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mieux jouer leur rôle, se mirent à imiter le Christ, et i prophétiser du haut du mont des Oliviers, comme i l'avait fait lui-même. Ils annonçaient la fin de l'oppres sion, disant que le moment était venu de chasser le Romains.

C'est vers cette époque que parut le nom de sicaire. Les zélotes, voyant que les émeutes ne menaient à rien. commencèrent à se mêler à la foule armés de poignards; puis, quand ils avaient frappé leurs adversaires, ils mettaient à crier et à soulever le peuple; de sorte qu'e ne pouvait découvrir les coupables. Un mot adressé à ces bandes meurtrières suffisait pour les enflammer; et bientôt un chef habile et décidé réunissait autour de lui plusieurs milliers de mécontents. Mais le gouverneur Félix vint à temps avec ses Romains pour disperser ces fanatiques. Il en tailla en pièces quatre cents; deux cents furent faits prisonniers, et le reste se dispersa de soimême. Quant au faux prophète que l'officier romain croyait trouver dans la personne de Paul, il avait disparu au commencement de la mêlée, à laquelle les bourgeois de Jérusalem avaient pris part contre les séditiem. Cependant Félix ayant été bientôt après remplacé par Festus, un nouveau messie apparut en Judée, et renouvela une fois de plus encore la scène du passage à travers le désert, dont l'issue fut tout aussi malheureuse. Ainsi le peuple d'Israël, après avoir rejeté le vrai messie, était condamné à se laisser tromper par le premier imposteur venu, et à payer chaque fois de son sang l'erreur à laquelle il s'était laissé entraîner, jusqu'à ce qu'enfin la nation tout entière payât dans la ruine suprême de Jérusalem la dette qu'elle avait contractée envers la justice de Dieu.

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CHAPITRE XXXVIII

Paul comparaît devant le grand conseil. Conjuration contre lui.

Dans cette décadence du peuple juif, le grand conseil était tombé si bas qu'un officier païen lui commandait sans façon de s'assembler. Et c'est ce qui arriva dans la circonstance présente. Paul, se trouvant en présence des Pères réunis, parla sans crainte. Mais le grand prêtre Ananie lui fit, dès la première parole, donner des coups sur la bouche, comme cela était arrivé au Sauveur devant les mêmes juges, vingt-six ans auparavant. Cet Ananie, fils de Nébédée, est celui que les Talmudistes citent avec éloge comme sagan ou suppléant du grand prêtre. Il fut lui-même le soixante-quinzième grand prêtre des Juifs. Il monta sur le siége suprême la huitième année de l'empereur Claude, dans le même temps que Cumanus remplaça comme gouverneur Tib. Alexandre, Mais les Samaritains ayant attaqué les Galiléens pendant qu'ils traversaient leur pays pour aller à Jérusalem, à l'une des fêtes de l'année, et ayant tué plusieurs pèlerins, le nouveau préteur fut exilé et remplacé par Félix, pour avoir traité trop cruellement les coupables. Ananie, son fils Ananus, Jonathan, fils d'Anne, et Ananus, capitaine du temple, furent emmenés avec beaucoup d'anciens comme prisonniers à Rome. Mais Ananie, étant revenu à Jérusalem, obtint par ses intrigues le souverain pontificat; et c'est ainsi qu'il fut chargé de juger le grand Apôtre.

Le grand prêtre ayant donc fait frapper saint Paul sur la bouche, celui-ci lui dit : « Dieu te frappera, muraille

<< blanchie. » C'était une parole prophétique, comme il s'en dit tant en ce lieu. Or onze ans après seulement, à la même époque de l'année, peu de jours après la Pentecôte, Ananie, Ismaël, Siméon, fils de Gamaliel, qui était alors président du sanhédrin, furent tués dans le même jour. Les assistants dirent à Paul: «Comment! tu insultes « le grand prêtre de Dieu ? Mais lui répondit : Je ne savais « pas qu'il fût le grand prêtre de Dicu: c'est-à-dire Je <«< ne connais plus de grand prêtre de Jéhovah, » déclarant ainsi le pontificat juif abrogé. Au reste, les grands prêtres se succédaient si promptement alors que saint Paul pouvait bien ne pas connaître le grand prêtre actuel parmi les autres membres du conseil. L'Apôtre eut l'heureuse pensée de soulever la question relative à l'immortalité de l'àme, et de diviser ainsi l'assemblée. Aussitôt, en effet. les anciennes rivalités entre les pharisiens et les sadducéens se firent jour. Les premiers le déclarèrent innocent, pendant qu'il courait risque d'être mis en pièces par les seconds, si bien que l'officier fut obligé de l'arracher du milieu d'eux, et de le faire reconduire sous escorte à la citadelle. Là il voulut lui faire subir la peine de la torture; mais l'Apôtre y échappa en déclarant qu'il était citoyen romain. Le Seigneur lui apparut pendant la nuit et le fortifia. C'est en effet une histoire héroïque que celle du grand Apôtre; et la lutte qu'il eut à soutenir pendant toute sa vie n'a point d'égale au monde.

Dès qu'il fit jour, quarante hommes environ d'entre les Juifs formèrent une alliance secrète, et s'engagèrent à ne rien prendre jusqu'à ce qu'ils eussent poignardé Paul. Et le grand conseil était tellement vil, tellement vendu au crime, que ces scélérats purent aller découvir leur secret

au grand prêtre et aux anciens, et les engager à traduire de nouveau l'Apôtre devant leur tribunal, pour qu'ils pussent le tuer pendant le trajet. Philon, dans son livre de la Monarchie, p. 1, 818, pose effrontément ce principe, que c'est un devoir et un mérite pour tous ceux qui ont le zèle de la vertu de châtier sans délai et de leur propre main les malheureux qui abandonnent le vrai Dieu, sans les traduire devant les juges, et être bien convaincus qu'ils sont en ce moment conseillers, juges, magistrats, prédicateurs, accusateurs et témoins, peuple et lois tout ensemble. C'est ainsi que quelque temps auparavant dix hommes, parmi lesquels était un aveugle, s'étaient engagés sous les plus terribles serments à tuer le roi Hérode pendant qu'il assistait aux jeux à Jéricho.

Le neveu de Paul, ayant eu connaissance de la trame ourdie contre son oncle, alla le trouver à la citadelle et l'en avertit. Le commandant ordonna donc à deux officiers de se tenir prêts à partir vers la troisième heure de la nuit, c'est-à-dire à onze heures, avec deux cents légionnaires, auxquels il ajouta cinquante cavaliers et deux cents lanciers, afin de conduire Paul en sûreté à Césarée devant le gouverneur Félix. Il leur donna en même temps par écrit un rapport sur toute l'affaire. Lysias, commandant de la citadelle, se conduisit ici comme un brave officier. Peut-être se rappela-t-il en ce moment que son prédécesseur Céler avait été destitué peu de temps auparavant, et appelé à Rome avec le préteur Cumanus, pour avoir dépassé la limite de son droit dans la querelle entre les Samaritains et les Juifs. Ils arrivèrent encore dans la nuit à Antipatre, en passant par le défilé de Betchoron. Là les fantassins retournèrent à Jérusalem, et les cavaliers escor

tèrent seuls l'Apôtre jusqu'à Césarée, où il fut mis sous

bonne garde.

CHAPITRE XXXIX

Paul paraît devant le gouverneur Félix,

Cinq jours après, c'est-à-dire vers le 30 mai, le grand prêtre Ananie vint à Césarée avec quelques anciens et le rhéteur Tertullus, pour porter plainte contre Paul et la secte des Nazaréens. Les Juifs prennent ici, conformément à la coutume usitée chez les Grecs et les Romains, un avocat pour plaider leur cause. Et celui-ci, fidèle à la pratique des gens de sa profession, commença par un exorde pompeux, où il cherchait à gagner la bienveillance du préteur. L'accusation ne pouvait porter que sur un point, à savoir que Paul avait annoncé des dieux nouveaux et non reconnus dans l'empire, ce qui, d'après Cicéron, était sévèrement interdit. Paul se borna dans sa défense à déclarer qu'il servait le Dieu de ses pères, qu'il croyait à la loi, et qu'il voulait prècher aux païens eux-mêmes l'espérance de la résurrection. Félix remit l'affaire jusqu'à l'arrivée de Lysias, et confia l'Apôtre à la garde du centurion. Quelques jours après il vint trouver Paul dans sa prison, accompagné de sa femme Drusille, la même que Simon le Magicien lui avait procurée. Mais quand ils l'entendirent parler de chasteté et du jugement dernier, Félix fut effrayé, et ne voulut pas l'écouter davantage pour cette fois. Il espérait que Paul lui offrirait de l'argent pour se racheter. C'est à ce degré d'avilissement qu'étaient

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