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qui cherchaient partout à semer la division, que la loi mosaïque et la circoncision sont abrogées par la loi nouvelle, et n'ont plus aucune valeur. Il s'y plaint aussi de l'inconstance des Galates et du changement subit qui s'était opéré dans leurs sentiments, si peu de temps après qu'il leur avait prêché le véritable Évangile. Dans cette Épitre, saint Paul explique le rapport des diverses religions sous l'image des deux mariages d'Abraham. La première alliance de Dieu avec l'Église, sa fiancée, fut conclue au mont Sinaï. Cette alliance est figurée par le mariage d'Abraham avec Agar, qui représente l'Ancien Testament. Agar est une servante égyptienne, que son maître épousa morganatiquement, parce que la véritable épouse, la mère à laquelle étaient attachées les promesses, était encore stérile. Il la tira de sa condition basse et obscure, et daigna jeter les yeux sur elle, sans l'élever toutefois à la dignité d'épouse reconnue et de maîtresse de la maison; mais il la garda toujours comme servante sous la discipline sévère de la loi. Les Juifs, fruits de cette union, ne sont donc point les héritiers naturels du salut; ils ne sont que les beaux-fils, et ils ne peuvent obtenir qu'avec le temps la faveur d'ètre adoptés par le père et de participer à son testament. Mais, parce qu'ils se sont mal conduits envers la véritable mère, ils ont été chassés comme Ismaël de la maison paternelle, c'est-à-dire du sol de la Palestine. Agar, la servante, avait voulu faire la maîtresse, et même s'élever au-dessus de l'épouse légitime. La nation choisie de Dieu avait rompu la foi qu'elle lui avait promise; elle avait dissous le mariage qu'elle avait contracté avec lui, en se prostituant aux idoles de tous les peuples voisins; de sorte que le Seigneur, fatigué

de ses infidélités, s'est séparé d'elle, et l'a laissée veuve. C'est pour cela que nous trouvons pendant la vie de Notre-Seigneur la Judée, avec ses trois divisions, c'està-dire la Judée proprement dite, la Samarie et la Galilée représentée sous le symbole vivant des trois femmes adultères; et ce n'est pas sans raison que le Sauveur appelle les Juifs une race adultère.

Mais Sara, l'épouse légitime, la maîtresse de la maison, est devenue féconde à son tour. Après le message de l'ange, elle a enfanté isaac, en qui devaient être bénis tous les peuples de la terre. Elle représente Marie, la Mère du Fils unique de Dieu, qui, au moment où elle allait le concevoir dans son chaste sein, se déclara la servante du Seigneur. Isaac représente les enfants de la promesse dans la nouvelle alliance, les enfants issus du mariage véritable, par lequel Dieu, dans la plénitude des temps, s'est uni l'Église. Sara, c'est le nouveau Testament, dans lequel tous les hommes sont appelés à devenir enfants de Dieu et héritiers du royaume. Mais les fils du mariage secret, c'est-à-dire les Juifs, se sont exclus volontairement du testament de leur père. Ils ont négligé de se faire émanciper; ils ont par là perdu tous leurs droits à l'héritage paternel, et ont été chassés dans le désert à cause du crime dont ils se sont rendus coupables envers le Fils unique de Dieu. L'ancienne alliance est aux yeux de saint Paul l'image de la Jérusalem terrestre, tandis que la nouvelle est le symbole de la Jérusalem céleste. Les chrétiens sont les fils de la femme libre; les Juifs sont les enfants de la servante, qui n'ont point voulu recevoir la liberté qu'on leur offrait, et qui ont ainsi perdu le droit d'être considérés comme enfants

d'Abraham. Telles sont les idées de saint Paul sur les deux religions ou les deux alliances de Dieu avec le monde.

Il se sert ailleurs de l'image des deux fils de Rébecca. Mais nous pouvons, en suivant cette même idée, aller plus loin encore. Abraham, en effet, avait trois femmes. La troisième était Cétura l'Éthiopienne, dont il eut aussi des enfants; elle représente l'islamisme, qui a pris la place de l'ancien paganisme, qu'il a comme absorbé en soi, en l'élevant jusqu'à la connaissance d'un seul Dieu. L'apôtre des Gentils, n'ayant point connu l'islamisme, ne connaissait pas les rapports qui devaient résulter de ce troisième mariage d'Abraham. Mais on peut dire qu'il les a entrevus d'une manière prophétique, par cela même qu'il s'est servi de cette image. Les musulmans sont donc les enfants du mariage illégitime, les bâtards dans la maison du père de famille; car ils ne sont pas nés comme les Juifs avant l'héritier légitime, mais après que celui-ci était déjà entré dans ses droits. Tel est le symbole des trois alliances ou des trois anneaux, qu'on voulut expliquer dans un sens bien opposé du temps de l'empereur Frédéric II, au xine siècle, comme on peut le voir dans les Cento Novelle antiche (LXXII). Plus tard, Boccace adopta ce symbole dans son Décaméron, et de nos jours Lessing a cherché à l'expliquer d'une manière tout aussi déraisonnable.

Lequel de ces trois mariages est le véritable? Ou ne sontils tous les trois que des unions temporaires et symboliques? Et l'anneau, le sceau de la véritable alliance est-il perdu? Saint Paul déclare que c'est le second mariage qui est le vrai, et que les autres par conséquent ne sont

que symboliques. La religion véritable et universelle pour tous les hommes et pour tous les temps, ce n'est ni le judaïsme, qui n'était qu'une religion préfigurative, ni l'islamisme, qui est une religion postfigurative; mais c'est le christianisme, qui a paru au milieu des temps, entre le premier, qui n'était que sa figure, et le second, qui n'est que sa copie défigurée. L'anneau, signe de cette alliance de Dieu avec l'humanité, avait été perdu par le péché; mais l'Église l'a retrouvé. C'est l'anneau du pêcheur, que porte au doigt le successeur de Pierre, le vicaire de Jésus-Christ. Aussi l'histoire évangélique commence par le récit des noces de Cana, symbole des noces de l'Agneau. La même idée nous est encore exprimée par les clefs que JésusChrist confia à saint Pierre; car la présentation des clefs signifiait chez les Romains la communauté des biens résultant du mariage. Déjà, du temps du paganisme, dans les mystères de Dionysus et d'Orphée, le mariage mystique de Liber avec Libera, du dieu de la nouvelle époque avec la terre, était le prototype de l'union des initiés, d'où devaient sortir les héritiers du royaume de la lumière. Chez les Athéniens, les jeunes gens étaient incorporés à la communauté ecclésiastique ou spirituelle en se faisant inscrire dans l'une des phratries, à la fête des Apaturies.

L'allégorie céleste d'Eros et de Psyché, qui se retrouve et dans le Cantique des cantiques de Salomon, et chez les poëtes persans, et chez les philosophes indiens, particuliè rement dans le poëme grandiose de Gitagovinda, où Chrischna et Radha remplacent Eros et Psyché, cette allégorie qu'exprime-t-elle autre chose que les égarements de l'âme, qui, par une curiosité coupable a perdu le don de la contemplation divine, et qui, se regardant dans le

miroir trompeur des illusions de cette terre, s'est égarée dans le monde des sens, jusqu'à ce que, après des détours infinis à la recherche de son fiancé, elle est enfin tirée de la nuit des ombres par le conducteur des âmes, pour célébrer éternellement dans le paradis, qu'elle a retrouvé, son alliance avec son divin fiancé.

Cette image et cette comparaison ont passé avec la langue, de la théologie de l'antiquité et du culte des mystères, dans l'Église chrétienne. Le directeur des àmes est ici le prêtre apoyos; et ce nom, en effet, vient de l'ancienne synagogue. On appelait ainsi à l'origine le nymphagogue qui allait chercher la fiancée pour la conduire dans la maison de son époux. C'était ordinairement le rabbin du lieu; et la synagogue où se rendaient les époux et où avait lieu le mariage était la paroisse des nouveaux époux. Une paroisse comprenait autant de membres qu'il y avait de familles qui s'y étaient mariées. Le Christ appelle JeanBaptiste l'ami de l'époux ou le conducteur de la fiancée, parce qu'il lui avait amené l'Église d'Israël comme son épouse. Le curé qui marie les fidèles les fait entrer en même temps dans l'alliance avec Dieu, puis à la table du Seigneur il les nourrit du pain de la vie éternelle, qui doit nous rendre participants du festin que les élus célèbrent dans le ciel aux noces de l'Agneau. La couronne que porte la fiancée sur sa tète est le symbole de l'immortalité.

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