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ait quitté ce monde avec sa pureté. Car tu n'as point franchi les limites de la loi, mais tu as observé ce qui est écrit: Celui qui arrache la haie sera mordu par le serpent. Les rabbins racontent encore qu'un chrétien vint un jour trouver le neveu du R. Josué, fils de Lévi, qui était près d'étouffer, et qu'il le guérit par le nom de Jésus. Lorsque le chrétien fut parti, le rabbin demanda à son neveu ce qu'il lui avait soufflé dans l'oreille. Il répondit : Le nom de cet inconnu. Le rabbin s'écria alors: Que n'es-tu mort avant d'avoir entendu ce nom! Ainsi, de l'aveu même des plus grands ennemis du christianisme, non-sculement les apôtres, mais encore les simples fidèles avaient le don des miracles. Les magiciens juifs essayèrent plus tard, mais sans résultat, de produire les mêmes effets avec le nom sacré de Jésus. (Art., XIX, 13.) Au reste, ces sortes de rencontres pouvaient avoir lieu facilement en Galilée, parce que les rabbins juifs y avaient beaucoup de relations. Ils transportèrent même pour quelque temps à Zipporis le siége du grand prêtre.

C'est ainsi que l'apòtre saint Jacques s'était attiré par ses miracles la haine des scribes d'Israël, et le roi Agrippa, qui cherchait avant tout la faveur populaire, le sacrifia à leur fureur. Voyant qu'il s'attirait par là la considération des Juifs, il alla plus loin encore, et il fit prendre Pierre pour le faire mourir de la même manière, après la fête de Pâques. Il fit attacher le saint apòtre à deux soldats par une double chaîne, ce qui prouve que la custodia militaris, à laquelle saint Paul fut soumis à Rome, était alors en usage dans tout l'empire romain. Et celui qui traitait ainsi saint Jacques était ce même Agrippa qui, sous Tibère,

avait été enchaîné pendant six mois à un soldat, à cause d'une parole malveillante, et qui n'avait dù sa délivrance qu'à la mort de cet empereur et à la bienveillance de son successeur. Mais l'ange du Seigneur délivra Pierre de ses liens, et le conduisit hors de sa prison, au milieu de seize soldats qui le gardaient. Il vint chez Marie, sœur de Barnabé et mère de saint Marc. Marie, comme nous l'avons vu, avait, après la mort du Sauveur, offert sa maison aux disciples, et c'est chez elle qu'ils s'assemblaient et célébraient le saint sacrifice.

Pierre frappa donc à la porte de la cour, qui était fermée. La servante, nommée Rhode, alla tout doucement pour écouter qui était dehors, et revint annoncer aux disciples que c'était Pierre qui était à la porte. Dans leur étonnement, ils ne pensaient pas même à lui ouvrir; de sorte qu'il fut obligé de frapper plusieurs fois. Mais enfin ils coururent tous ensemble pour lui ouvrir la porte; il leur fit signe de se taire, et leur dit seulement : Allez prévenir Jacques et les frères. Car Jacques, frère du Seigneur et évêque de Jérusalem, était resté seul en cette ville. Pierre se retira dans un autre lieu plus sûr. Saint Luc, qui raconte cette histoire, l'aura apprise sans doute de la bouche de Marc lui-même. L'impératrice Eudoxie, femne de Théodose le Jeune, a placé au 1er août la fête des Chaines de saint Pierre, afin d'abolir la fête païenne par laquelle les habitants d'Alexandrie célébraient chaque année dans ce même jour la victoire remportée par Auguste sur Antoine sous les murs de cette ville. L'Eglise n'a rien changé depuis dans l'institution de cette fète. Et comine il y avait eu peu de distance entre la mort de Jacques et la captivité de Pierre, on plaça la fête du

1er au 25 juillet, quoiqu'il soit historiquement vrai que ces deux événements se soient passés dans la seconde moitié du mois de mars.

CHAPITRE XIX

Vision de Paul à Antioche.

Des trois apôtres privilégiés du Seigneur, l'un, Jacques le Majeur, était allé déjà recevoir au ciel sa récompense. Sa place dans ce triumvirat sacré devait donc être occupée par un autre. Or saint Paul, dans sa seconde Épître aux Corinthiens (xu, 2), qu'il écrivit au commencement de l'année 55, nous indique assez clairement que c'est lui qui fut choisi de Dieu pour remplacer saint Jacques. « Je <«< connais un homme dans le Christ, nous dit-il, qui, «il! 14 ans, fut ravi jusqu'au troisième ciel, et là « entendit des paroles ineffables, et reçut des révélations « sublimes qu'il ne peut dire à personne. » Cette élection toute spéciale du grand Apôtre avait commencé aussi pour lui par une triple tentation: car l'ange de Satan lui avait été donné pour le souffleter; et ce n'est qu'après avoir prié trois fois qu'il entendit cette parole du Seigneur : Ma grâce te suffit. Or ces quatorze ans nous ramènent précisé ment à l'époque où saint Jacques fut décapité à Jérusalem; de sorte que le ravissement de saint Paul coïncide avec la mort de cet apôtre. Et l'on reconnaît ici ce synchronisme divin qui domine toute l'histoire, et en vertu duquel la Providence sait merveilleusement compenser dans l'Église toutes les pertes qu'elle subit ailleurs.

CHAPITRE XX

Dispersion des apôtres. Fondation du siége de Rome et d'Alexandrie,

Douze ans après l'ascension de son divin Fils, Marie quitta cette terre, et fut ensevelie par les disciples au pied du mont des Oliviers. Elle avait conçu et enfanté le Sauveur du monde dans une extase céleste, sa mort fut aussi un ravissement sublime dans lequel son àme, mûre depuis longtemps pour le ciel, se détacha comme d'ellemême du corps qui lui servait d'enveloppe. Son corps, comme celui d'Enoch et d'Élie, ne connut point la corruption, et fut emporté au ciel aussitôt après sa mort par les anges, car, d'après une tradition qui remonte aux temps les plus anciens, on ne le trouva point dans son tombeau à Gethsémani. Le calendrier éthiopien célèbre la mort de la sainte Vierge le 24 janvier. Aussitôt après sa mort commença la dernière dispersion des apôtres parmi tous les peuples; car le Sauveur semble avoir voulu, par une divine attention pour sa bienheureuse mère, laisser les apôtres à Jérusalem tant qu'elle y vécut. L'Église célèbre le 15 juillet la dispersion des apôtres, sans qu'elle paraisse toutefois avoir choisi ce jour par une raison particulière. Pierre prit Évode pour son successeur dans le patriarcat de Syrie, et partit pour aller porter la lumière de l'Evangile chez les païens, conformément à l'ordre. qu'il en avait reçu du Sauveur à Joppé. Avec lui le siége suprême de l'Église quitta la capitale des descendants de Sem, qui avait été destinée d'abord pour être le centre de la chrétienté, mais qui, comme Babylone, métropole

des fils de Cham, s'était rendue indigne de l'honneur que Dieu lui réservait, et fut remplacée par Rome, la capitale des fils de Japhet.

Après Jérusalem, Rome possédait avec Alexandrie et Antioche la plus ancienne communauté chrétienne; car déjà parmi les trois cents personnes que Pierre convertit à Jérusalem le jour de la Pentecôte, il y avait des Romains, et entre autres Andronic et Junias, que saint Paul, dans son Épitre aux Romains, xvi, 7, appelle même « des apôtres distingués, qui avaient été chrétiens avant « lui. » Il y avait aussi d'ailleurs des Juifs romains parmi ceux qui avaient pris part à l'exécution de saint Etienne. Comme dans ce jour solennel où l'Église fut fondée par la descente du Saint-Esprit et le premier discours de Pierre, il y avait parmi ceux qu'il convertit des représentants de tous les pays et de tous les peuples, il résulta de là qu'aucune communauté chrétienne sur la terre ne pouvait se dire plus ancienne que les autres, mais que l'Eglise du Christ en général se trouva, dès son origine, catholique dans le vrai sens du mot, c'est-à-dire même quant à son extension. Ce fut done là, dans la capitale du paganisme, au milieu de la nouvelle Babylone, sous les éclairs de Jupiter Capitolin et sous les yeux du dominateur de l'univers, que Pierre, le pauvre pêcheur de Galilée, plaça le siége suprême de l'Église chrétienne, vers la fin de l'an de Rome 795 et 42 de notre ère, treize ans après l'ascension du Sauveur. C'est encore là un trait nouveau de cette divine ironie dont nous parlions plus haut, que le pècheur de Galilée ait choisi de préférence, pour y placer le centre de la religion, cette ville là même qui avait été le centre du paganisme et de la persécution contre les chrétiens,

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