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«< chaque nuit, et se lève chaque jour; et la semence « germe et lève sans qu'il le sache lui-même; car la « terre produit d'elle-même le fruit, la tige d'abord, « puis l'épi, et enfin les grains plein l'épi; et aussitôt que «<le fruit est mûr, il y met la faux, car la récolte est

prête. Ses disciples, s'adressant à lui, lui dirent: Expli« quez-nous aussi la parabole de l'ivraie dans le champ. « Il répondit et leur dit : Celui qui sème le bon grain, « c'est le Fils de l'homme; le champ, c'est le monde; le « bon grain, ce sont les enfants du royaume; et l'ivraie, « ce sont les enfants du mal. L'ennemi qui l'a semée, « c'est le démon; la moisson, c'est la fin du monde; les <«< moissonneurs enfin, ce sont les anges. De même qu'à « la moisson on cueille l'ivraie pour la jeter au feu, ainsi « en sera-t-il à la fin du monde. Le Fils de l'homme << enverra ses anges, et ils retireront tous les scandales et « tous les malfaiteurs, et jetteront ceux-ci dans la four« naise, où il y aura des hurlements et des grincements « de dents. Puis les justes resplendiront dans le royaume. « de leur Père comme le soleil. Que celui-là entende qui « a des oreilles pour entendre. »>

Le sénevé, qui chez nous ne s'élève guère au delà de deux pieds, atteint réellement en Orient la hauteur d'un petit arbre. Il n'est pas étonnant du reste que le Sauveur nous représente les oiseaux du ciel bâtissant leur nid sur ses branches; car nous trouvons dans les écrits des rabbins des récits hyperboliques au sujet de cet arbuste, à cause de son excessive élévation, tandis qu'ils mettent en regard l'immensité de l'univers avec l'extrême petitesse d'un grain de sénevé. « Jésus leur dit ensuite: Avez-vous

compris tout cela? Ils lui répondirent: Oui, maître.

« Mais il leur dit : Tout docteur dans l'Écriture qui est « bien instruit du royaume du ciel ressemble à un père « de famille qui tire de son trésor du vieux et du nouveau. « C'est avec ces paraboles qu'il leur parlait, selon qu'ils « le pouvaient comprendre; et il ne leur parlait point « autrement qu'en paraboles; mais il expliquait tout spé«cialement à ses disciples. » Tel est le sermon sur le lac, que Jésus prêcha la seconde année de sa vie publique, comme il avait prêché la première année le sermon sur la montagne. Il termine ses deux discours par une comparaison semblable sur la docilité à suivre ses paroles. Mais ce sermon n'était-il que pour ses apôtres? Et la foule qui était rassemblée autour de lui ne comprenait-elle rien au sens profond de ces paraboles? Non, sans doute. Celles-ci s'adressaient au peuple, à ceux du moins dont la volonté était bien disposée, et elles ne pouvaient manquer leur but, quoiqu'ils fussent incapables de rendre compte d'une manière rationnelle aux autres de leurs impressions. Tous les événements, tous les détails de la vie en rappelaient le véritable sens à leur esprit; et si l'on avait essayé de les leur expliquer dans un sens contraire, ils auraient assurément rejeté cette interprétation. Il y a des hommes qui savent écrire et parler, et qui pourtant au fond ne savent rien, parce que tout ce qu'ils ont est sur leur langue, et que la semence de la parole n'a jamais pris racine en leur cœur. Il y en a d'autres, au contraire, qui ne savent ni parler ni écrire, mais qui gardent humblement dans leur âme les germes précieux qu'on y a déposés. Ceux qui ont le sens dialectique et didactique peuvent saisir et comprendre parfaitement les choses, et pénétrer dans les profondeurs de sa sagesse divine; ils peuvent ainsi acquérir

des connaissances surabondantes. Mais s'ils se laissent aveugler par l'orgueil scientifique, et s'ils veulent éplucher la parole de Dieu, et la mesurer à leur petite mesure, ils sont bientôt punis de leur présomption: ils tombent dans une étrange confusion d'idées; ils perdent le sens commun et la rectitude de l'esprit, comme nous pouvons le voir, hélas! de nos propres yeux par le triste et douloureux exemple que nous offrent en ce moment les théologiens protestants. C'est pour cela que Notre-Seigneur dit «Faites attention comment vous prenez ces choses; «< car celui qui a l'esprit droit, on lui donnera jusqu'au « comble; mais à celui qui ne l'a pas, on lui prendra « encore ce qu'il croit avoir. »

CHAPITRE XX

La tempête sur le lac.

- Le possédé et les porcs des habitants de Gadara.

«Et il arriva un soir, comme ses disciples avaient «< congédié le peuple, qu'il leur dit : Passons de l'autre « côté de l'eau. Et ils l'emmenèrent avec eux dans la « barque où il était; et il y avait encore d'autres barques « qui le suivirent; et lorsqu'ils furent partis il s'endormit. « Alors un grand tourbillon s'éleva sur le lac; les flots << frappaient contre la barque, qui fut bientôt pleine d'eau. « Les vagues les inondaient, et ils étaient dans un grand « danger mais lui était sur la poupe, dormant sur un « coussin. Ses disciples vinrent alors à lui, et le réveil«<lèrent en criant: Seigneur, sauvez-nous, nous allons

a être submergés! Maître, vous importe-t-il donc peu « que nous périssions? Mais Jésus leur dit : Hommes de « peu de foi, pourquoi êtes-vous si timides? Puis il se «<leva, et dit au vent: Tais-toi; et à la mer: Calme-toi. « Alors le vent cessa, et il se fit un grand calme. Ils « furent saisis d'une grande crainte. Il leur dit alors: « Pourquoi êtes-vous si timides? où est votre foi? Mais << ceux qui étaient dans les autres barques étaient dans la << stupéfaction, et se disaient les uns aux autres : Quel << est-il donc, pour que les vents et la mer obéissent à ses << ordres? >>

« Or ils traversèrent le lac et vinrent sur l'autre rive << dans la contrée des Gadaréens, située en face de la « Galilée. » Ceux-ci avaient en cet endroit des pâturages qui leur étaient communs avec les Géraséniens, leurs voisins. Gadara était située au nord, sur les limites de la Pérée ou de la seconde Falestine, et sur le bord de la rivière nommée Hiéromar ou Jarmuc, à huit milles romains de Tibériade, et à l'est du lac de Gennésareth. La route de Scythopolis à Damas passait par Gadara. Josèphe raconte, dans son livre de la Guerre des Juifs, que cette ville était habitée par un grand nombre de familles opulentes, qui pouvaient ainsi posséder de nombreux troupeaux. La ville de Magdala, située près de Dalmanutha, appartenait aussi aux Gadaréens. Un peu plus haut, au sud, était Gerasa. Ces deux villes faisaient partie de la décapole, et étaient, d'après Josèphe, peuplées en grande partie de païens. Gadara, fondée dans les temps anciens par les Chananéens ou les Phéniciens, et dont le nom signifie château- fort, avait trouvé dernièrement un restaurateur en Pompée, qui, pour faire plaisir à Démétrius de

Gadara, son affranchi, l'avait relevée de ses ruines après qu'elle eut été détruite par les Juifs. Elle était la patrie de plusieurs philosophes connus dans l'histoire, tels que OEnomaüs le cynique, Apsinès, Philodème l'épicurien, Méléagre, Ménippe et Théodore le rhéteur, qui avait été précepteur d'Auguste, l'empereur régnant alors. Cette ville était célèbre encore par ses bains chauds, nommés Chammath. « Trois sources chaudes, nous dit le Talmud « de Babylone, sont restées des eaux du déluge : la source « de Biram, les thermes de Tibériade et le tourbillon de « Gadara. » (Sanhedrin, fol. 108, 1.) Schammath ou Emmaüs était peu éloigné de Magdala et de Gadara. Encore aujourd'hui dix sources chaudes jaillissent près de la ville. Strabon nous raconte (livre xvi) que les animaux, après avoir bu de cette eau, perdaient leurs poils, leurs cornes et leurs griffes, et les porcs leurs soies. C'est pour cela qu'on menait paître les troupeaux un peu plus à l'est. Gerasa était, d'après son étymologie, la Lutèce, ou la ville de boue de la Palestine. Son nom venait de son sol bourbeux et des grasses prairies au milieu desquelles elle était située.

« Comme Jésus descendait de la barque où il était, un « homme, sortant du milieu des tombeaux, accourut « aussitôt à lui. Il était depuis longtemps possédé d'un << esprit impur, et ne pouvait ni être lié par des chaînes << ni garder aucun vêtement sur son corps; car souvent « déjà on avait essayé de l'enchaîner, et de le lier; mais « toujours il avait brisé ses liens et rompu ses chaînes; et « personne ne pouvait s'emparer de lui. Il n'habitait point <«< sous un toit, mais, poussé par le démon dans la soli<«tude, il se tenait jour et nuit dans les cavernes sépul

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