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et dont le sol devait être arrosé par le sang de tant de martyrs.

Il n'est plus permis aujourd'hui de nier ce fait, que la critique a mis au-dessus de tous les doutes. L'historien païen Ammien Marcellin ne nomme-t-il pas lui-même Pévêque de Rome le chef de la religion chrétienne? La prééminence du siége de Rome était donc déjà un fait certain, mème pour les païens. Le titre de pontife, que prit désormais le père des croyants, est originairement une traduction du nom que portaient les prètres des Géphyréens. C'était une ancienne tribu qui demeurait aux environs de l'Erétrie, et qui honorait une idole que Cadmus avait apportée en Béotie sur une barque. C'est pour cela que ce peuple, d'après une ancienne coutume, célébrait sur l'eau les fêtes de cette divinité. Les prêtres romains jetaient les victimes du haut du pont Sublicius, après qu'Hercule leur eut appris à consacrer aux dieux des images de cire pour remplacer les sacrifices humains. Pierre, d'après le témoignage unanime de l'antiquité chrétienne, exerça pendant vingt-cinq ans le souverain pontificat; et c'est à ce fait que se rattache la légende qui s'est conservée jusqu'à nos jours, à savoir qu'aucun des successeurs de Pierre, si ce n'est le dernier, qui doit porter aussi son nom, n'occupera le saint-siége aussi longtemps que lui; ce qui est arrivé en effet jusqu'à présent.

De Rome on allait en Orient en passant par Alexandrie, comme nous le voyons par l'histoire d'Hérode Agrippa. Or la Chronique d'Eusèbe rapporte, à la date de la troisième année de l'empereur Claude, que Simon Pierre fonda dans cette ville le troisième patriarcat, et y placa

comme évêque Marc, son disciple. Ainsi Alexandrie devint pour l'Afrique, ou les pays habités par les Chamites, ce qu'Antioche était pour l'Asie, et ce que Rome devait être en Europe pour l'humanité tout entière.

CHAPITRE XXI

Famine générale. Mort d'Hérode Agrippa. Le faux prophète Tendas,

Une grande famine affligea sous l'empereur Claude la terre tout entière, comme l'avait prédit le prophète Agab. Ce fut la seconde année du règne de ce prince qu'au rapport de Dion Cassius éclata cette famine, qui fut si terrible que tous les efforts de l'empereur pour l'adoucir furent inutiles. C'est à cette époque qu'il fit réparer le port d'Ostie, afin de faciliter les arrivages de grains. Or il y avait de temps immémorial, et même avant Didou, si nous en croyons Servius, entre les Phéniciens et les Juifs un traité de commerce relativement à l'exportation des grains. Le roi Hiram l'avait renouvelé avec Salomon, et Ezéchiel en fait mention. Mais comme la famine se faisait sentir chez les Phéniciens aussi bien que chez les autres peuples, et que malgré cela les Tyriens et les Sidoniens insistaient pour qu'on leur envoyât des blés, il y cut à ce propos des débats très-animés entre les peuples voisins; et le roi Agrippa fut très-irrité contre les marchands phéniciens jusqu'à ce que, comme nous l'apprend saint Luc, ceux-ci réussirent à gagner à leur cause, par de l'argent, Blastus, chambellan et favori du roi. Pour célébrer l'heureuse issue de cette affaire, et pour dis

traire aussi le peuple, que la famine avait réduit presque au désespoir, Hérode ordonna des jeux sur la place de Césarée, au milieu de l'amphithéâtre.

Ce persécuteur des chrétiens parut en un certain jour sur son trône revêtu de la pourpre royale, et tint un discours emphatique au peuple, qui, à la manière des païens, le salua du nom de dieu, ce dont sa vanité se trouva très-flattée: ceci se passait au commencement de l'an 44. Mais l'heure de ce tyran avait sonné. Voici qu'aux yeux de tout le peuple apparut un hibou, le même oiseau dont l'apparition lui avait présagé à Rome, peu d'années auparavant, au rapport d'un Germain, son compagnon de captivité, l'élévation au trône de Judée. Il se sentit subitement frappé par la main du Seigneur, et il mourut cinq jours après son apothéose, âgé de cinquante-quatre ans, au milieu de tourments atroces, car son corps, de même que celui de son aïcul, rongé par la gangrene, fut dévoré vivant par les vers, comme nous le rapportent l'évangéliste saint Luc, l'historien Josèphe et le rabbin Abraham Sachut. La Judée fut déclarée de nouveau province romaine, et Cuspius Fadus y fut envoyé comme gouverneur. C'est sous lui que parut Teudas, qui, se donnant pour le Messie, promit au peuple, comme un autre Moïse, de le conduire dans le désert, et de lui faire traverser à pied sec le Jourdain. Mais le préteur, nouveau Pharaon, se mettant avec ses troupes à la poursuite des émigrants, les tailla en pièces, et fit couper la tête à leur chef. Les Actes des apôtres parlent aussi de ce fait, en ajoutant cette circonstance, que Teudas eut quatre cents adeptes, qui eurent le même sort que lui. Saint Luc fait venir Teudas après Judas le Galiléen, quoique celui ci

ait paru quarante ans avant lui; et même il fait parler Gamaliel de cette révolte du faux Messie déjà dans l'année 784. Or, comme il n'est point question dans l'his'oire d'un autre Teudas, il en est de cette interversion dans le temps comme de cette autre dans l'espace, d'après laquelle le même apôtre, dans son Evangile, xvII, 41;-xIx, 29, place la Samarie avant la Galilée, et Bethphagé avant Béthanie. Mais ceux qui sont familiers avec les Écritures savent que les évangélistes, tenant peu de compte de l'ordre des faits, se bornent très- souvent à en rapporter la substance, et racontent quelquefois ce qui s'est passé plus tard avant d'autres fails antérieurs, comme par exemple saint Luc, IX, 51, et saint Marc, x1, 4.

CHAPITRE XXII

Famine à Jérusalem.

Mais bientôt éclata à Jérusalem une seconde famine, qui dura depuis la quatrième jusqu'à la cinquième année du règne de Claude, comme le rapportent Josèphe, Eusèbe et Orose. Les fidèles d'Antioche résolurent donc d'aller au secours de leurs frères de Jérusalem, et ils envoyèrent Paul et Barnabé pour y porter leurs offrandes; car depuis la mort d'Hérode les chrétiens pouvaient vivre en sûreté dans la Judée. Pendant le séjour qu'ils firent dans cette ville, ils n'y trouvèrent aucun des apôtres; car la persécution les avait tous chassés, et contraints à se disperser parmi les Gentils pour leur prêcher le royaume de Dieu; et Pierre était allé pendant ce temps-là jusqu'à Rome. En

même temps, Hélène, roi d'Adiabène, fille du roi Abgar d'Arménie, si l'on en croit Moïse de Chorène, d'une critique assez peu exacte, il est vrai, envoya de l'argent et du blé à Jérusalem pour secourir les Juifs qui étaient dans le besoin; car elle leur était très-dévouée; et même peu de temps après elle se fit prosélyte avec son fils Ised. Cette mème année mourut Abgar, prince d'Edesse. La neuvième, la dixième et la onzième année de Claude furent encore affligées par une affreuse disette; de sorte que la misère se répandit par toute la terre, comme le racontent Tacile, Eusèbe et Orose.

CHAPITRE XXIII

Première mission de Paul et de Barnabé chez les pïens.

Paul et Barnabé, après s'être acquittés de leur commission, retournèrent à Antioche, où le nombre des fidèles s'était accru considérablement, grâce au zèle qu'ils y avaient déployé pendant un séjour de neuf ans. Ils furent donc choisis par le Saint-Esprit pour une mission plus considérable encore chez les païens; car la Syrie, comme nous l'avons déjà vu, ne passait point chez les Juifs pour un pays païen. Après avoir jeuné et prié, Simon le Noir, Lucius de Cyrène et Menahem leur imposèrent les mains à tous les deux et les congédièrent. La cérémonie qui conférait chez les Juifs la dignité de docteur ne pouvait se faire qu'en présence de trois rabbins. On imposait les mains à l'ordinand; on prononçait sur lui le nom de rabbin et on lui confiait les clefs de la connaissance et du jugement. De

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