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laquelle il fut obligé plus tard encore de se soumettre par prudence, afin d'être Juif pour les Juifs, Grec pour les Grecs, faible pour les faibles, et de gagner tout le monde à Jésus-Christ.

Il emmena avec lui Timothée, et annonça partout les décisions du concile, fortifia les fidèles dans la foi, et en augmenta le nombre. Ils parcoururent ensuite la Galatie et la Phrygie, sans s'y arrêter longtemps, voulant aller en Asie ou en Lydie; mais le Saint-Esprit les en empêcha. Ils tournèrent donc du côté de la Mysie, afin de pénétrer en Bithynic; mais le Seigneur leur en ferma encore le chemin; car ces deux pays étaient réservés à Pierre. Les quatre messagers de la foi vinrent dans la terre des Troyens. C'est là qu'apparut à saint Paul dans une vision, pendant la nuit, un homme vêtu comme les Macédoniens, qui lui dit d'un ton suppliant: Passez en Macédoine, et venez à notre secours. Ils firent donc voile directement de Troade à Samothrace, île célèbre par ses anciens oracles et par les mystères des Cabires; et le jour suivant, abordant à Naples, ils mirent pour la première fois le pied en Europe. Ils demeurèrent quelques jours dans cette capitale de l'une des deux Macédoines, qu'Octave avait colonisée dernièrement, et qu'il avait peuplée avec des soldats du parti d'Antoine. Puis, le jour du sabbat, ils allèrent à la synagogue pour y prècher.

A cette époque, la langue grecque, par un dessein merveilleux de la Providence, était devenue la langue universelle, afin de servir d'instrument à la propagation de l'Evangile parmi les païens. Et d'un autre côté, Dieu avait permis aussi que les Juifs se répandissent dans les contrées méridionales de l'Europe, pour préparer les voies

aux messagers de la bonne nouvelle. Leurs synagogues en effet étaient, dans toutes les villes de l'empire romain, et jusqu'en Asie, comme les avant-postes du christianisme. Les Juifs continuèrent donc d'être en Europe, comme dans les deux autres parties du monde, les enfants privilé giés de Dieu, puisque c'est chez eux que l'Evangile poussa ses premières racines, et que la meilleure partie d'entre eux se convertit à la foi. Aussi la disparition presque complète de ce peuple parmi les nations de la terre date de cette époque, et non pas seulement de la ruine de Jérusalem. Depuis ce temps, il est vrai, les Juifs ont reparu dans le monde plus nombreux et plus puissants; mais ceux qui sont restés ne sont que les malheureux descendants de ces enfants d'Abraham dégénérés de leur vocation primitive, et qui, dans leur dégradation, en sont venus à ce point que l'idée du Messie pour eux se borne à l'attente de je ne sais quelle émancipation, dont ils ne se rendent pas compte eux-mêmes; de sorte que, sous ce rapport encore, ils ont cessé d'être Juifs. Les synagogues étaient alors ordinairement situées près des rivières, à cause des nombreuses ablutions auxquelles étaient soumis les Juifs. Ainsi l'historien Josèphe cite un édit de la ville d'Halicarnasse où l'on accorde aux Juifs la faculté de bâtir une synagogue sur le rivage de la mer pour y célébrer le service divin.

A Naples il y avait une synagogue près de la rivière nommée Netad. Paul s'y rendit; et dès sa première prédication il convertit une prosélyte nommée Lydie. Elle faisait le commerce de la pourpre, et était de Thyatire, ville de Lydie dans l'Asie Mineure. Elle se fit baptiser avec toute sa maison. La Lydie était, dès la plus haute antiquité, célèbre par ses teintures de pourpre. On a encore trouvé

sous les ruines de Thyatire un monument que la compagnie des teinturiers avait élevé à l'un de ses présidents, ce qui montre que cette profession y était très-considérée. Lydie est la première chrétienne dont nous connaissions le nom en Europe. Cependant, bientôt après, Paul ayant délivré de l'esprit qui la possédait une esclave qui, comme devineresse, rapportait beaucoup d'argent à son maître, les païens le fouettèrent avec Silas, son compagnon, sur la place du marché, puis les jetèrent dans un cachot les fers aux pieds. Mais un tremblement de terre enleva de leurs gonds pendant la nuit les portes de la prison; et déjà le geòlier, croyant que les prisonniers s'étaient enfuis, voulait se donner la mort, parce que, d'après le droit romain, lorsqu'un geôlier avait laissé échapper un coupable, il devait subir la peine qui lui était réservée. Mais, Paul l'ayant appelé à haute voix, il vit à la lumière, une fois revenu de son premier effroi, que leurs chaines étaient tombées d'elles-mêmes, et il se convertit aussitôt avec toute sa famille. Dès qu'il fit jour, les juges de la ville vinrent eux-mêmes, sur la demande de Paul, s'excuser auprès des deux messagers de la foi de les avoir fouettés, ne sachant pas qu'ils étaient citoyens romains, et ils les firent sortir aussitôt de prison. Car, d'après la loi Valeria, Porcia et Sempronia, les citoyens romains étaient exempts de la verge et du fouet; et ce mot: « Je suis citoyen romain, » était, jusqu'aux extrémités de la terre, comme une formule magique, dont Paul se servit à cause de cela plus d'une fois.

Dans les colonies romaines, les magistrats des villes portaient le nom de stratéges, et ils étaient assistés des licteurs ou huissiers; il en était de même ici. Nous trouvons

également dans les Actes, xv, 5, les opzio, ou la populace qui courait au forum, pour assister aux jugements, comme il arrivait dans toutes les villes grecques ou romaines, où la justice se rendait publiquement. Saint Paul, en cette circonstance, reçut des coups sans nombre, comme le Christ dans le prétoire. Il dit dans une de ses épitres que cinq fois il a reçu dans les synagogues trois fois treize coups de verges; c'est que chez les Juifs, lorsque quelqu'un était flagellé plusieurs fois pour la même faute, on augmentait à chaque fois le nombre de coups. (Sanhed. fol ix, 5.) Les deux apôtres étant partis passèrent par Amphipolis, Apollonie et Mélissurgis, et arrivèrent à Thessalonique, capitale de la seconde Macédoine, où les Juifs avaient une synagogue. Paul y rencontra un nommé Jason, son compatriote et son parent, que l'Église honore comme premier évêque de Tarse. Il demeura dans sa maison, où il trouva une hospitalité pleine de bienveillance. Il prêcha dans cette ville trois jours de sabbat, et convertit une grande quantité d'Israélites et de païens qui étaient passés au judaïsme, et surtout beaucoup de femmes de la noblesse. Cependant les Juifs endurcis, ayant soulevé la populace, trainèrent devant les magistrats Jason et les autres fidèles, comme rebelles à l'empereur, et les apôtres durent s'éloigner. Cette accusation de démagogie trouvait facilement accès auprès des juges dans l'empire romain, sous des empereurs défiants et jaloux de leurs droits. Les Juifs le savaient bien : il est même probable qu'en cette circonstance ils avaient reçu le mot d'ordre de Jérusalem; car leur accusation est presque conçue dans les mêmes termes que celles des Juifs contre Jésus devant le tribunal de Pilate. Ils violent les lois de l'empereur, disaient-ils

prétendant que c'est un autre, c'est-à-dire Jésus, qui est

roi.

CHAPITRE XXVI

Paul à Athènes. Les Eleusinies,

Beroë accueillit volontiers l'Évangile; mais les Thessaloniciens chassèrent l'apòtre saint Paul. Laissant derrière lui Silas et Timothée, il fit voile vers Athènes, où dominait l'ancienne tribu sacerdotale des Kériques. Là, dans cette ville célèbre des philosophes, il disputa aussitôt avec les épicuriens et les stoïciens, deux écoles opposées, semblables aux sadducéens et aux pharisiens chez les Juifs. Ils le conduisirent à l'aréopage, où l'on traitait toute sorte de sujets à cette époque, dans des exercices publics où chacun cherchait à faire briller son éloquence et son talent. C'est là, au pied de la colline de Mars, que saint Paul, ayant devant soi l'acropole avec ses chefs-d'œuvre de l'art grec, à gauche le magnifique temple de Thésée, et tout autour les autres temples et les autels de la ville, dont les Athéniens étaient si fiers, c'est là que Paul leur dit : « Dieu, « qui a fait le monde avec tout ce qu'il renferme, étant le «maître du ciel et de la terre, n'habite point dans des « temples bâtis de main d'homme. » Là, sur l'Acropole étaient les trois célèbres statues de Minerve, l'une de bois d'olivier, l'autre d'or et d'ivoire, le chef-d'œuvre de Phidias, qui était dans le Parthénon; la troisième enfin était une statue colossale placée en plein air, dont la lance

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