Obrazy na stronie
PDF
ePub

lèvres. Le pape saint Jules abolit la coutume qui s'était introduite de tremper simplement l'hostie dans le précieux sang, au lieu de donner le calice à part; et saint Gélase après lui frappa les délinquants d'excommunication. L'usage d'aller tous les jours sans distinction à la table du Seigneur, attesté par saint Jérôme, suppose qu'on célé brait alors la messe tous les jours. Les évêques s'envoyaient mutuellement la sainte Eucharistie en signe de communion; mais plus tard l'Eucharistie fut remplacée par des pains simplement bénits qu'on appelait eulogies. C'est l'évêque de Paris Odon qui, dans le cours du xn siècle, ordonna qu'on portât le saint Sacrement aux malades avec des flambeaux et en chantant des psaumes, et que tous les passants se missent à genoux. Dans les temps de persécution, les premiers chrétiens emportaient souvent chez eux l'Eucharistie, pour se communier euxmêmes en cas de besoin. On gardait dans les églises le saint Sacrement dans un tabernacle, et plus anciennement encore dans un vase qui avait la forme d'une colombe et qui était suspendu devant l'autel. On plaçait même la sainte hostie dans le tombeau des morts; mais cet abus fut aboli par plusieurs conciles.

Nous trouvons déjà avant saint Gélase dans le sacramentaire la prière Quod ore sumpsimus. Une prière d'ac tions de grâces termine la messe dans toutes les liturgies, après quoi l'évêque salue et bénit le peuple en disant : « La paix soit avec vous. » Puis le diacre dit à haute voix : «Allez en paix, » ou, depuis le pape saint Léon, Ite, missa est. On lisait déjà du temps de saint Augustin l'évangile selon saint Jean; mais ce ne fut que plus tard qu'il fut mis à la fin de la messe. Le pape Sergius III, d'après saint Bona

venture, ou saint Grégoire le Grand, d'après Bellarmin. mit la dernière main au missel. De ce que l'ordre de la messe s'est ainsi formé peu à peu, et avec certaines différences dans les diverses liturgies, il serait aussi injuste de conclure que le saint sacrifice n'existait point au temps des apôtres qu'il le serait de prétendre qu'on n'invoquait point dans les premiers siècles la sainte Vierge parce que ce n'est que dans l'année 1230 que le pape Grégoire IX, voulant s'assurer sa protection dans la lutte qu'il avait entreprise contre Frédéric II, introduisit la coutume de réciter le Salve, regina dans les églises, au son de la cloche. Ce fut Jean XXII qui fit sonner deux fois par jour, afin d'avertir les fidèles de réciter l'Ave, Maria; et enfin Calixte III fit sonner aussi à midi pour implorer le secours de Dieu contre les Turcs. C'est saint Paulin de Nole qui le premier plaça des cloches dans une tour, tandis qu'auparavant on se servait d'instruments de bois, comme on fait encore aujourd'hui le vendredi saint.

C'est le cardinal Guido qui, dans le cours du xin siècle, introduisit l'usage des sonnettes dans l'église. Le bénitier était placé d'abord dans le vestibule de l'église. Au reste, l'aspersion avec l'eau consacrée existait déjà chez les païens. Les Juifs se lavaient toujours en sortant de la synagogue ou en y entrant. Les Romains avaient aussi de grands vases placés devant leurs temples, afin de pouvoir s'y laver les mains avant d'entrer. L'Église n'a point dédaigné d'emprunter, soit aux Juifs, soit même aux païens, une partie des usages qui composent son cérémonial; le rameau franc ne devait-il pas être enté sur l'olivier sauvage? La bénédiction Dominus vobiscum, par laquelle les premiers chrétiens se saluaient, se trouve

déjà dans la bouche du prophète Azarie; et c'est avec elle que Booz salue les siens au livre de Ruth, 11, 4. Et cette autre Pax vobis, dont les évêques et les patriarches se servaient, n'est que la traduction du Schalum de la race sémitique, que nous retrouvons encore chez les musulmans et même chez les brahmanes. Quant à la terminaison de toutes les prières de l'Église, on peut dire que c'est le Sauveur lui-même qui l'a prescrite en recommandant à ses disciples de prier toujours en son nom. Ces mots Dans les siècles des siècles, ont été, selon la tradition, introduits par Esdras. L'Amen et l'Alleluia sont des mots hébreux. L'Église, en les adoptant dans sa liturgie, de même que le Kyrie, eleison, a voulu consacrer à la gloire de Dieu et réunir dans sa prière les langues qui ont été dans les desseins de Dieu l'instrument principal de ses miséricordes.

Voici comme saint Justin le martyr nous raconte la célébration du saint sacrifice de la messe telle qu'elle avait u de son temps. «Chaque dimanche, tous les a fidèles, soit qu'ils demeurent à la ville ou à la cam«pagne, se rassemblent pour la lecture des écrits des

apôtres et des livres des prophètes. Après la lecture, «< celui qui préside à l'église tient un discours, pour «<exhorter les fidèles à imiter les vertus dont il vient d'être a parlé. Après le sermon, nous nous tenons tous debout « pour prier; puis le pain et le vin mêlé d'eau sont offerts; « après quoi le prêtre prie de nouveau et récite l'action « de grâces, à laquelle le peuple répond: Amen. On dis« tribue ensuite à chacun des dons consacrés, que les << diacres portent aux absents. Ceux d'entre nous qui sont << riches font alors leur offrande, et chacun donne ce qu'il

« veut. Cette collecte est déposée chez le président de « l'église, pour secourir les veuves, les orphelins, les « malades et les prisonniers, les étrangers et les autres « nécessiteux. »

CHAPITRE VI

Première Persécution. Mort de saint Étienne.

C'était surtout parmi les pauvres que l'Église de JésusChrist en ces premiers jours s'était recrutée. Mais les fidèles qui avaient embrassé le christianisme se trouvaient par là même privés des aumônes qu'ils recevaient de la synagogue; et comme les rivalités qui existaient entre les Juifs Grecs d'origine et les Hébreux dans le sein du mosaïsme continuèrent même après leur conversion, les apôtres, pour prévenir toutes les réclamations auxquelles donnerait lieu la distribution des aumônes, choisirent sept diacres, tirés pour la plupart sans doute des soixantedix disciples du Sauveur, et les chargèrent de cette fonction.

Le nombre des disciples allait toujours croissant : un grand nombre de prêtres surtout se convertit à la foi. Il s'éleva donc une persécution, qui fut suscitée par les Libertiniens, les Cyrénéens, les Alexandrins, les Ciliciens et les Asiatiques. C'étaient autant d'associations juives; car, comme nous l'avons déjà vu, il y avait à Jérusalem environ quatre cent quatre-vingts synagogues ou chapelles pour les Juifs des différentes contrées de la terre, à peu près comme aujourd'hui encore à Rome, à côté de la

métropole de la chrétienté, chaque nation a son église ou sa chapelle particulière. Les affranchis étaient des Juifs romains dont les ancêtres, emmenés comme esclaves en Italie sous Pompée, avaient été ensuite affranchis par leurs maîtres, et s'étaient établis en grande partie à Rome, où ils obtinrent droit de cité des empereurs Auguste et Tibère. Leur nombre s'était tellement accru que plus de huit mille d'entre eux purent se joindre aux députés qui étaient venus de Judée après la mort d'Hérode l'Ancien, pour demander qu'Archélaüs fût exclu du trône de Judée. Les Cyrénéens étaient, comme nous l'avons vu déjà, les descendants des Juifs qui avaient été transportés en Egypte et en Libye par le premier des Ptolémée. Un certain nombre de Juifs s'étaient établis dès l'origine à Alexandrie, et ils avaient su gagner la faveur d'Alexandre le Grand, et obtenir des rois d'Égypte de grands avantages. Quant aux Juifs de la province d'Asie et de la Cilicie, ils étaient dans une position semblable. Partout les synagogues juives devaient être comme des avant-postes pour les messagers du Christ.

Ces diverses associations se soulevèrent donc unanimement contre le diacre Étienne, jeune homme plein de science et de zèle, renommé dans le peuple par ses miracles, qui eut le courage de mettre publiquement le Christ au-dessus de Moïse, et de déclarer ainsi que le christianisme n'était pas seulement le reflet du mosaïsme, mais une institution d'un ordre plus élevé. Bien plus, dans son zèle, il osa répéter la prophétie du Seigneur sur la ruine de Jérusalem et la fin du culte mosaïque. Irrités par ces paroles, les Juifs le trainèrent devant le grand conseil, qu'effrayaient déjà les progrès du christianisme.

« PoprzedniaDalej »