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Mais Étienne, le visage enflammé, se mit à parcourir toute leur histoire, leur mettant sous les yeux les merveilleuses conduites de Dieu depuis Abraham jusqu'au Christ, et leur indocilité. Puis il termina par ces mots : << Vous avez reçu la loi par la médiation des anges, et « vous ne l'avez point observée. » Comme ils le regardaient avec des yeux pleins de colère, son visage s'illumina tout à coup comme celui d'un ange; et, ravi en extase à la vue de la palme du martyre qu'il allait bientôt cueillir, il s'écria plein du Saint-Esprit : « Je vois le Fils de l'homme debout à la droite de Dieu. >>

Ce discours du jeune diacre en présence de la mort, la manière vive et pénétrante dont il avait exposé le vrai sens de la loi et du temple et la valeur purement symbolique et temporaire de l'ancienne alliance, furent dans les desseins de la Providence les premières lueurs qui éclairèrent l'esprit de Saul, et lui inspirèrent des réflexions salutaires. Et il est remarquable que presque toutes les lettres du grand Apôtre se distinguent précisément en ce qu'il ne cesse de relever la distinction qui existe entre la loi et l'Évangile, comme Étienne l'avait fait dans son discours. Les juges grinçaient des dents et se bouchaient les oreilles pour ne pas entendre ce qu'ils regardaient comme un blasphème. Ils se mirent à crier de toutes leurs forces, comme les Juifs font encore aujourd'hui quand on les serre de trop près en interprétant la Bible d'après la manière de leurs pères; puis, se jetant tous ensemble sur Étienne, ils le poussèrent dehors, pour le conduire à la mort, comme coupable d'avoir blasphémé et porté le peuple à l'apostasie. Ce fut une des dernières condamnations capitales que le sanhedrin prononça dans

la chambre nommée canioth, qui était située au-dessus des boutiques du temple, et où se tinrent la plupart des séances contre les apôtres.

La place où on lapidait les criminels était à peu près à deux mille coudées du temple; c'est là qu'ils le traînèrent. Le sanhédrin pouvait infliger quatre peines capitales: le glaive, le feu, la lapidation et la croix. On brûlait les pécheresses publiques et les femmes adultères. On lapidait les hommes adultères, les apostats, les idolâtres, les blasphémateurs, les magiciens et ceux qui essayaient d'entraîner les autres à l'apostasie. Celui qui avait été lapidé était encore pendu après sa mort; et il est probable qu'il en aura été ainsi pour saint Étienne, quoique les Actes ne nous en disent rien. Lorsque le jugement était régulier, et non, comme en cette circonstance, tumultueux et désordonné, les juges restaient assemblés dans le tribunal, pendant qu'on emmenait le condamné au lieu du supplice. Un homme se tenait au seuil de la salle, ayant à la main un mouchoir. Un cavalier se tenait à quelque distance de lui, de sorte néanmoins qu'il pût en être vu. S'il se présentait un homme qui eût quelque chose à dire encore pour la défense de l'accusé, celui qui était à la porte du tribunal donnait un signe au cavalier, et l'on ramenait le condamné devant les juges. Celui-ci pouvait également, même pendant qu'on le conduisait au supplice, demander un nouvel interrogatoire, et arrêter ainsi les juges quatre ou cinq fois. Mais s'il ne se présentait plus de témoins en sa faveur, il s'en allait pour la dernière fois. Cependant, pour satisfaire jusqu'au bout au droit de la justice, un crieur public précédait la marche en criant : « Voici son nom et son crime; que celui qui

veut le défendre se présente. » A dix pas du lieu de l'exécution, on recevait la confession du pauvre pécheur, afin d'assurer le salut de son âme; car, d'après le Talmud, celui qui, avant de mourir, confesse ses péchés avec repentance participe à la vie éternelle.

Lorsqu'il était arrivé à quatre pas du lieu du supplice, on lui ôtait ses vêtements jusqu'à la ceinture, et on lui donnait à boire le breuvage des suppliciés. Puis, après lui avoir lié les mains et les pieds avec des cordes, on le portait sur un échafaud qui avait à peu près la hauteur de deux hommes, et l'un des témoins qui avaient déposé contre lui, lui donnant un coup, le précipitait en bas sur le pavé. S'il était mort, on s'arrêtait là; sinon, l'autre témoin, ou deux témoins à la fois, étaient chargés de l'achever, en lui lançant contre la poitrine une grosse pierre. On ne pouvait cependant jamais lui blesser la tête. Les témoins étaient donc les exécuteurs. Peut-être la loi voulait-elle, en leur confiant cette fonction, leur ménager le plaisir de se venger eux-mêmes, ou, mieux encore, prévenir par là toute accusation légère et sans fondement. Si cette grosse pierre ne suffisait pas pour tuer le condamné, tous les Israélites présents pouvaient le lapider. C'est pour cela que nous lisons dans les Actes: « Les témoins déposèrent «<leurs habits aux pieds d'un jeune homme qui s'appe« lait Saul, et entreprirent de lapider Étienne. >>

CHAPITRE VII

Saul un des juges d'Étienne.

Ainsi mourut le premier martyr, et, fidèles aux préceptes du Seigneur, à l'exemple qu'il nous avait donné sur la croix, il demanda pardon en mourant pour ses ennemis en criant: « Seigneur Jésus, recevez mon esprit, et ne << leur imputez point ce péché. Or Saul consentit à son <«<exécution. » C'est ainsi que s'expriment les Actes dans le chapitre où ils nous racontent les persécutions de ce même Saul contre l'Église. Déjà saint Jérôme avait considéré ces paroles sous un autre jour que celui qu'on leur donne ordinairement; et c'est pour cela que, dans sa version, il place cette phrase à la fin du chapitre précédent. Ces paroles : «Saul consentit à son exécution, »> signifient donc qu'il avait voté pour la condamnation de saint Étienne, et qu'il assista à son supplice, comme commissaire du sanhédrin. Aussi s'accuse-t-il plus tard luimême de complicité dans ce meurtre, xxII, 20. C'est pour cela que les témoins qui lapidèrent Étienne déposèrent leurs vêtements à ses pieds. C'était une manière symbolique d'exprimer que c'était de lui, comme représentant du sanhédrin, qu'ils tenaient le droit de le lapider en effet. Il ne garda donc point les habits des témoins, comme on le croit ordinairement; et pourquoi d'ailleurs les aurait-il gardés? Était-ce pour empêcher qu'on ne les dérobât? L'exécution se faisait en public, et personne d'ailleurs ne pouvait être bien tenté de voler les habits d'un bourreau. Ce rôle d'ailleurs serait peu digne d'un disciple des sages.

Il est vrai que Saul est appelé dans les Actes un jeune homme ou même un adolescent. Si ce mot adolescent avait eu chez les Juifs la même signification qu'il a chez nous, on ne concevrait guère en effet comment Saul aurait pu siéger parmi les juges de saint Etienne; mais chez les anciens, on était considéré comme adolescent ou jeune homme jusqu'à trente ans. Ainsi, par exemple, Tite - Live nomme les Tarquins adolescents, quoiqu'ils fussent mariés. Il fait parler Annibal de l'adolescence de Scipion, quoique celui-ci commandât les armées romaines et eût déjà plus de vingt-neuf ans. Bien plus, Manutius remarque, à propos des lettres de Cicéron, que des hommes âgés de plus de trente ans étaient appelés souvent encore en latin adolescentes, ou, en grec, néaniai. Saul pouvait donc à plus forte raison être appelé adolescent, lui qui n'était pas marié, qui n'était encore que disciple de Gamaliel, et qui siégeait parmi les jeunes assesseurs du grand conseil. Le jeune homme dont il est parlé dans l'Évangile n'était-il pas déjà archonte ou président de la ville qu'il habitait? Et n'avoue-t-il pas lui-même qu'il avait observé la loi dès sa jeunesse, c'est-à-dire jusqu'à l'âge mur?

Saul pouvait donc être considéré comme un adolescent, et c'est pour cela qu'il passa encore trois ans en Arabie pour se préparer à ses sublimes fonctions, ne voulant pas, à l'exemple du Sauveur et de tous les maîtres en Israël, commencer sa mission apostolique avant l'âge de trente ans. Au reste, ce qui prouve qu'il avait vraiment à cette époque l'âge que la tradition lui donne, c'est que trente-cinq ans plus tard, dans sa lettre à Philémon, il s'appelle vieux, et qu'au rapport des anciens il servit le

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