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chef de tous les chrétiens convertis du judaïsme. Il se propose dans cette épître de réfuter ceux qui, comprenant mal les lettres de saint Paul, et particulièrement celles aux Hébreux et aux Romains, où l'Apôtre enseigne que les œuvres de la loi mosaïque ne suffisent pas pour la justification, concluaient, comme l'ont fait plus tard les protestants, que les bonnes œuvres en général sont inutiles. Il est probable que saint Jacques, avant d'envoyer cette lettre, avait eu une conférence à ce sujet avec Paul, qui était venu à Jérusalem pour la dernière fois. Hégésippe, cité par Eusèbe, rapporte que Jacques garda toute sa vie le vœu des Nazaréens; que jamais il ne mangea de chair ni ne but aucune boisson fermentée; que jamais le rasoir ne toucha sa tête. Jamais non plus il ne se baigna ni ne s'oignit d'huile; car l'huile était le symbole d'une sainte vie, et lui voulait passer pour un pécheur. Saint Epiphane, dans son livre des Hérésies (xi) rapporte aussi qu'il ne portait qu'un simple vêtement de lin, et qu'il garda la virginité toute sa vie. Dans sa lettre il reproche aux Juifs leur disposition à se révolter; car les temps devenaient toujours plus critiques pour eux. Il cherche aussi à les prémunir contre leur manie d'émigration, qu'avait éveillée en eux l'oppression des Romains. Un grand nombre de Juifs, en effet, émigrèrent sous le gouverneur Albinns, et plus encore sous Florus.

CHAPITRE XLVII

Martyre de Jacques, fils d'Alphée.

Il est probable que l'Épître que saint Jacques avait adressée aux Juifs chrétiens, et dans laquelle il confessait publiquement Jésus-Christ, excita contre lui la fureur des Juifs, et fut la cause de son martyre. D'après saint Jérôme et Eusèbe, saint Jacques mourut la septième année du règne de Néron, après avoir occupé pendant trente ans le siége de Jérusalem. Mais comme leur chronologie est en retard de deux ans, au lieu de trente ans c'est trente-deux ans qu'a duré son épiscopat. L'historien Josèphe, dans ses Antiquités juives (XX, IX, 1), nous donne sur la mort de cet apôtre des détails plus circonstanciés. « Anne le Jeune, dit-il, «qui était alors grand prêtre, était un homme d'un carac«tère fier, dur et inexorable; et de plus il appartenait « à la secte des sadducéens, qui, comme Juifs, se distin« guaient entre tous les autres par leur rigueur impi«toyable. Le préteur Festus étant mort, et son successeur << étant en route pour venir le remplacer, Anne crut le « moment favorable pour dénoncer devant le sanhédrin, << comme violateur de la loi, Jacques, frère de Jésus, qu'on « appelle le Christ, et plusieurs autres avec lui: par suite « de quoi ils furent tous lapidés. Tous les citoyens hon<< nêtes et même les plus zélés pour la loi blâmèrent cet « excès de sévérité. On envoya donc en secret au roi « Agrippa quelques personnes sûres pour le prier d'é«< crire au grand prêtre de ne plus se permettre à l'ave«nir de tels actes. Quelques-uns d'entre eux allèrent

« à la rencontre du nouveau préteur Albinus, qui venait « d'Alexandrie, et lui firent remarquer qu'Anne avait « dans cette circonstance dépassé la limite de son pouvoir << en convoquant l'assemblée des juges sans avoir attendu << son consentement. Albinus, prévenu par ces paroles, « écrivit au pontife des lettres pleines de colère, où il «le menaçait de lui faire payer cher l'abus de pouvoir « dont il s'était rendu coupable. Mais le roi Agrippa « le déposa, à cause de ce fait, du souverain pontificat, « qu'il n'avait exercé que trois mois, et en investit Jésus, « fils de Damnée. »>

Anne appartenait, comme on le voit, au parti rationaliste et toujours plus influent des sadducéens, qui s'élevaient au-dessus du vain formalisme des pharisiens, sans toutefois mener la vie épicurienne des hérodiens. Ils affectaient, au contraire, une grande régularité de mœurs: mais, étroits d'esprit et de cœur, à peu près comme les calvinistes de nos jours, ils avaient ce fanatisme froid et dur qui s'acharne à poursuivre ses adversaires, et pousse souvent la persécution jusqu'à la cruauté. Le grand conseil avait déjà dépassé ses pouvoirs en faisant exécuter saint Étienne. C'est ce même Anne qui, dix ans plus tard, fut étranglé par les zélotes. Eusèbe raconte que saint Jacques fut précipité d'en haut, et que, comme il n'était pas tout à fait mort, mais qu'il priait encore, un foulon ou un teinturier l'acheva avec son bâton. Nous voyons par le récit de Josèphe que l'Apôtre ne souffrit pas seul dans cette persécution: mais que d'autres disciples encore périrent avec lui; à moins peut-être qu'il ne place ici les exécutions qui avaient eu lieu auparavant.

Ceux qui devaient être lapidés étaient jetés d'une plate

forme en bas, comme nous l'avons vu plus haut: et lorsque la première pierre, jetée par le témoin, ne causait pas la mort, chaque Israélite pouvait se mêler à l'exécution. Ainsi mourut, dans sa quatre-vingt-dixième année, dit-on, l'homme le plus rigide dans sa vie de tous les disciples de Notre-Seigneur. Le peuple, au rapport d'Eusèbe, l'appelait le Juste ou plutôt l'Admirable. Mais, de même que Mathias avait remplacé Judas Iscariote, et Saul saint Jacques le Majeur, ainsi Jacques, fils d'Alphée, fut remplacé d'une certaine manière dans l'apostolat par Joseph, surnommé Barnabé ou le Fils de la consolation; et c'est pour cela qu'il s'appelle d'une manière spéciale: Envoyé du Christ. Aucun disciple après lui n'obtint la dignité d'apôtre. Jacques eut pour successeur sur le siége de Jérusalem Siméon ou Simon, fils de Cléophas, frère de Jacques le Mincur et cousin de Notre-Seigneur Jésus-Christ. Comme, dans les points difficiles, et particulièrement dans les questions chronologiques, Eusèbe est ordinairement trèsexact, nous n'avons aucune raison de révoquer en doute ici son récit.

CHAPITRE XLVIII

Épitre de saint Jude, surnommé Thaddée.

C'est après la mort de Jacques, son frère, que saint Jude écrivit sa lettre aux chrétiens de l'Asie Mineure. Il se distingua des autres apôtres dans cette épître en prenant le titre de Frère du Seigneur. Il cherche à prémunir les fidèles

contre les erreurs pestilentielles des faux prophètes qui parcouraient l'Asie Mineure, niant la divinité du Christ et le jugement dernier, prêchant que la terre serait éternelle et que les élus y vivraient dans les délices. Ils enseignaient aussi que par le christianisme l'homme était affranchi de tous les liens, et jouissait d'une liberté sans bornes. Ils rejetaient l'Ancien Testament, maudissaient le peuple juif, et s'appelaient nicolaïtes : c'était ainsi qu'ils traduisaient en grec le nom de Balaam, qui était comme leur patron. Quelques-uns font dériver ce nom de Nicolas, diacre et prosélyte d'Antioche, qui, d'après saint Épiphane, se laissa prendre par cette fausse sainteté, laquelle, prenant ses racines dans l'orgueil et l'entêtement du cœur humain, enfanta toutes les hérésies, et qui finit par tomber dans tous les excès des gnostiques. Mais nous ne trouvons rien dans l'histoire qui justifie cette accusation. Peut-être la secte mit-elle en avant ce nom de Nicolas pour attirer les simples, à peu près comme les sadducéens faisaient dériver à tort leur doctrine de Saduc. Saint Jude écrivit cette lettre l'an 63, et saint Pierre après lui combattit les hérétiques contre lesquels son épitre était dirigée.

CHAPITRE XLIX

Saint Paul en Espagne.

La tradition rapporte que Pierre parcourut l'Illyrie, c'est-à-dire tous les pays que les anciens comprenaient

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