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Épître aux Corinthiens, qui se trouve la première dans le canon des Écritures, et qui devait arriver pour la Pàque prochaine. Il donna pour compagnons à ceux qui la portaient Tite et Timothée, qui se trouvaient avec lui. Ils partirent d'Ephèse vers l'équinoxe du printemps. Paul pensait alors à rester jusqu'à la Pentecôte, pour aller ensuite en Macédoine.

CHAPITRE XXXIII

Caractère du paganisme à cette époque. Apollonius de Thyane.
Paul quitte Ephèse.

Ce long séjour de l'Apôtre à Éphèse avait été probablement déterminé par le mal que faisait alors en cette ville Apollonius de Thyane. Contemporain du Christ et pythagoricien, il avait fait ses études à Tarse avec saint Paul, et il parcourait en ce moment l'Asie avec ses disciples, exerçant partout la théurgie et la magie, et se donnant. pour le réformateur du paganisme. Mais Dieu veiliait sur son Église; car en même temps l'Évangile était prêché dans ces mêmes contrées aux païens comme aux Juifs, et Dieu faisait des miracles éclatants par la main de saint Paul, Les Romains n'avaient pas fait faire un pas à la mythologie; mais ils avaient gardé le culte de leurs dieux tel qu'ils l'avaient reçu. L'Orient, cette patrie de la magie et des mystères, avait donc inondé l'Asie de ses doctrines panthéistes; et depuis Auguste il essayait de les faire pénétrer aussi en Europe. Des fanatiques adonnés à la théurgie et à la géomancie parcouraient le monde, et for

maient ainsi la principale caste sacerdotale. Ils étaient connus chez les Romains sous le nom de Chaldéens et de mages. Ils enseignaient que les puissances et les esprits du monde, émanés de la Divinité et perdus dans la matière, étaient ramenés peu à peu, par la médiation du démiurge, jusqu'au pleroma supérieur, pour se retrouver là dans le sein de la Divinité; que l'homme qui se livrait à ces puissances obscures, c'est-à-dire le mage, avait pouvoir sur les démons, et pouvait les forcer à le servir; qu'il pouvait même, par une alliance avec les vertus secrètes de la nature, produire des effets surnaturels. Ils avaient la prétention de faire des miracles, d'évoquer les esprits, de faire, à l'aide de leurs formules mystérieuses, toutes sortes de conjurations, de changer le temps, de lire dans l'avenir au moyen d'anneaux magiques, de posséder des talismans pour attirer les autres ou pour se rendre invulnérables. Aussi avait-on bien soin de les consulter dans les sacrifices et les mariages. Ils avaient des initiations et des pratiques ascétiques pour attirer les inspirations des démons.

Leur imposture était pour eux une source de gain, et ils étaient considérés jusque dans le palais des empereurs. Le sombre Tibère avait pris d'eux des leçons de magie, et Néron fit venir d'Asie une si grande quantité de ces mages qu'ils devinrent une véritable plaie pour tout le pays. Leur influence s'étendait sur toute la vie. Les hommes, délaissés par leurs dieux, n'avaient point d'autres ressources, dans l'isolement où ils se trouvaient, que d'aller consulter ces imposteurs, et de se faire initier par eux au culte du Pan infernal. Partout on élevait des autels à Mithras. Ceux qui échappaient à leurs piéges embras

saient le judaïsme; et c'est là ce qui explique le grand nombre de prosélytes à cette époque. On s'assurait jusque après la mort du secours de ces puissances ténébreuses par le moyen d'enchantements ou de certaines formules gravées sur les tombes. Nous possédons encore un monument de cette espèce trouvé à Milet. Ephèse se distinguait entre toutes les autres villes sous ce rapport; car, d'après Ménandre et Philémon, les formules magiques et les herbes sacrées d'Ephèse étaient célèbres dans l'antiquité. On les portait dans de petits sachets de cuir, pour se rendre les démons favorables. Ainsi l'humanité, trompée dans ses élans vers le vrai et le bien, était en proie à la plus horrible superstition; et ces nuages étaient sur le point de faire du monde entier un pandémonium. De là tant de possédés à cette époque, lorsque enfin Jésus-Christ parut, triompha de Satan et de ses artifices, chassa les démons, et força les pythonisses à avouer quel esprit les possédait.

Ces mages s'opposèrent donc de tout leur pouvoir aux apôtres. Tel était Simon de Samarie, qui s'appelait Vertu du grand dieu, et qui fut confondu par saint Pierre, comme Barjesu le fut par saint Paul dans l'île de Chypre. Les Juifs eux-mêmes employaient déjà les exorcismes contre les possédés. « Si c'est par Beelzebub que je chasse «Satan, par qui donc le chassent vos disciples? » leur disait Notre-Seigneur. Cependant, comme la puissance de Jésus se montrait plus efficace, les disciples des pharisiens, déjà pendant sa vie et bien plus encore après son ascension, conjuraient les démons en son nom; et les apôtres s'en plaignent à leur maître en saint Marc (1x, 37). C'est ainsi que sept fils d'un grand prêtre juif nommé

Sceva vinrent à Ephèse pour commander au démon au nom de Jésus, que Paul annonçait. Mais le mauvais esprit leur répondit, comme il a répondu souvent depuis à ceux qui ont essayé de les exorciser sans en avoir reçu le pouvoir de l'évêque : « Je connais Jésus, et Paul aussi; mais « vous, qui êtes-vous? » Puis il les blessa et les mit en fuite. Les démons proclamaient ainsi eux-mêmes leur défaite. Cet événement fut bientôt connu à Ephèse des païens et des Juifs; et beaucoup, convertis par là, vinrent trouver Paul pour lui confesser leurs péchés. Il est évident qu'il est ici question de la confession telle qu'elle a toujours été pratiquée dans l'Église. Le christianisme exerçait une telle puissance sur les esprits que les mages et les augures vinrent en foule trouver l'Apôtre, lai apportant leurs formulaires magiques, leurs livres secrets, leurs formules et leurs traités avec le diable, et les brùlèrent publiquement dans la ville d'Ephèse. Ces livres étaient si nombreux qu'on estimait à environ 45,000 fr. de notre monnaie le parchemin qui fut brûlé en cette circonstance.

Dans ce premier auto-da-fé, qui détruisit une masse d'ouvrages païens, il n'y avait pas seulement des livres, mais encore des images peintes ou sculptées, et particulièrement celles qu'on appelait tablettes de Diane. La Diane d'Ephèse, qui était en même temps l'Hécate des régions souterraines, était représentée sous la forme d'une femme, avec un nombre considérable de mamelles, une couronne en forme de tour sur la tête, les pieds enveloppés dans des bandelettes, le corps et les bras couverts de figures d'animaux bizarres, On voulait par là honorer en elle la mère et la nourrice de tous les êtres et la divinité collective de la nature.

On trouvait aussi des idoles de ce genre et d'autres objets consacrés dans tous les lieux de pèlerinage un peu célèbres, entre autres à Paphos et à Hierapolis. On les vendait à très-bas prix aux pèlerins du menu peuple, et on en envoyait au loin une grande quantité. On les portait au cou, ou, comme les femmes du patriarche Jacob, aux oreilles; ou bien encore comme anneaux aux doigts, et l'on croyait pouvoir se garantir ainsi, par leur influence salutaire, contre tout accident fàcheux. Les Éphésiens, de leur côté, pour honorer leur déesse et se recommander à sa protection, prenaient volontiers le nom de Démétrius, tandis que les prêtres, tous ennuques, s'appelaient mégabuzoi. La déesse était aussi servie par des hiérodules, sous le nom d'amazones. Mais les descendants d'Androclès, qui, entre autres priviléges, avaient aussi celui d'inspecter les sanctuaires de Cérès d'Eleusis, portaient héréditairement le nom de rois.

Asiatiques, Hellènes et Juifs, tous rivalisaient de zèle pour leur propre intérêt dans le débit de ces objets pieux à Ephèse, que les anciens appelaient la métropole des religions et du commerce de la haute Asie. Saint Paul avait paru, avec quelques-uns des siens, au milieu de cette ville livrée à l'idolâtrie et à la superstition. Il y avait à peine deux ans qu'il y demeurait, et déjà presque toutes les professions qui vivaient du culte des idoles se trouvaient sans travail et sans pain, tant sa prédication avait été efficace. Il eut naturellement contre lui tous ceux dont les intérêts se trouvaient ainsi lésés. Un orfèvre, entre autres, nommé Démétrius, ameuta contre lui tous les membres de la même corporation, qui fabriquaient auparavant des tablettes de Diane, ou des figures repré

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