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Nous pouvons comprendre maintenant comment on n'a pu jusqu'ici trouver les vingt-cinq ans pendant lesquels Pierre a, selon la tradition, gouverné l'Église de Rome. Ces vingt-cinq ans une fois pris, il ne restait plus que sept ans pour le séjour de Pierre et des apôtres parmi les Juifs, à partir de l'année 33, où l'on prétend qu'est mort Notre-Seigneur Jésus-Christ, jusqu'à l'an 42. Or ce temps est déjà pris par le séjour de sept ans que fit l'apôtre saint Pierre à Antioche. Nous sommes donc obligés encore une fois, sous peine de contredire la tradition, d'accorder que Notre-Seigneur est mort une olympiade plus tôt qu'on ne l'a cru jusqu'ici. Il est donc certain que la chronologie de l'histoire de l'Église, depuis la mort de Jésus jusqu'à celle des apôtres Pierre et Paul, est en retard de quatre ans. Ce défaut dans la chronologie a eu pour effet de déranger plus ou moins la date des événements les plus importants de l'histoire de l'Église pendant la vie des apôtres, et par suite de tromper la postérité sur la véritable date des écrits apostoliques. Nous chercherons donc à rétablir la chronologie véritable des actes et des écrits canoniques des apôtres ; et ces faits étant mis ainsi dans leur vrai rapport avec les événements de l'histoire profane, nous tirerons peut-être de ceux-ci quelques lumières sur les causes pour lesquelles les apôtres ont écrit leurs épîtres.

CHAPITRE II

Saint Mathias est choisi pour remplacer Judas.

Pendant toute l'antiquité, Dieu avait veillé sur son peuple, et confié ses destinées à sept bons pasteurs, comme s'expriment les sages d'Israël. Ces pasteurs étaient Abraham, Isaac, Jacob, Moïse, Aaron, David et Salomon. Mais ce peuple se montrant indocile, il l'avait laissé s'égarer dans ses voies et tomber dans la nuit de l'exil. Il lui avait donné dès lors pour le gouverner trois pasteurs cruels, comme le dit Zacharie (ch. x1). Ces pasteurs étaient les rois des trois grands empires de Babylone, des Perses et des Grecs, qui se succédèrent dans les trois veilles de cette nuit terrible de l'exil, jusqu'à ce que parût l'aurore des temps nouveaux.

Lors donc qu'eut sonné l'heure de la vengeance pour ces trois royaumes, le Seigneur brisa le sceptre qu'il leur avait donné, et dispersa d'un coup les trois pasteurs. Puis il envoya dans son royaume un roi doux et pacifique, pour délivrer son troupeau chéri et le recueillir sous sa houlette. Mais lorsque l'oint du Seigneur voulut demander sa récompense, on le vendit trente pièces d'argent, le prix d'un esclave. C'est pour cela que le Seigneur dit : « C'est << un beau prix que celui auquel ils m'ont estimé; jette-le << au potier. » Le sens de ces paroles ressort d'un autre passage des livres saints. En effet, avant la première ruine de Jérusalem, Dieu avait ordonné à Jérémie d'acheter une cruche de terre, et de la briser en morceaux devant la porte des Potiers, dans la vallée de Tophet, pour faire

comprendre à son peuple que la vengeance divine allait bientôt éclater sur lui, et de lui dire : « De même que « cette cruche est brisée en morceaux, de sorte qu'on ne « peut plus la rétablir dans son entier, ainsi je briserai ce << peuple et cette ville. Elle sera impure comme Tophet, « et ses habitants y seront ensevelis. »

Or les Juifs avaient rejeté le bon pasteur qui leur avait été promis. Ils l'avaient tué, comme Caïn avait tué Abel, le premier pasteur; de sorte que son sang criait vengeance vers le ciel. Le Seigneur leur envoya done un quatrième pasteur, qui devait non visiter les brebis abandonnées, courir après les égarées, guérir les malades et nourrir celles qui étaient saines, mais manger la chair de celles qui étaient grasses, et briser les cornes de leurs pieds. (Zach., XI, 16.) Ce pasteur méchant et cruel, c'étaient les Romains, au quatrième àge du monde; les Romains, qui, pour punir les Juifs d'avoir tué leur vrai pasteur, devaient les emmener de la Palestine comme un troupeau de brebis, les disperser dans tout l'univers et livrer aux flammes la bergerie. Judas Iscariote est le représentant du peuple juif endurci et exilé. Il a vendu son maître pour le prix d'un esclave, et il a jeté l'argent prix de son crime dans le temple devant les prêtres, qui le déclarèrent eux-mêmes un argent souillé par le sang. C'est pourquoi ils en achetèrent le champ d'un potier, pour y ensevelir les étran gers. Une sépulture pour les étrangers, voilà tout l'héritage que Judas avait acquis au nom du peuple juif. Ainsi, comme le dit saint Pierre dans son premier discours aux Juifs, après avoir reçu l'Esprit-Saint, ainsi fut accomplie la parole du Psalmiste: « Sa demeure est déserte mainte<«<nant, et personne n'y habite plus. Son office est passé

« à un autre. » Cet autre était, dans le collége apostolique, saint Mathias; mais, dans l'ensemble de l'histoire, c'étaient les prosélytes de tous les peuples, qui devaient entrer dans le bercail de l'Eglise à la place des enfants d'Israël.

CHAPITRE III

La première communauté chrétienne.

Le nombre des partisans déclarés du Messie, qui lors de sa mort s'élevait à peine au delà de cinq cents, était monté à trois mille après l'effusion du Saint-Esprit et par suite du discours de Pierre. Ces nouveaux prosélytes avaient probablement reçu le baptême dans les eaux de l'étang de Siloé. Mais à peine la première communauté chrétienne commençait à se former que déjà s'élevait contre elle la première persécution. Un boiteux avait été guéri à la porte du temple appelée la Belle. C'était probablement la grande porte faite d'airain de Corinthe, qui s'était ouverte d'elle-même à la mort du Christ, ou la porte de Nicanor, dont Josèphe vante la magnificence. Le fait s'était passé vers la neuvième heure, c'est-à-dire avant le sacrifice du soir, vers trois heures, peu de temps après la fête de la Pentecôte, qui cette année dura du 5 au 12 juin. Car, quoiqu'elle ne portât qu'un jour dans la loi de Moïse, elle durait cependant huit jours entiers, comme les fêtes de Pâques, des Tabernacles et de la Dédicace du temple.

Lors donc que ce boiteux, âgé de plus de quarante ans

et infirme depuis sa première enfance, eut été guéri par Pierre, et que tout le peuple, rempli d'étonnement, se fut attroupé dans le portique de Salomon autour des apôtres, Pierre, élevant la voix, prêcha pour la première fois dans le temple. Mais bientôt arrivèrent et les grands prètres et le capitaine du temple, celui qui avait pris Jésus, et les sadducéens; et s'emparant du Prince des apôtres, et de Jean le disciple bien-aimé, ils les conduisirent le lendemain devant l'assemblée du grand conseil, présidée par Anne et Caïphe, Jean, fils de Zachée, et Alexandre. Mais ils furent relâchés après une forte réprimande et des menaces. Par suite de celte guérison miraculeuse et de ce second discours de Pierre, le nombre des fidèles augmenta considérablement; de sorte que la petite communauté chrétienne comptait déjà, deux ans après la mort du Sauveur, cinq mille hommes, c'est-à-dire de douze à quinze mille âmes. Tous n'avaient qu'un cœur et qu'une âme, et ils vivaient dans une entière communauté de biens. C'est sur cette union intime que reposaient les espérances de la nouvelle société pour l'avenir. C'est pour cela que la première infidélité fut punie de mort subite par un terrible jugement de Dieu, dans la personne d'Ananie et de Saphire. Un des partisans les plus considérables que l'Église acquit dans ces derniers temps fut Joseph Barnabé. C'était un lévite de Chypre, qui, après avoir vendu son bien, en apporta le prix aux apôtres.

Cependant Pierre continuait de prêcher et de faire des miracles; de sorte qu'on apportait les malades dans les rues sur son passage, pour que son ombre les guérit. La tradition juive elle-même, ne pouvant contester ces miracles de Pierre, les attribue, comme ceux de Jésus,

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