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se glorifier d'avoir reçu son Évangile de Jésus-Christ luimême. Il n'eut plus besoin d'un enseignement ultérieur. Mais comme le christianisme répond à l'idéal de la raison humaine, il vit clair tout à coup dans les mystères les plus profonds, et il comprit que l'accomplissement des prophéties et des promesses de l'ancienne alliance avait eu lieu en la personne de Jésus-Christ.

CHAPITRE XII

Du rôle de saint Pierre, de saint Paul et de saint Jean dans l'Église.

Ce fut Pierre, qui, le premier, confessa la divinité de Jésus-Christ, et reconnut en lui le fils d'Abraham, d'Isaac et de Jacob, le libérateur et la personnification d'Israël. Paul, de son côté, le considéra comme le second Adam, le rédempteur du genre humain tout entier, des païens aussi bien que des Juifs; et c'est pour cela que son disciple, l'évangéliste saint Luc, commence par Adam la généalogie du Sauveur. Jean, plongeant son regard dans les profondeurs de la Divinité, voit en Jésus l'Adam céleste et typique, le Verbe éternel engendré de Dieu, principe de la création tout entière. C'est pour cela que, dès le commencement de son Évangile, il s'élance dans son vol d'aigle jusqu'au trône de Dieu, pour contempler et adorer en Jésus-Christ le rédempteur de tous les mondes, des anges, des hommes et de toute créature. Dans ce triumvirat apostolique, Paul représente l'élément doctrinal; Pierre, l'élément hiérarchique; et Jean, l'élément mystique et ascétique à la fois. Et le moyen âge considérait

Pierre comme représentant la foi, Paul la science, et Jean la charité.

Déjà l'abbé Joachim, de l'ordre des Cisterciens, avait, au xe siècle, dans son Évangile éternel, partagé l'histoire du monde entier en trois périodes, dont l'une était particulièrement attribuée au Père, la seconde au Fils, et la troisième au Saint-Esprit ; et il avait en même temps prétendu que, pour ce qui regarde les temps chrétiens, Jean ne pourrait montrer sa puissance tant que Pierre règnerait, et qu'avant saint Jean saint Paul devait encore exercer son pouvoir. Cette pensée, comme on le voit, n'est pas nouvelle. Elle fut, à l'époque où elle parut, accueillie avec empressement par quelques moines exaltés, et mise en avant dans la lutte des empereurs d'Allemagne contre le saint-siége. De nos jours, Fichte, Schelling et Steffens l'ont remise en vogue, et ont enseigné que l'époque de Pierre, ou du pouvoir de la papauté, avait duré depuis Jésus-Christ jusqu'à la réforme; qu'à partir de ce moment l'âge de Paul avait commencé avec Luther, qu'ils ont voulu faire passer pour un autre Paul, attaquant et rejetant comme le premier les œuvres de la loi. Dans ce second âge du christianisme, disent-ils, la connaissance et la science succèdent à la foi; et entin l'aurore du troisième âge, de celui de Jean, a commencé à poindre de nos jours, et permet d'espérer que l'esprit humain, en sondant jusque dans les dernières profondeurs de la religion, pourra produire une philosophie chrétienne positive et universelle, et réconciliera les différentes sectes qui déchirent aujourd'hui l'Église de Dieu, en les ramenant toutes au point de vue le plus élevé du vrai christianisme.

Au reste, cette manière d'envisager les choses, d'attribuer, par exemple, au Père l'œuvre de la création, la rédemption au Fils, et la perfection de celle-ci, ou la création spirituelle d'un nouveau ciel et d'une nouvelle terre, au Saint-Esprit; comme aussi de considérer les trois principaux apôtres comme les types et les représentants du développement historique de l'Eglise, cette manière d'envisager les choses, disons - nous, renfermée en de certaines limites, n'est pas complétement dénuée de fondement. Il est certain que ces trois directions, attribuées aux trois apôtres, sont distinctes dans l'Église, et qu'elles répondent à trois éléments de la nature humaine. Mais ce qui n'est pas moins vrai, c'est qu'elles ne sont jamais séparées dans l'Église, qu'elles se développent dans un ordre non successif, mais parallèle, quoique l'une d'elles puisse prédominer à certaines époques. C'est là la signification des trois principales basiliques de la capitale du monde chrétien, de celles de saint Pierre, de saint Paul et de saint Jean de Latran, qui porte pour inscription: <«< Mère et tête de toutes les églises de la ville et du monde. » C'est la philosophie de nos jours qui a voulu séparer ces trois éléments, essayant de faire passer ainsi pour un nouveau Paul dans l'Église celui qui en avait plutôt été le Saul. Les apôtres ne firent que développer le fonds qu'ils avaient reçu de leur divin Maître. Que personne donc ne tente de disjoindre ce qui doit se développer dans un accord harmonieux. Le grand Apôtre lui-même, dans sa première Épître aux Corinthiens, s'élève contre cette division de l'Église universelle du Christ en une Église de Céphas, une autre de Paul, une autre de Jacques ou d'Apollon. Un savant moderne a prétendu voir dans les sept Églises de l'Asie

Mineure, dont parle l'Apocalypse, les modèles et les figures des diverses sectes qui devaient plus tard se produire,. voulant par là trouver place dans le christianisme pour les sectes les plus opposées. Mais cette prétention est un signe caractéristique du protestantisme de nos jours, qui essaie de se dissimuler sa propre misère en transportant dans l'Église primitive du Christ la division qui le déchire, et en mettant ses dissensions dans la foi sous le patronage des deux apôtres Pierre et Paul.

Paul resta aveugle pendant trois jours à Damas, chez un certain Judas qui demeurait au Corso ou dans la grande rue qui porte encore aujourd'hui ce nom. Un disciple nommé Ananie lui fut envoyé par l'Esprit du Seigneur. Il lui imposa les mains, lui rendit la vue et le baptisa. Presque toutes les femmes à Damas professaient déjà le judaïsme, et pouvaient ainsi préparer les esprits à recevoir la religion du Christ. Le Sauveur, par une suite de cette divine ironie qui semble se jouer dans l'histoire tout entière, venait de faire de son plus cruel ennemi l'instrument le plus actif de ses desseins miséricordieux, et avait choisi pour cultiver sa vigne celui qui tout à l'heure n'était occupé qu'à la ravager.

CHAPITRE XIII

Les Arabes à Damas,

Les habitants de Damas avaient depuis longtemps rompu avec Lysanias, fils de Ptolémée Mennée, et appelé à leur secours les Nabatéens, qui s'étaient emparés de la ville

après une bataille décisive à Cana. Pompée s'en était ensuite rendu maître par ses généraux; mais les Arabes l'avaient de nouveau conquise après la victoire qu'ils avaient remportée sur Hérode Antipas en 781, et en avaient fait leur place d'armes. Ils étaient donc les maîtres à cette époque en Colésyrie, et leur prince avait à Damas un gouverneur qui le représentait. Ils étaient alors gouvernés par Arétas, qui s'était allié avec Agbar, prince d'Édesse, contre la famille d'Hérode, afin de protéger, par des motifs politiques, Jean-Baptiste et le Christ, ainsi que leurs partisans. Dès que le vice-roi de Damas apprit qu'un grand persécuteur des Nazaréens était arrivé dans la ville, il fit garder jour et nuit toutes les portes, afin de s'en emparer, voyant toujours en lui l'envoyé et le représentant de la noblesse juive. Les Juifs, de leur côté, auxquels Saul avait déjà prêché Jésus dans les synagogues, le firent épier, et cherchèrent à se défaire de lui. Mais les chrétiens découvrirent leur plan, et descendirent Saul, pendant la nuit, par une fenêtre, dans une corbeille, le long d'un mur. Il s'enfuit alors en Arabie, où il trouva probablement à la cour d'Aretas, dans sa ville cyclopéenne de Pétra, au pied du mont Hor, une retraite assurée. Il y demeura trois ans dans une solitude parfaite, comme il l'écrit lui-même aux Galates. Les pythagoriciens passaient aussi trois ans à se préparer et à étudier les mystères de la sagesse humaine. Nous lisons de Simon, auteur du Sohar, qu'il passa trois ans à méditer dans une grotte pendant la persécution.

Paul resta ainsi trois ans dans la retraite, afin de regagner en quelque sorte les années pendant lesquelles les apôtres avaient vécu sous la conduite de leur maître et de

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