussé dans l'île de Paros: Le grand Pan est mort! tout cela, joint à l'édit par lequel l'empereur chassa tous les Juifs de Rome en ce même temps, contribua à répandre parmi les chrétiens cette tradition que Tibère avait proposé en plein sénat de placer le Christ au nombre des dieux, comme aussi qu'Alexandre Sévère et Philippe l'Arabe avaient penché vers le christianisme. Les Juifs rapportent aussi, pour des raisons analogues, de l'empereur Antonin, que, par suite de l'amitié intime qu'il avait contractée avec Juda, fils et successeur du nasi Simon ben Gamaliel II, il s'était fait circoncire, et professait en secret la religion juive. Au lieu d'Antonin, c'est d'Héliogabale qu'ils voulaient parler; car Dion raconte qu'il se fit circoncire et s'abstint de la viande de porc, deux pratiques que l'on retrouve dans beaucoup de cultes païens.

Tibère n'a jamais pensé à une apothéose du Christ. Il est bien vrai qu'il chassa cette même année, ou l'année suivante, les Juifs de Rome, et qu'il les enrôla dans les armées de l'empire; mais ce fait n'a aucun rapport avec la mort de Notre-Seigneur. Toutefois, c'est une vérité historique, et les talmudistes eux-mêmes ne peuvent s'empêcher de la reconnaître avec douleur, que les Juifs, après cet événement, quarante ans avant la ruine de leur nation, c'est-à-dire un an juste après la mort de JésusChrist, perdirent pour toujours le droit de vie et de mort, même dans les choses spirituelles. Or cet événement doit avoir eu pour cause le tumulte excité dans le peuple par

le sanhédrin, afin d'arracher à Pilate la condamnation de Jésus-Christ. Car, quoique plus tard encore il se soit fait une ou deux exécutions, celles-ci n'eurent lieu que dans une sorte d'émeute, et eurent pour suite immédiate la déposition du pontife par le gouverneur. Les savants allemands, je le sais, ont toujours peur d'attribuer une trop grande importance à la vie du Christ, et dans les circonstances de ce genre ils aiment mieux sauter à pieds joints sur un fait décisif en faveur du christianisme que d'être forcés, en l'avouant, d'en tirer les conséquences qu'il renferme; et ils le font d'autant plus facilement que jusqu'ici on n'a presque rien su de la vie de Jésus-Christ dans ses rapports avec l'histoire profane. Mais, pour l'incrédule le plus déterminé, comment un homme qui a changé complétement la face de l'ancien monde, dont la religion remplit depuis dix-huit siècles l'univers, peut-il avoir passé inaperçu de ses contemporains, sans laisser aucune trace de sa vie? Est-il possible qu'il soit ce que les rationalistes et les mythiques en ont voulu faire? Le christianisme est son œuvre; car le fondateur d'une religion n'est pas le produit des fidèles qui l'ont embrassée, pas plus que l'effet ne peut produire sa cause. Cette pensée suffit à elle seule pour dissiper tous les rêves des sceptiques. Ainsi, un an après la mort de notre divin Sauveur, le sanhédrin perdit sa juridiction, dont il venait de faire un si déplorable abus. Les princes et les pères du grand conseil quittèrent alors pour toujours la salle de Gazith, où ils avaient jusqu'ici jugé près de l'autel, conformément à leurs propres lois, et gouverné spirituellement Israël.

CHAPITRE LXXI

Le Christ aux limbes.

« Le Christ a souffert pour nos péchés, le Juste pour « les injustes, afin de nous conduire à Dieu. Il était mort « dans la chair, mais son âme vivait; et avec cette âme «il vint aussi porter le message aux esprits captifs, afin « que, jugés selon la chair parmi les hommes, ils vivent « pour Dieu selon l'esprit; à ces esprits qui avaient été «< incrédules autrefois, lorsque les attendait la patience « de Dieu, aux jours de Noé, quand on bâtissait l'arche « dans laquelle peu, c'est-à-dire huit personnes seule«ment, furent sauvées du déluge.» (1re Épître de saint Pierre, m, 18.) Les Juifs reconnaissaient deux limbes ou scheol, correspondant au double paradis dont nous avons parlé plus haut. Le plus profond de ces limbes avait sept abîmes, gouvernés chacun par un mauvais ange. C'est là que devaient être précipités les gentils, ou les soixante et dix peuples de la terre, pour y être enveloppés dans une nuit éternelle, et y être brûlés par un feu inextinguible. Ce lieu était aussi destiné aux Israélites impies qui avaient négligé les prescriptions mosaïques. Mais, avant d'y descendre, les traces de la circoncision devaient disparaître chez eux, parce que, dans les desseins de Dieu, aucun circoncis ne pouvait tomber en enfer. Dans le scheol, ou l'enfer supérieur, devaient être bannis tous les Israélites coupables de quelque péché, et quelques justes gentils, mais en petit nombre, jusqu'à ce qu'ils se fussent purifiés de toutes leurs souillures dans le fleuve de feu

appelé dinur. C'est alors seulement qu'ils pouvaient entrer dans le paradis inférieur, qui n'était séparé de l'enfer supérieur que par un mur très-mince. Là, délivrés de toute souffrance, ils attendaient avec d'ardents désirs la venue du royaume de Dieu. C'est là que le Christ promit au bon larron qu'il le retrouverait après sa mort, comme l'enseignent les plus anciens Pères de l'Église.

On croyait toutefois que ceux qui étaient encore dans le purgatoire ou dans l'enfer supérieur recevaient quelques soulagements les jours de sabbat, comme aussi aux jours où la lune se renouvelait, dans l'année jubilaire, et enfin trois fois par jour pendant la prière, qui se faisait le matin, à midi et le soir. De plus, chacun rachetait ses parents défunts en priant sur leur tombe, et pouvait secourir les autres membres de sa famille par une prière nommée zadik hadin, dont on vantait beaucoup l'effica cité. C'est pour cela que Barsilaï dit : « Je veux mourir «< dans ma ville, parce qu'il est avantageux aux défunts « que leurs amis viennent visiter leur tombe, afin d'im«plorer pour leur âme la miséricorde divine. » Outre cela, avant la ruine de Jérusalem, on priait aussi pour les étrangers défunts chaque jour de sabbat. Les Juifs étaient persuadés que les âmes des morts goûtent quelque joie du paradis pendant le temps pascal, à l'époque de la nouvelle année et à la fête des Expiations, parce que les fidèles à ces époques observent mieux les préceptes divins. Mais ce sont surtout les âmes purifiées par le feu du purgatoire dont les prières et l'intercession sont utiles aux défunts qui souffrent encore, et même aux vivants. C'est pour cela que Dieu, exhalant sa colère contre Jérusalem par la bouche de Jérémie (ch. xv, vers. 1), dit :

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