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pendant sa vie mortelle, avait été une pierre d'achoppement pour tous ceux qui vivaient avec lui, même pour ses disciples, ses apôtres et ses frères, pouvons-nous nous étonner que Jean, à qui avait été confiée la plus haute mission que jamais ait remplie un mortel, celle de servir de précurseur au Très-Haut, que Jean ait été aussi, lui, sur le point de se scandaliser au sujet de Jésus, quoique la fermeté de son caractère le rendît inaccessible au doute. Jean était un prophète puissant; et malgré cela il avait de la peine à défendre son esprit contre les idées que les Juifs se faisaient généralement alors de la personne du Messie et du royaume qu'il venait fonder. Il avait consacré généreusement sa vie à préparer ce règne glorieux. Et maintenant, au moment où il pouvait espérer de le voir paraître, il se voyait plongé dans un cachot, et exposé à perdre à chaque instant la vie. C'est pour cela qu'il envoyait encore une fois un message à Jésus. Si vous êtes le Messie, semble-t-il lui faire dire, pourquoi ne paraissez-vous pas publiquement en cette qualité? Pourquoi ne venez-vous pas me tirer de ma prison? Mais Jésus lui répond: « Heureux qui ne se scandalise pas de moi. « Le plus petit dans le ciel est plus grand que Jean sur la « terre. » Jusqu'à présent les interprètes ont pensé généralement que le Précurseur, en envoyant du fond de sa prison ce message à Notre-Seigneur, avait voulu seulement, sur la fin de sa carrière, engager ses disciples à s'attacher à Jésus-Christ; et que la question qui semble mettre en doute la mission divine du Sauveur ne venait point de Jean lui-même, mais des deux députés qu'il avait envoyés. Mais cette interprétation semble contredire l'ensemble du texte évangélique.

CHAPITRE XXIII

La Transfiguration sur le Thabor.

<< Six ou huit jours après ce disconrs, Jésus prit avec « lui Pierre, Jacques et Jean, frère de celui-ci, et les «< conduisit à part sur une haute montagne pour y prier. « et comme il priait il fut transfiguré sous leurs yeux : « son visage brilla comme le soleil, et ses vêtements << devinrent blancs comme la neige, d'une blancheur «< qu'aucun foulon ne peut donner sur la terre. » C'est l'apôtre saint Pierre lui-même qui le raconta depuis. « Et << voici que Moïse et Élie parurent dans la gloire. » L'un était le plus grand législateur, et l'autre le plus grand des prophètes. L'un était le fondateur, et l'autre le réformateur de l'ancienne théocratie; de même que Jésus était le consommateur du royaume de Dieu sur la terre, et celui en qui s'accomplissaient la loi et les prophètes. « Et ils s'entrete<< naient de la fin que devait avoir Jésus à Jérusalem. Ce<< pendant le sommeil s'était emparé de Pierre et de ceux « qui étaient avec lui: et se réveillant, ils virent sa gloire << comme celle du Fils unique du Père, et ils virent aussi « les deux hommes qui étaient avec lui. Et comme ceux«ci se séparaient de lui, Pierre prit la parole et dit à Jésus: « Maître, nous sommes bien ici; faisons - y trois tentes, << une pour vous, une pour Moïse, et une pour Élie. Mais <«il ne savait ce qu'il disait, tant ils étaient effrayés. « Il parlait encore lorsqu'un nuage léger les enveloppa, »> comme il était arrivé déjà une fois lorsque Notre-Seigneur fut baptisé dans le Jourdain. « Et pendant que ces

« deux personnages entraient dans la nue, il en sortit << une voix qui disait : Voici mon Fils bien-aimé en qui << j'ai mis ma complaisance; écoutez-le.

<< Ses disciples ayant entendu ces paroles, tombèrent la «face contre terre, et furent saisis d'une grande crainte. «Mais Jésus, s'approchant, les toucha et leur dit: Levez« vous, ne craignez point. Et aussitôt, levant les yeux et « regardant de tous côtés, ils ne virent plus personne, que « Jésus seul avec eux. Mais ils gardèrent le silence. Comme «ils descendaient de la montagne, Jésus leur commanda « de ne parler à personne de cette vision, jusqu'à ce que « le Fils de l'homme fût ressuscité d'entre les morts. Et «ils tinrent la chose secrête, et s'entre-demandaient ce « que voulaient dire ces paroles: Jusqu'à ce que le Fils de « l'homme soit ressuscité d'entre les morts. » C'était la première fois qu'il parlait avec eux de sa mort. «Mais «ils gardèrent le silence, et ne dirent alors rien à per<«<sonne de ce qu'ils avaient vu.» (Marc., IX, 1. Matth., xvi, 4. — Luc, ix, 28. - Jean, 1, 14.)

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C'est là la transfiguration qui se fit sur le mont Thabor, et qui forme le point culminant de la vie du Messie. Nous trouvons ici trois témoins d'en-haut qui lui rendent témoiguage: Le Père et les deux grands prophètes de l'ancienne alliance; et trois témoins vivant encore sur la terre, à savoir les trois disciples que Notre-Seigneur avait pris avec lui. Tous forment ensemble le nombre sept, nombre mystérieux et sacré. Trois fois dans sa vie la voix du Ciel s'est fait entendre la première au Jourdain, la seconde au Thabor, et la troisième au Golgotha, à la fin de sa carcarrière, quelques instants avant sa mort. Jusqu'ici Jésus avait enseigné ; il va maintenant commencer à souffrir et

se préparer à mourir. L'époque de sa transfiguration coincide précisément avec le milieu de sa carrière publique; car elle eut lieu vingt et un mois après son baptême, le 6 du mois d'août de l'an 780, ou 27 de l'ère chrétienne : il avait alors trente-deux ans sept mois et douze jours.

Le Thabor, c'est-à-dire, d'après l'hébreu, le sommet de la montagne, ou bien encore sommet de l'élection, servait au nord de limite à la tribu d'Issachar: il était à une demi-journée de marche au sud-ouest de Capharnaum. Il s'élève de la plaine sous la forme d'un cône coupé, jusqu'à une hauteur de 1760 pieds au-dessus du niveau de la mer, tandis que du côté du nord il est inaccessible, tant il est escarpé. Ses flancs sont couverts de chênes, de pistachiers et de fourrés épais pleins d'oiseaux et de gibier, tandis que sa crête forme une plaine fertile d'un circuit de 20 stades, que l'historien Josèphe fit entourer d'un mur pendant la guerre des Juifs. Il y fortifia ensuite la citadelle d'Itabyrion à l'endroit où était autrefois, du temps de Josué, le fort d'Asenoth - Thabor. C'était là que Barac avait campé avec ses dix mille lorsqu'il marcha contre Sisara. C'est là que plus tard les Sarrasins, au moyen âge, élevèrent une forteresse contre les Croisés. Aujourd'hui tout cela n'est que des ruines; mais la montagne elle-même est toujours là comme la montagne de Dieu, dominant toutes les autres, placée au milieu de la contrée, et offrant au spectateur un magnifique horizon, d'où il embrasse la mer Méditerranée, les hauteurs du Carmel, la mer de Galilée, le fleuve sacré du Jourdain, les montagnes d'Hauran, le mont Liban au nord avec son sommet couvert de neige, et au midi les montagnes de la Samarie. A ses pieds sont Capharnaum, et plus loin la montagne

des béatitudes; ici Cana, Nazareth; et deux lieues plus loin, à l'ouest, Séphoris, capitale célèbre, située au milieu de la Galilée; là, Naïm, Endor, Jezrael, Dothaïm et la grande plaine de Samarie, qui s'étend jusqu'au delà de Tibériade. Cette enceinte nous offre le théâtre tout entier de la vie de Jésus dans la première moitié de sa carrière publique. C'est, comme l'a dit ingénieusement un pèlerin moderne, un véritable Évangile écrit dans la nature même. Le Thabor était pour la Galilée la sainte Montagne, comme le mont Garizim pour la Samarie, comme le Moria pour la Judée; et c'est pour cela que saint Pierre, dans sa seconde Épître, l'appelle la montagne sainte. Ainsi toute la contrée put être témoin de la merveille qui s'y opéra tous purent voir le nuage léger qui enveloppa le sommet du Thabor, et la gloire de Dieu descendre sur le mont Horeb, non au milieu de la tempête et de la foudre, mais dans un éclat doux et tempéré.

CHAPITRE XXIV

Jean est décapité.

Pendant que Jésus était transfiguré sur le Thabor, Jean mourait dans sa prison après trois mois de captivité. Après avoir préparé les voies au Messie, il acheva glorieusement sa carrière par le martyre, et reçut lui-même le baptême de sang. Hérodiade cherchait depuis longtemps l'occasion de le faire mourir: elle la trouva enfin. Hérode célébrait le jour anniversaire de sa naissance, et avait invité à sa table tous les grands de sa cour, les chefs de son armée

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